Le ministère américain de la Justice a commencé vendredi à rendre public des centaines de milliers de documents - pour beaucoup caviardés - issus de l'enquête sur le criminel sexuel Jeffrey Epstein, connu pour ses connexions avec des personnalités influentes, y compris Donald Trump.

Les dossiers doivent aider à faire la lumière sur les liens passés de l'influent financier mort en prison en 2019 avec des personnalités du monde des affaires, du spectacle ou encore de la politique.

Après avoir freiné des quatre fers des mois durant, le président Donald Trump a dû reculer sous la pression du Congrès et promulguer une loi contraignant son administration à divulguer les documents vendredi.

Parmi les matériaux publiés, plusieurs photos montrent Jeffrey Epstein en compagnie de l'ancien président démocrate Bill Clinton et d'autres célébrités comme le chanteur des Rolling Stones Mick Jagger.

Y figure également une liste de 254 masseuses, dont les noms sont caviardés avec la notice "expurgé pour protéger la victime".

De larges passages de documents sont ainsi cachés, ce qui, couplé au contrôle strict exercé par l'administration du président Donald Trump sur la gestion de leur publication, fait douter que les tenants d'une conspiration du silence puissent être apaisés.

- Jacuzzi -

Bill Clinton apparaît sur plusieurs clichés, dont l'un le montre allongé dans ce qu'il semble être un jacuzzi, une partie de l'image étant masquée par un rectangle noir.

La Maison Blanche s'est immédiatement emparée de ces apparitions.

"Bill Clinton se détend, sans aucun souci. Il ne se doutait de rien", a réagi sur X Steven Cheung, le directeur de la communication de la Maison Blanche.

Donald Trump avait promis lors de sa campagne en 2024 une totale transparence dans le dossier Epstein mais pendant des mois n'a pas tenu sa promesse, qualifiant l'affaire de "canular" instrumentalisé par l'opposition démocrate, au grand dam de sa base "MAGA", obsédée par ce scandale.

La loi adoptée en novembre par le Congrès imposait au gouvernement de publier l'intégralité des documents non classifiés en sa possession mais le processus se fera par étapes, selon Todd Blanche, le numéro deux du ministère de la Justice.

La publication vendredi de centaines de milliers de documents doit être suivie de centaines de milliers de documents supplémentaires "dans les prochaines semaines", a-t-il dit.

La portée des matériaux publiés reste d'autant plus incertaine que la proximité du financier avec nombre de personnalités mondaines comme Bill Clinton était déjà connue.

Figure de la jet-set new-yorkaise, Jeffrey Epstein est accusé d'avoir exploité sexuellement plus de mille jeunes femmes, dont des mineures. Cette affaire, révélée en 2019, a éclaboussé plusieurs célébrités dont il était proche, dont Andrew, le frère du roi Charles III incriminé par l'une des victimes mais qui clame son innocence.

La mort du financier en prison, avant son jugement, a alimenté d'innombrables théories du complot selon lesquelles il aurait été assassiné pour l'empêcher d'impliquer des élites qui auraient bénéficié de ses crimes. Son décès avait été classé comme un suicide par les autorités.

- "Passé peu reluisant" -

Cette publication partielle a suscité la colère du chef des sénateurs démocrates Chuck Schumer, qui a rappelé que la loi imposait au gouvernement de publier "TOUS les documents" vendredi.

"Ce n'est rien d'autre qu'une opération de camouflage pour protéger Donald Trump de son passé peu reluisant", a-t-il tonné, accusant le gouvernement de "tout faire pour cacher la vérité".

Un temps proche du financier avec qui il évoluait dans les mêmes cercles, Donald Trump a toujours démenti avoir eu connaissance de son comportement criminel et assure avoir rompu avec lui bien avant qu'il ne soit inquiété par la justice.

L'ancienne compagne de Jeffrey Epstein, Ghislaine Maxwell, qui purge une peine de vingt ans de prison, est la seule personne à avoir été condamnée dans l'affaire.

Todd Blanche, numéro deux du ministère de la Justice, a prévenu vendredi qu'il ne fallait pas s'attendre à de nouvelles inculpations.