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Benno ou l’unité impossible ?

Auteur: Souleymane Jules DIop

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L’homme qui n’est pas intérieurementpréparé à la violence est toujours plus faibleque celui qui lui fait violenceSOLJENITSYNE
Les divagations mentales d’Abdoulaye Wade, ses humiliantes attaques contre ses adversaires, ses mensonges flagrants et son insoutenable légèreté, motivés par sa seule volonté d’occuper l’espace médiatique, ne doivent pas nous faire oublier qu’en fin de semaine prochaine, se joue l’avenir de la coalition de Benno. Nous voilà arrivés  à une étape cruciale et décisive où il faudra qu’Ousmane Tanor Dieng et Moustapha Niasse se disent ou se dédisent. Il va falloir qu’ils prouvent à l’opinion que cette longue attente, ces différents reports ne servaient pas qu’à retarder l’échéance pour ne pas assumer les conséquences politiques de l’échec de leurs négociations. Ils ne peuvent pas de nouveau différer leurs délibérations sans lasser l’opinion et se discréditer. Le secrétaire général du Ps avait lui-même donné la date du 15 octobre, prévue par la commission chargée de la candidature unique pour révéler le nom de celui qui représentera Benno à la prochaine élection. Trois mois nous séparent du début effectif de la campagne électorale, et le règlement de cette question est un préalable à la mise en place d’une équipe de campagne, de structures départementales, à la désignation de 12 000 représentants dans les bureaux de vote, à l’entente sur un programme politique, sur une stratégie de campagne. Ensuite viendront les discussions sur la constitution du budget de campagne, sa gestion, sa répartition dans les différents départements. Pour y parvenir, il faudrait surtout que des hommes qui n’ont fait que se haïr par le passé apprennent à travailler ensemble pour gagner ensemble.Les électeurs du Benno, qui dépassent en nombre les partisans des deux leaders pris séparément, s’accrochent encore à l’espoir les deux candidats à la candidature surmonteront leurs passions et que la raison finira par prévaloir. Le problème justement, le vrai problème, tient au fait que chacun des protagonistes trouve sa raison la meilleure, quant aux critères qui doivent présider au choix de ce candidat. Les responsables du Parti socialiste assurent qu’ils ont le parti le plus représentatif de l’opposition, toutes élections confondues, le mieux implanté et que tous les critères de représentativité militent en sa faveur. Ils ajoutent qu’à la dernière présidentielle, il est arrivé en troisième position, doublant le score de son suivant immédiat qui était Moustapha Niasse. C’est absolument vrai. Mais ils perdent de vue la nature de cette élection. Ils oublient qu’une élection présidentielle est celle d’un homme et non celle d’un parti. Le Ps a un meilleur parti, mais Moustapha Niasse présente incontestablement un meilleur profil. C’est la déclaration que mes amis socialistes ne me pardonneront pas. J’évoquais avec un responsable de ce parti la lente mue d’Ousmane Dieng, confessant que peut-être, nous avons eu tort de n’avoir pas cherché à mieux le connaître et avons commis l’outrecuidance de lui imputer la responsabilité de 40 ans d’échecs répétés. Nous en parlions au moment où il a eu la brillante idée d’organiser des primaires dans son parti, pour obliger Khalifa Sall à le défier ou à se soumettre. J’ai noté cette évolution positive et cette manœuvre intelligente, qui ne me font pas oublier la récente caution qu’il a apportée au putsch perpétré par Laurent Gbagbo et son implication dans la gestion désastreuse des dernières années du régime Ps.Toujours est-il que le Parti socialiste, pour avoir bien profité de la longue période de parti unique, du clientélisme politique et des rouages de l’administration pour s’implanter pendant 40 ans, reste bien représenté partout dans le pays. Il fera un meilleur score que l’Afp, si les deux partis présentaient chacun son candidat. Le problème est que celui du Ps ne gagnera pas une voix de plus chez tous ceux qui veulent voter l’unité et il n’aura pas une masse électorale capable de le porter au second tour. Les électeurs indépendants pensent qu’il est un peu trop tôt pour faire revenir le Ps au pouvoir et que Moustapha Niasse a un profil moral plus intéressant pour fédérer autour de sa personne. Mais ils ne sont pas assez nombreux pour assurer une victoire du leader de l’Afp, qui n’a malheureusement pas pris assez de temps pour restructurer son parti et rendre attractif, occupé par ses missions internationales.  C’est ce que disent tous les sondages réalisés depuis deux ans. Nous pouvons douter des résultats quand ils ne présentent pas toutes les garanties de fiabilité, comme ceux publiés hier. Mais tous les sondages ne peuvent pas mentir. Il y en a un parmi eux qui dit vrai et ils disent tous la même chose sur un point : Ousmane Dieng et Moustapha Niasse n’ont aucune chance quand ils se présentent séparément, ils ont des chances quand ils y vont unis. La raison est qu’il y a de nombreux électeurs qui ne sont ni pour l’un ni pour l’autre candidat, mais qui sont pour les deux quand ils ne font qu’un.Pourquoi l’opposition réunie au sein de Benno présente-t-elle si peu d’intérêt ? Parce que les Sénégalais exècrent Abdoulaye Wade, mais ils ne veulent pas du Ps. La bonne tenue d’Abdoulaye Wade, avec ses 25% -un miracle au vu des souffrances qu’il continue d’infliger aux Sénégalais- est liée au fait qu’une partie significative de l’opinion continue de penser que malgré tout, il a à son actif quelques réalisations tangibles, ce que le Ps n’a pas réussi en quarante ans. L’électorat effrayé porte encore sur son corps meurtri les stigmates de 20 ans d’ajustement structurel, de l’arrogance administrative des héritiers de Senghor. Les électeurs veulent une troisième voie entre Abdoulaye Wade et l’ancien régime socialiste. C’est pourquoi Idrissa Seck et Macky Sall séduisent tant. Tout en se distinguant d’Abdoulaye Wade, ils se démarquent des représentants de l’ancien régime.C’est sans doute conscients de cette réalité complexe que les responsables de « Benno alternative » ont pensé à une candidature issue de la société civile. Ibrahima Fall a pensé l’incarner, mais il est arrivé trop tard, manque d’expérience politique et de moyens, nécessaires quand on veut gagner une élection nationale. Moustapha Niasse aurait pu représenter cette alternative, mais il a laissé trop d’occasions lui échapper. Idrissa Seck et Macky Sall séduisent parce qu’ils sont à la fois jeunes et expérimentés, dans une campagne où, en raison des errements d’Abdoulaye Wade, l’âge est devenu un handicap. Beaucoup diront qu’ils ont pris une part active dans la gestion libérale. C’est un fait. Mais cette perspective fait moins peur que le retour de l’ancien régime socialiste, aux yeux des électeurs.Malgré ce qui vient d’être dit, il faut espérer que le miracle se produise. Ce n’est pas la candidature unique qu’il faut espérer, puisque Macky Sall et Cheikh Bamba Dièye se sont déjà déclarés candidats et Landing Savané manifeste la même intention. Mais que Moustapha Niasse et Ousmane Tanor Dieng se mettent ensemble, soutenus par l’ancienne gauche communiste représentée par le Pit, la Ld et le Msu. C’est une condition minimale.

PS : J’ai dénoncé avec toute la fermeté requise, le siège de la maison du juge Cheikh Tidiane Diakhaté. C’est un acte irréfléchi qui dessert notre cause, nous tous qui voulons inscrire notre combat dans la légalité et le respect des institutions de la République. Mais rien ne peut justifier l’arrestation et l’emprisonnement du jeune leader de Convergence socialiste.

Auteur: Souleymane Jules DIop
Publié le: Jeudi 13 Octobre 2011

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