Moustapha Diakhate
Le président du groupe parlementaire Benno bokk yakaar (Bby), Moustapha Diakhaté, projette de proposer une loi consacrant trois jours fériés pour la Tabaski. Il souhaite que la veille, le jour et le lendemain de fête soient chômés et payés.
« C’est une idée que j’ai émise et soumise à la réflexion de l’opinion, prévient le chef de file des députés de la majorité. J’en parlerai à qui de droit et si l’applicabilité de la proposition est forte, avec des députés nous allons faire une proposition de loi dans ce sens. »
Mais avant qu’elle ne rentre dans le circuit parlementaire, l’initiative fait débat. Certains syndicalistes la jugent inopportune tandis que les économistes et les chefs d’entreprises la considèrent comme nocive pour la productivité au travail et la croissance.
« Ce n’est pas notre priorité, fait savoir Mody Guiro, le secrétaire général de la Cnts. Notre priorité, c’est l’emploi, le coût de la vie, la retraite… » Le coordonnateur du Fsa, Sidya Ndiaye acquiesce : « Cette proposition n’est pas venue à point nommé. Aujourd’hui, nous sommes en urgence sociale. Il vaut mieux motiver les travailleurs que les encourager à la paresse. Il y a déjà assez de fêtes. »
À ces réactions hostiles à la proposition de Diakhaté, relevées par L’Observateur dans son édition de jeudi, s’ajoute celle, pas plus approbatrice, du président du Conseil des entreprises du Sénégal, Babacar Diagne. « C’est une proposition politicienne, irréfléchie, assène-t-il dans L’AS de ce vendredi. Moustapha Diakhaté ne maîtrise pas les impacts économiques sur les agrégats économiques et la productivité des entreprises, etc. »
Ce qui n’est visiblement pas le cas de l’économiste Meïssa Babou. Qui indique chaque jour férié induit une perte de points de croissance. Et pour le Sénégal, le manque à gagner se chiffre entre 6 et 7 milliards par journée chômée et payée. Meïssa Babou recommande de profiter d’un événement pour booster l’activité économique sans « annihiler les effets positifs de la fête en augmentant les jours fériés ».
Une étude de la Direction de la prévision et des études économiques (Dpee), reprise par L’AS, renchérit : « Les jours fériés peuvent avoir des effets positifs sur l’activité économique. La célébration de fêtes religieuses est souvent l’occasion d’une hausse significative des dépenses de consommation des ménages. Ainsi, les grandes fêtes religieuses ont des effets dynamiques dans les activités telles que le commerce, les transports et les télécommunications ainsi que sur l’activité du secteur informel d’une manière générale. »
Mais, signale-t-on dans le rapport de la Dpee, les fêtes, surtout les lendemains, comportent des « effets globalement négatifs ». « Dans l’industrie, une baisse plus ou moins importante de la productivité est enregistrée dans près de 80% des cas après le jour férié, constatent les enquêteurs. (…) En terme d’impacts sur la production, les jours fériés font perdre chaque trimestre 0,6% de croissance à l’industrie, ce qui correspond à près de 2,6% de perte de production par an. »
Moustapha Diakhaté précise. « Il n’y a pas de manque à gagner, parce que déjà, sans ces jours, les gens ne sont pas venus travailler. Il suffit de prendre certains jours fériés inutiles pour les mettre à la place de ces trois jours pour bien fêter l’Aïd. On a 14 jours fériés, on peut enlever même le férié du jour d’après la Tamkharit ou encore quand le férié tombe un dimanche. »
En attendant que le président du groupe Benno aille au bout de son initiative, SeneWeb soumet celle-ci au point de vue et à l’avis de ses lecteurs : êtes-vous pour ou contre la proposition de Moustapha Diakhaté ? La parole est à vous.
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