Calendar icon
Sunday 28 December, 2025
Weather icon
á Dakar
Close icon
Se connecter

PATRIMOINE BATI DE L’ETAT ET MAISONS CONVENTIONNEES : Les chiffres d’une gabegie libérale spectaculaire

Auteur: Youssouf SANE

image

L’état dans lequel le régime libéral a légué le patrimoine bâti de l’Etat a son successeur, n’est aucunement reluisant. Au contraire, l’état des lieux réalisé par les nouvelles autorités a révélé une explosion littérale des conventions, dont la facture globale est aujourd’hui, plus qu’exorbitante.

Gabegie. Le terme n’est pas assez fort pour qualifier la gestion libérale du patrimoine bâti de l’Etat, tant l’autorité avait abusé du recours aux conventions, dont le coût global, a littéralement explosé pour atteindre 14,9 milliards de francs Cfa en quelques années. Une situation alarmante, dont le régime de Macky Sall, a hérité et qui a poussé le chef de l’Etat a décrété la semaine dernière en Conseil des ministres le début de la fin des maisons conventionnées et la mise en place d’«un mécanisme adéquat de rationalisation du système» en plus d’un audit détaillé. 

Les conventions coûtent près de 15 milliards 

En effet, l’état des lieux, réalisé par les nouvelles autorités, a révélé toute l’étendue des dégâts causés par le régime précédents. En effet, l’un des éléments révélateurs de cette gabegie, reste être le rythme effréné avec lequel, ledit régime a fait recours à ces conventions hyper coûteuses à l’Etat du Sénégal. Un coût faramineux que les autorités actuelles, en poste à l’Agence de gestion du patrimoine bâti de l’Etat (Agpbe), peinent à pouvoir honorer avec leurs crédits actuels. 

Et dans la répartition de ces 14,9 milliards de francs Cfa, les bureaux conventionnés engloutissent la part la plus importante. Ils occupent les 61% du montant global. Les logements eux, occupent 39% du total. 

1402 conventions contre 551 administratifs 

Et aujourd’hui, en dépit du parc important que l’Etat du Sénégal détient en matière de bâtiments et d’édifices publics, les autorités d’alors ont poussé les conventions à un niveau qui double largement le nombre d’unités de bâtiments administratifs. Car, au moment où l’Etat du Sénégal compte 551 unités de bâtiments administratifs, les conventions s’élèvent à 1 402. Un chiffre inquiétant, qui n’est pas sans conséquences sur nos deniers publics, puisqu’aujourd’hui, c’est 14,9 milliards de francs Cfa qui vont directement dans la location de ces maisons et bureaux. 

Un flou total drape le patrimoine à l’étranger 

Et il faut dire que c’est la région de Dakar qui remporte la palme en ce qui concerne les conventions. Car, en effet, sur un total de 1402 locations, la capitale sénégalaise compte 745 conventions pour un coût de 3,1 milliards de francs Cfa. Soit 85,65% du montant global des conventions. Et de ces 745 conventions situées sur Dakar, 576 sont des logements et 394 des bureaux. Les autres régions accueillent, quant à elles, les 657 autres conventions. Et pour le patrimoine bâti à l’étranger, c’est le flou total. Aucune visibilité. 

Un gap de 11,6 milliards de Cfa 

Et aujourd’hui, ce recours abusif et incontrôlé aux conventions, cause à l’Etat et à l’Agence de gestion du patrimoine bâti de l’Etat, de sérieux problèmes. Car, les crédits alloués pour l’année 2013 à l’Agpbe, qui s’élèvent à 8,8 milliards de francs Cfa, n’ont aujourd’hui pu éponger que les 3,3 milliards de francs Cfa d’arriérés du 2ème trimestre de 2012, les 3,2 milliards de francs Cfa d’arriérés de paiement du 3ème trimestre de 2012 et les 81,6 millions de francs Cfa de paiements individuels. De nos jours, l’agence en charge de la gestion du patrimoine bâti de l’Etat a besoin de crédits supplémentaires d’un montant de 11,6 milliards de francs Cfa afin de pouvoir apurer les arriérés de loyer du quatrième trimestre de 2012 et pour toute l’année 2013. 

Aussi, la comparaison entre les dépenses et les crédits alloués, révèle un déséquilibre important. Car en 2012, sur un montant total de 14,9 milliards de francs Cfa à payer, les crédits alloués se sont élevés à 10, 7 milliards de francs Cfa. En 2011 aussi, 10,7 milliards de francs Cfa de crédits ont été alloués alors que l’agence devait payer en termes de conventions 13,9 milliards de francs Cfa.

LOGEMENTS CONVENTIONNES A DAKAR : C’est 622,7 millions de Cfa par mois, 1,8 milliard de Cfa par trimestre

La récapitulation des logements affectés par l’Etat en 2012 à Dakar a révélé la répartition de ces bâtiments, leurs affectataires et leur coût qui s’élève à 622,7 millions de francs Cfa mensuels et 1,8 milliard de francs Cfa par trimestre. 

Et la rubrique la plus problématique reste celle dénommée «Autres». En effet, ce lot occupe 461 des logements affectés par l’Etat du Sénégal. Et de ces logements, 172 sont des appartements et villas administratifs. Tout le reste, c’est-à-dire les 289, a été conventionné. Ce qui fait de ce lot «fourre-tout», celui qui engloutit le plus les ressources, car coûtant à l’Etat du Sénégal 394,5 millions de francs Cfa par mois. Après cette catégorie d’affectataires, viennent les magistrats qui occupent la seconde position, sur la liste de ceux qui occupent le plus de maisons conventionnées. En effet, sur un total de 174 logements, seuls 19 sont des bâtiments administratifs. Tout le reste, c’est-à-dire les 155 autres, sont des bâtiments conventionnés. Le personnel de la présidence de la République, lui aussi, occupe une bonne partie des bâtiments affectés par l’Etat. Il occupe 77 du nombre total de logements dont 36 ont été conventionnés pour 23 millions de francs Cfa mensuels. 

Les ministres, de leur côté, utilisent au total 26 logements, dont 10 de ces derniers sont des villas faisant partie des bâtiments administratifs et les 16 autres ont été conventionnés. Le tout coûte à l’Etat du Sénégal 20, 6 millions de francs Cfa. Les Inspecteurs généraux de l’Etat (Ige), quant à veux, occupent 17 logements, dont 7 sont conventionnés. L’Etat débourse 9,3 millions de francs Cfa pour leur location.

Auteur: Youssouf SANE
Publié le: Mercredi 14 Août 2013

Commentaires (0)

Participer à la Discussion

Règles de la communauté :

  • Soyez courtois. Pas de messages agressifs ou insultants.
  • Pas de messages inutiles, répétitifs ou hors-sujet.
  • Pas d'attaques personnelles. Critiquez les idées, pas les personnes.
  • Contenu diffamatoire, vulgaire, violent ou sexuel interdit.
  • Pas de publicité ni de messages entièrement en MAJUSCULES.

💡 Astuce : Utilisez des emojis depuis votre téléphone ou le module emoji ci-dessous. Cliquez sur GIF pour ajouter un GIF animé. Collez un lien X/Twitter ou TikTok pour l'afficher automatiquement.