Jusqu’ici, il a été présenté comme un premier ministre investi de l’essentiel des pouvoirs présidentiels. Certains étaient même convaincus que Ousmane Sonko gérait les affaires internes pendant que le président Diomaye Faye s’occupait de la diplomatie. Mais à la lumière de sa dernière sortie, on se demande si Ousmane Sonko est aussi puissant qu’on le pensait. N’est-il pas finalement un premier ministre faible. Doublement faible d’ailleurs.
D’abord en tant qu’humain. Avec tout ce qu'il a vécu surtout entre 2021 et 2024, on croyait Sonko assez carapacé pour faire face aux attaques de ses adversaires politiques. Mais à écouter, le leader du Pastef, on découvre un homme assez vulnérable à l’adversité. Et pourtant, aujourd’hui le Pastef est presque sans opposition. En dehors des poids-plumes comme Thierno Alassane Sall, Thierno Bocoum ou Pape Djibril Fall, auxquels il faut ajouter les journalistes néo-politiques comme Madiambal Diagne, Yoro Dia et autres, le champ est presque libre pour Pastef.
A moins que les vrais adversaires ne se trouvent dans les médias et les réseaux sociaux avec des titres de chroniqueur, tik-tokeur ou youtubeur. Et pour l’instant, ça semble bien être le cas avec les arrestations de Bachir Fofana, Abdou Nguer et autres Badara Gadiaga. Le Pastef a été champion des réseaux sociaux pendant des années. Aujourd’hui, son leader semble sensible aux critiques et attaques venues des réseaux sociaux. Sonko dit être la principale cible des adversaires politiques du Pastef. Et pendant ce temps, son parti est resté amorphe, regrette Sonko. « Pourquoi notre parti n’a aucune réaction face à cette situation ? », se demande-t-il, alors qu’ils ont la majorité. Sonko se sent délaissé par les responsables du parti qui sont déjà dans la jouissance. Il accuse même certains de créer des clans. Il se plaint d’être attaqué de toute part, d’être désigné comme le commanditaire de toutes les actions de répression pendant que le président Diomaye Faye lui est épargné. Bref, lui est le méchant, le vindicatif et Diomaye Faye le gentil, le sage. Une dichotomie qu’il ne supporte plus.
L’autre faiblesse de Sonko est instutionnel. Contrairement à ce qu’on pensait, Ousmane Sonko n’est pas un premier ministre super puissant. Beaucoup d’acteurs politiques et porteurs de voix ont demandé à plusieurs reprises au président Bassirou Diomaye Faye de démissionner puisqu’il a laissé ses pouvoirs à Ousmane Sonko.
Pourtant, dans son discours, on perçoit que le Pm n’a pas tous les pouvoirs qui lui sont attribués par l’opinion. Ousmane Sonko serait même un PM avec une marge de manœuvre limitée. Sur les attaques dont il estime être l’objet, il dit avoir alerté le chef de l’Etat plusieurs fois, en vain. « Il peut mettre un terme à tout cela dès qu’il le voudra. Pourquoi il ne l’a pas fait ? C’est une autre question », s’offusque-t-il. Le PM pense que s’il était président, il ne serait pas attaqué à ce point. Sonko veut que Diomaye Faye agisse d’une certaine manière, mais il n’a pas l’emprise sur le chef de l’Etat. C’est du moins ce qui transparaît de sa sortie. Sonko rappelle d’ailleurs que l’une des techniques du système consiste à éloigner le chef de l’Etat de sa base politique pour le faire entourer par des gens qui se disent commis de l’Etat et qui proclament leur maîtrise de l’appareil d’Etat.
Diomaye Faye est-il sur le point d’être écarté de sa base ? On peut bien le croire à travers le discours de Sonko. Ainsi, à défaut de se faire entendre par le chef de l’Etat, Ousmane Sonko dit avoir évoqué la question dans le cadre du parti, au bureau politique. Sans succès. Finalement, le leader du pastef, ‘’tout puissant’’ premier ministre a été obligé de porter presse dans l’espoir de se faire attendre.
Entre les lignes, Sonko accuse Diomaye Faye de se protéger tout en le laissant à lui-même, face aux attaques. Si on ajoute à cela sa réaction face à la décision de la justice dans le dossier l’opposant à Mame Mbaye Niang, on comprend aisément que Sonko n’est pas le puissant PM que Diomaye Faye voudrait avoir à ses côtés.
Le chef du gouvernement peut avoir la main sur certains secteurs comme l’administration, l’économie, l’agriculture et autres. Mais on sent à travers son discours que certains domaines lui échappent, en particulier la justice et sans doute la défense et la sécurité, mais aussi certaines nominations. C’est pourquoi l’homme voudrait d’abord avoir un parti-Etat dont il serait le patron pour ensuite dérouler. D’où ses phrases : « qu’on me laisse gouverner ». « Si j’étais là où je devais être ». Un message destiné plus au président Diomaye Faye, sans que son Pm ne lorgne son fauteuil.
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