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ABDOULAYE WADE, PRÉSIDENT DU SÉNÉGAL ET CANDIDAT À SA SUCCESSION : « On parle souvent de mon âge en oubliant que le chef de l’opposition Mahtar Mbow est plus âgé que moi d’au moins 6 ou 7 ans»

Auteur: RFI

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Monsieur le président, nous sommes à environ un mois du démarrage de la campagne électorale au Sénégal. Des rumeurs ont couru sur votre état de santé. Et-ce que vous vous sentez prêt, personnellement, à affronter cette campagne ? 
Jugez vous-même. Je me sens très bien pour faire une bonne campagne électorale. A la fin du mois de janvier, vingt-neuf jours avant le premier tour du scrutin, le Conseil constitutionnel aura à se prononcer sur la validité de votre candidature, une candidature qui continue à faire 
polémique ici au Sénégal. 

Que ferez-vous si le Conseil constitutionnel décide de l’invalider ? 
Parlons-en, de cette candidature. Depuis plus de deux ans, la stratégie de l’opposition a été : il faut tout faire pour que le président Wade ne se présente pas. C’est quand même paradoxal ! Nous sommes dans une république démocratique. Un citoyen a le droit de se présenter autant que la Constitution le lui permet ! Mais sachant parfaitement qu’ils ne peuvent pas faire le poids devant moi, ils ont tout fait pour que je ne me présente pas. Ils ont d’abord fait toutes les charmes en disant : vous êtes le père de tout le monde, etc. Ensuite ils ont fait des pressions par des 
manifestations de rue, vous croyez que c’est la démocratie ça, faire des pressions de rue pour pousser quelqu’un à ne pas se présenter à une élection. Ils ont brulé, pendant toute une journée, des maisons, ils ont fait beaucoup de dégâts simplement parce que c’est une stratégie qui est dynamique : quand ça ne matche pas ils changent ; A un moment donné ils ont essayé de convaincre mes amis de l’occident aux Etats Unis, en France que si jamais je déclare seulement ma candidature, le Sénégal sera à feu et à flamme. Et c’est ça qu’ils ont voulu prouver et qui les a amenés à faire des violences ; mais ça n’a pas marché puisque j’ai été présenté par mon parti et par la coalition qui me soutient et ils ont dit maintenant voilà c’est le jour des élections que tout va brûler. Mais ça ne brûlera pas, rien brûlera du tout parce que nous sommes un Etat organisé, un gouvernement. Nous prendrons toutes les dispositions (…) Ils nous ont surpris une fois le 23 juin parce que nous nous y attendions pas, mais maintenant je peux vous assurer, c’est fini, c’est terminé (…) 

Je vous repose ma question, monsieur le président. Si le Conseil constitutionnel invalide votre candidature… 
Mais écoutez, moi je respecterai la décision du Conseil constitutionnel. Mes décrets comme dans toute démocratie parfois sont cassés par le Conseil d’Etat, mais j’accepte. Ça ne me pose aucun problème ! J’ai suffisamment fait pour ce pays et pour l’Afrique. Si je devais me retirer, je me retirerai en beauté ! Seulement, le problème, c’est que j’ai le sentiment que j’ai encore une mission à terminer au Sénégal. Et je crois que c’est le sentiment de la majorité des Sénégalais. Maintenant que certains pensent utiliser des voies autres que la démocratie pour arriver au pouvoir, c’est regrettable. 

Est-ce que vous craignez un embrasement, on a entendu des gens de l’opposition se… 
Je vous garantis, il n’y aura pas d’embrasement. Tous les jours ils disent qu’il va y avoir un embrasement, c’est fini. 

Certains parlent de milices, de nervis qui prennent les choses dans la rue. Est-ce que pour la démocratie, ce n’est pas quelque chose de négatif ? 
Ecoutez dans cette affaire vous savez la légitime défense, ça existe. Alors croire qu’ils vont se lancer dans les rues, casser, brûler sans la réaction des populations et sans la réaction de mon parti, je le dis très franchement, c’est se faire des illusions. On ne laissera pas détruire le Sénégal. 

Donc vous pensez être réélu dès le premier tour ? 
Absolument ! Sans aucun problème ! Ils ne font pas le poids devant moi, quand même ! Je pars dans un combat sans rival pratiquement. 

Il y a une autre personnalité qui s’est lancée très récemment. C’est Youssou N’Dour. Quelle est votre réaction à sa candidature ? 
Je lui souhaite beaucoup de chance. C’est tout ce que j’ai à dire. 

Vous ne voulez pas en parler ? 
Non. Absolument pas. 

Monsieur le président, dans vos voeux vous avez parlé de gouvernement de large union nationale Est-ce que ça veut dire que si vous êtes réélu, comme vous l’espérez, vous allez gouverner différemment, et si oui comment ? 
Différemment non, parce que ma façon de gouverner a donné d’excellents résultats que tout le monde constate, tous ceux qui sont de bonne foi. Mais j’élargirai le gouvernement, j’élargirai la majorité. Pourquoi ? Parce que ces élections qui viennent, constituent un turning point dans l’histoire du Sénégal. Puisque tous les hommes politiqués âgés, comme moi – ou l’opposition, parce que nous sommes de la même génération hein, on parle souvent de mon âge en oubliant que le chef de l’opposition est plus âgé que moi, Mahtar Mbow est plus âgé que moi d’au moins 6 ou 7 ans, il est vrai qu’en Occident on ne comprend toujours pas les avantages d’être un homme âgé et en bonne santé parce qu’on représente la sagesse, on est une référence etc. Alors donc les prochaines élections, l’hypothèse la plus probable est que je gagne. Cela veut dire quoi ? Cela veut dire que tous ces gens de ma génération, vont être remplacés par les jeunes générations, dans leur parti. Ça c’est une réalité, ils ne vont pas encore attendre pendant 7 ans (…) Finalement je serai le seul de ma génération à la tête du Sénégal. Alors qu’est-ce que je vais faire ? Je vais préparer la même génération dans mon parti, à disputer le pouvoir je ne sais pas quand. Si je dois partir j’organiserai des élections libres et démocratiques, d’ailleurs je ne serai pas ici si j’organise des élections, je peux être ici si la constitution le permet, mais je ne serai pas ici, je serai en dehors du Palais et on organisera des élections, mais ces élections vont se dérouler entre des Sénégalais 
de la même génération, du pouvoir et de l’opposition. Les dinosaures comme eux et moi, nous serons en dehors du système politique. Ça veut dire que ce sera une alternance générationnelle. Il se trouve que ma mission aujourd’hui, c’est de préparer une alternance, non pas un Samba qui remplace un Demba, mais ce sera générationnel, ce sera quelque chose de tout à fait nouveau. Parce que nous autres, nous trainons des conflits que nous avions quand nous étions étudiants en France, c’est ça que nous trainons ici, les marxistes, les nationalistes, les libéraux. Alors tous on sera en dehors de la scène politique et les nouvelles générations quand je regarde, ceux de l’opposition, du Parti socialiste et ceux qui sont chez moi, ils n’ont pas ces problèmes idéologiques que nous, nous trainons. Donc ce sera un autre Sénégal, un Sénégal de technocratie, de compétence et non plus un Sénégal de gens qui font des discours politiques sans absolument aucun contenu. Une question sur la Casamance, monsieur le président : on a assisté ces dernières semaines, à une recrudescence des attaques sur des positions militaires par le MFDC. 

Si vous êtes réélu, qu’est-ce que vous proposez pour résoudre cette crise de la Casamance ? 
Je vais vous dire une chose. J’avais dit à l’époque quand j’étais élu pour la première fois, qu’il y en avait pour quelques mois, pour résoudre le problème. Je le croyais. Monsieur Diouf le croyait, le commandement militaire le croyait aussi. Et ils (les militaires) sont venus me dire à l’époque quand j’étais ministre d’Etat et avec l’assentiment de M. Diouf : M. le ministre d’Etat, nous considérons que vous êtes le seul à pouvoir résoudre le problème de la Casamance et c’est vrai, je me promenais librement en Casamance, mes militants aussi. Un des chefs de guerre était un ancien président d’un des secteurs de mon parti, donc j’avais le contact direct avec les gens du maquis qui me permettait de penser que je pouvais y arriver. Malheureusement, ça n’a pas été le cas, parce que il y a toujours ce monsieur Salif Sadio, qui était soutenu par Laurent Gbagbo, parce qu’il est parti en Côte d’Ivoire. Il a séjourné là-bas deux ou trois fois, financé, armé. Et c’est lui qui nous cause le plus de problèmes aujourd’hui. Mais si je suis réélu, je vais m’efforcer véritablement de résoudre la question. Il est hors de question d’internationaliser ce conflit qui est un conflit local, national. Mais je connais les gens de Sant’Egidio parce que j’ai travaillé avec eux quand j’étais dans l’opposition et quand je faisais des missions de réconciliation et de conciliation et j’ai demandé qu’ils viennent pour être des facilitateurs, en quelque sorte, entre le gouvernement du Sénégal et la tendance de Salif Sadio, pour qu’on arrive à régler cette question. Nous avons été souvent à deux doigts de récupérer les armes du Mfdc. Parfois ils nous ont dit quel jour on vous donne les armes et on a même préparé un camp avec des chambres pour qu’ils puissent venir mais cela n’avait pas fonctionné, mais j’ai continué toujours à faire en sorte que la paix puisse s’installer en Casamance. Je ne désespère pas. 

Laurent Gbagbo est aujourd’hui devant la Cour pénale internationale à La Haye. Quelle impression cela vous fait, quand vous voyez cette image de Laurent Gbagbo à la Cour pénale internationale en Europe ? 
Laurent Gbagbo a cultivé la violence. Je ne sais pas si vous vous rappelez, il y a quelques années, il y a eu beaucoup d’exactions contre les Burkinabè, les Burkinabè qui font au moins 30 % de la population de la Côte d’Ivoire. Il s’est lancé dans la violence. Battu aux élections, il a refusé d’obtempérer, avec tout ce que ça a entraîné. Maintenant, il est poursuivi par une juridiction internationale. Par conséquent, il faut laisser cette juridiction poursuivre son travail. 

Justement, Monsieur le président, en janvier l’Union africaine aura à se pencher à nouveau sur le dossier Hissène Habré. Vous savez qu’il y a deux solutions, actuellement envisagées : l’extradition vers la Belgique, un éventuel départ vers le Rwanda. Quelle est selon vous la meilleure solution? 
La cour d’appel de Dakar est actuellement saisie d’une demande de la Belgique. Et incessamment, elle va transférer la question. Et très probablement, Hissène Habré va être renvoyé en Belgique. Je ne l’aurais pas fait avant, si je n’avais pas l’aval de l’Union africaine. Mais l’Union africaine nous dit, me dit, que c’est une possibilité. Et donc si la cour d’appel décide de l’extrader, je l’extraderai. 

Donc juste en deux mots : vous êtes prêt, si les formes sont respectées, à ce qu’il aille en Belgique ? 
Absolument, parce que je suis couvert par l’Union africaine
RFI
Auteur: RFI
Publié le: Samedi 07 Janvier 2012

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