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Il est bien fini

Auteur: Souleymane Jules DIop

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«Les berneurs ne cessaientni leurs besognes,ni leurs éclats de rire»CERVANTES
Personne ne peut dire, avec exactitude, ce qui se passera pendant cette semaine qui nous sépare de la présidentielle et qui en sortira vainqueur. Mais tout ce qu’Abdoulaye Wade a voulu sauver en se présentant à cette élection, tout ce qu’il ne voulait pas voir, ne voulait entendre qu’enveloppé sous son drap de percaline se produit déjà : la déchéance de son parti, la fin des illusions de son fils et finalement, sa disgrâce. Il faisait de sa bonne image sa plus grande préoccupation, il a fini par perdre l’estime et le respect de la communauté internationale, de ses concitoyens qui le défient jusque dans son patelin de Kébémer.  Le Pds surtout, qu’il voulait voir au-delà de 50 ans au pouvoir, n’existe plus que de nom. Dans les quelques grandes villes où il avait réussi à s’imposer aux dernières élections locales, la politique de la division a eu raison de l’unité des ses troupes, qui sont en pleine débâcle. Dans les rares villes conservées en mars 2009, à Ziguinchor comme à Kédougou, il n’a plus la force de retenir ses lieutenants. Les bastions tombent les uns après les autres, bien avant l’épreuve finale, qui sera la plus  rude de ses batailles. Mais ce qui surprend le plus dans cette campagne électorale étonnante, c’est que quelle que soit la faiblesse de la mobilisation contre le candidat sortant auto-proclamé, elle ne rencontre en face aucune force qui lui soit opposée, mais des «forces de l’ordre». Abdoulaye Wade ne compte plus que sur son ministre de l’Intérieur et sa police pour pallier son impopularité et se maintenir au pouvoir. Son parti se désagrège sous ses yeux, ses grands souteneurs qui se laissaient fasciner par son grand «génie» sont de plus en plus épouvantés par ses coups de colère incontrôlés et ses humeurs changeantes.Quand elle a appris la défection de Mamadou Makalou, son épouse n’a pas arrêté de proférer des injures, rappelant tout ce qu’elle a fait pour «ce macaque». Mais le président de la République s’est montré étonnamment lucide, lui rétorquant devant quelques témoins : « Ce n’est pas le macaque qui m’a poussé à me présenter. Tu devrais te taire. »La peine qu’il s’est donnée pour violer la Constitution, le risque qu’il a pris de se mettre à dos la communauté internationale, le respect qu’il a perdu, l’opinion qu’il affronte et la campagne éprouvante qu’il a engagée au péril de sa santé, au lieu d’unifier ses troupes, les divisent davantage. Il avait consenti cet énorme sacrifice pour imposer son fils à la tête du pays. Ce projet, qu’il a planifié et voulu exécuter, est devenu obsolète et a réussi à réunir tout le pays contre lui. Karim Wade, qui a multiplié les provocations ces derniers mois à la tête de sa « Génération du concret», est incapable de venir à son secours. Mais en plus de perdre son fils, Abdoulaye Wade s’est lui-même perdu. Un second tour est devenu inéluctable et hante ses nuits. Il signifierait un retour en campagne pour ce vieil homme, alors que celle qu’il vient d’engager s’avère éprouvante, malgré les moyens aériens mis à sa disposition. Le président de la République a conscience qu’il lui faudra faire face à de nombreuses défections qui ruineront toutes ses chances de se faire réélire. Son entourage immédiat ne se fait plus aucune illusion sur ce point. « Même en forçant, nous ne ferons que retarder la fin d’une année ou deux, mais tout le monde doit se rendre compte que c’est fini. Même si on ne le laisse pas tomber, il va tomber tout seul, il est trop vieux », entonnent maintenant des membres de son directoire résignés, qui disent comprendre «l’agacement» du président de la République, qui ne peut plus compter sur ses amis et qui est incapable de reconnaître ses ennemis. Heure après heure, le vieux candidat est traqué partout, chassé à coups de cailloux sous le regard impuissant de sa garde pléthorique. Le dernier tour que le magicien va s’offrir ? Chez les guides religieux, en mettant à leur disposition l’argent frais du contribuable, pour qu’ils appellent à voter en sa faveur, ce qui ne suffira pas pour sauver sa peau.Tous nos partenaires au développement, les Etats-Unis et la France en tête, lui ont fait clairement savoir qu’ils veilleront scrupuleusement à la sincérité du scrutin et au respect des droits des populations à se choisir leur président. Pour eux donc comme pour tous les Sénégalais sensés, il est impossible qu’Abdoulaye Wade puisse gagner au premier tour. C’est pourquoi certains membres de son entourages ont préféré s’envoyer en mission à l’étranger ce jour-là.Je ne vais pas terminer sans évoquer l’appel de Cheikh Bamba Dièye pour la suspension de la campagne électorale, ce qui signifierait donc, le report l’élection présidentielle. Je noterai que tout ce qu’il rappelle de macabre à notre souvenir, la mort de Me Babacar Sèye, les violations répétées de la Constitution, la candidature auto-proclamée d’Abdoulaye Wade, il le savait avant de s’engager dans cette campagne. S’il était, comme il le prétend, le candidat le plus aimé des sénégalais, il n’en arriverait pas à faire son appel désespéré dans un petit salon entouré de quelques fidèles. Son élection à la Mairie de Saint-Louis, obtenue grâce au soutien de la coalition Benno Siggil Sénégal, lui était montée à la tête et c’est bien l’impression qu’il donnait, quand il faisait montre de son arrogance sans borne, au moment de rompre avec ses anciens alliés pour déclarer sa candidature.Voilà donc ce qu’est devenu le vaillant chevalier prêt à fondre sur l’ennemi, la lance basse, bien résolu à le traverser d’outre en outre, comme dirait Miguel de Cervantes de son Don Quichotte. Il avait trahi ses alliés pour tôt s’occuper d’Abdoulaye Wade, le seul chevalier auquel il pouvait se mesurer. Voilà donc à quoi nous appelle Cheikh Bamba Dièye au sol, à quatre pattes, tout ce qu’il a pu faire de sa témérité, la chose la plus sotte qui se pût imaginer.

SJD

Auteur: Souleymane Jules DIop
Publié le: Jeudi 16 Février 2012

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