L’autre jour, en bon Sénégalais curieux, je me suis offert une balade devant notre cher Palais présidentiel, espérant, qui sait, entrapercevoir la famille présidentielle en train de tailler les rosiers ou de siroter un bissap sur le balcon. Que nenni ! Pas l’ombre d’un président, pas même un cousin éloigné. En revanche, ce que mes yeux ébahis ont capté, c’est l’état lamentable de la façade. Loin de moi l’idée de jeter la pierre au nouveau régime – ils viennent à peine de déballer leurs valises. Mais tout de même, cette bâtisse, censée être l’écrin de notre nation, a l’air d’avoir passé trop de nuits à la belle étoile.
La peinture, jadis d’un blanc éclatant, tire maintenant sur un jaune douteux, genre "moutarde oubliée au fond du frigo". Des taches noirâtres s’étalent un peu partout, comme si le bâtiment avait décidé de se tatouer tout seul. On m’objectera, avec cet air docte qu’on maîtrise si bien, que "les finances sont dans le rouge" ou que "les priorités sont ailleurs". Évidemment ! Le misérabilisme façon Guy Marius est à la mode.
Ce Palais, c’est la Maison Blanche du Sénégal, la demeure de celui qui porte nos rêves (ou nos dettes, au choix). Les grands de ce monde y défilent, et là, on leur offre une façade qui crie "budget zéro, entretien négatif" ?
J’ai failli dégainer mon téléphone pour immortaliser de près ce chef-d’œuvre de décrépitude, mais les gardiens, avec leur air de dire "t’approche, je te confisque ton âme", m’ont vite calmé. Alors, chers compatriotes, je vous invite à une promenade dominicale autour du Palais. Allez constater par vous-mêmes : l’ancienne demeure de Senghor, Diouf, Wade et Sall a la mine d’un vieux tonton qu’on a oublié de retaper. Un coup de peinture, un peu d’amour, et hop, redonnons-lui fière allure. Parce que, soyons honnêtes, un Palais qui ressemble à une ruine, c’est un peu comme un président en tongs : ça fait désordre.
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