Commerce mondial et finance : le diagnostic de la CNUCED
Le dernier Rapport sur le commerce et le développement publié par la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement met en garde contre un déséquilibre de plus en plus marqué entre la sphère financière et l’économie réelle. Selon l’institution, la montée en puissance de la finance, souvent déconnectée des dynamiques productives et commerciales, fragilise la stabilité de l’économie mondiale et accentue les vulnérabilités structurelles des pays en développement. Cette dissociation croissante est présentée comme l’un des facteurs majeurs de l’incertitude économique actuelle.
La CNUCED anticipe un ralentissement de la croissance mondiale à 2,6 % en 2025, après plusieurs années déjà marquées par des performances modestes. Ce tassement est attribué à la volatilité persistante des marchés financiers, aux tensions géopolitiques et à la dépendance accrue du commerce international aux conditions monétaires restrictives dans les grandes économies. La hausse prolongée des taux d’intérêt et les mouvements rapides de capitaux renforcent la fragilité des chaînes commerciales, en particulier pour les pays les plus exposés aux chocs externes.
Le rapport souligne un paradoxe structurel. Les pays du Sud contribuent de plus en plus à la production mondiale et au commerce international, mais continuent de subir des conditions de financement défavorables. Les coûts élevés du capital, la faible profondeur des marchés financiers locaux et l’accès limité aux devises internationales réduisent leur capacité à tirer pleinement profit de leur insertion commerciale. Cette situation limite les investissements productifs et freine la montée en gamme des économies en développement.
À ces contraintes financières s’ajoute une exposition accrue aux chocs climatiques, qui affectent directement les capacités productives, les infrastructures et la sécurité alimentaire. La CNUCED insiste sur le fait que ces vulnérabilités climatiques amplifient les déséquilibres existants en augmentant les besoins de financement tout en réduisant la marge de manœuvre budgétaire. Les pays en développement se retrouvent ainsi confrontés à un cercle de dépendance entre chocs exogènes, contraintes financières et ralentissement du commerce. Face à ce diagnostic, l’institution plaide pour des réformes ciblées de l’architecture financière et commerciale internationale. Elle appelle à restaurer davantage de prévisibilité dans les flux financiers, à réduire la vulnérabilité liée aux cycles de liquidité mondiaux et à mieux aligner les règles du commerce et de la finance avec les objectifs de développement durable. Pour la CNUCED, seule une réorientation des priorités internationales vers l’investissement productif et la résilience permettra de rééquilibrer durablement la relation entre finance et commerce.
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