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Monday 01 September, 2025
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Asthme, avortement, pollution : la vague dévastatrice des usines de farine de poissons sur la frange côtière

Auteur: Khady NDOYE

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Le Sénégal est devenu une plateforme stratégique pour la production de farine et d’huile de poisson à destination de l’Asie et de l’Europe. Cette farine est destinée à nourrir le bétail et les poissons d’élevage.  
 
 Cette activité, très lucrative pour les entreprises, est de plus en plus contestée par les acteurs locaux. Ces derniers y voient un pillage des ressources et une menace directe pour leur santé et leur avenir.
 
C'est pour cette raison que la Coalition nationale contre les usines de farine de poisson, en collaboration avec Greenpeace Afrique, alerte sur les effets dévastateurs des usines de farine et d'huile de poissons sur les populations et l’environnement. Après une mission d’observation dans plusieurs zones côtières, (Saint-Louis, Sandiara, Kayar. Ndoukhoura, Joal) les constats sont alarmants : pollution, atteinte à la santé publique, dégradation du tissu économique local.
 
Une enquête de terrain accablante
 
Kaly Ba, chargé de campagne océan pour Greenpeace, a fait état d’une situation critique. "ce que nous avons vu est extrêmement grave. Certaines usines, qui devraient être installées à plus de 500 mètres des habitations, sont collées aux maisons, voire implantées en plein cœur des quartiers résidentiels", affirme-t-il.
 
Selon les témoignages, les nuisances sont multiples. Des rejets toxiques dans l’air obligent parfois les écoles à suspendre les cours. Des habitants disent devoir quitter leur domicile durant les heures de production pour échapper aux émanations. Des cas d’asthme en forte hausse et des avortements spontanés ont également été signalés dans les zones concernées.
 
À Joal-Fadiouth, les populations sont en première ligne dans cette lutte. Mamadou Wagane Faye, membre du collectif "Contre l’usine qui nous tue", dénonce les effets néfastes de l’usine Omega Fishing.
 
"Elle nous tue à petit feu. Elle pollue l’environnement, contamine la nappe phréatique et met nos braves mères au chômage. Ces usines n’ont pas leur place ici. Elles détruisent nos moyens de subsistance et nuisent à la cohésion sociale", lance-t-il.
 
Selon lui, ces installations n’apportent aucun développement durable, mais au contraire aggravent la précarité des communautés de pêcheurs et des femmes transformatrices, jadis piliers de l’économie locale.
 
Un appel à la délocalisation et à l’action de l’État
 
Greenpeace et la Coalition nationale exigent la délocalisation immédiate des usines situées à proximité des habitations, ainsi qu’un audit environnemental rigoureux et indépendant.
 
"Le gouvernement doit prendre ses responsabilités. Ces usines violent les normes environnementales et compromettent la santé des citoyens. Il est temps d’écouter les communautés et de protéger notre littoral", insiste Kaly Ba.
 
Les organisations demandent également une révision du cadre légal encadrant l’implantation et le fonctionnement de ces unités industrielles, qui exploitent intensivement la ressource halieutique sans bénéfice réel pour les populations locales.
Auteur: Khady NDOYE

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