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Talla Sylla pour une Casamance moteur de la dédakarisation : "De la reconstruction à la souveraineté territoriale"

Auteur: Cheikh CAMARA (Correspondant à Thiès)

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Talla Sylla pour une Casamance moteur de la dédakarisation : "De la reconstruction à la souveraineté territoriale"

Alors que le Chef de l'État effectue une tournée économique décisive en Casamance et que, remarque l'ancien maire de Thiès et ministre conseiller du Président Macky Sall, « les premiers résultats du "Plan Diomaye" (46 % d’exécution) montrent une volonté réelle de panser les plaies du passé », Talla Sylla a choisi de prendre la parole. Non, précise-t-il, « pour m'opposer, mais pour proposer ».

« Il y a des années, sur la place Émile Badiane à Bignona, j'avais théorisé la « Dédakarisation ». Ce concept n'était pas un cri de révolte contre la capitale, mais un appel à l'équité pour la Nation.

Aujourd'hui, face aux enjeux de la paix définitive et du retour des déplacés à Nyassia et ailleurs, je réaffirme que la solution pour la Casamance ne réside pas seulement dans l'assistance, mais dans la responsabilisation.

Le Sénégal ne se développera pas si la Casamance reste une « urgence » à gérer depuis Dakar. Elle doit devenir une « solution » pour le Sénégal tout entier.

C’est pourquoi, au-delà des infrastructures et de l’aide au retour, je soumets à la Nation et à son Président trois propositions concrètes pour faire de la Casamance le laboratoire de la Dédakarisation et de l’émergence territoriale.

1. La Dédakarisation Institutionnelle : Délocaliser pour mieux gérer

L'État ne doit pas seulement « visiter » la Casamance, il doit y « résider ». Je propose le transfert effectif et permanent des sièges de certaines structures nationales stratégiques vers Ziguinchor et Sédhiou.

Pourquoi l’ANRAC ( Agence nationale pour la relance des activités économiques et sociales en Casamance), ou les directions liées à l’écotourisme et aux eaux et forêts, seraient-elles encore basées à Dakar ?

• Proposition : Faire de Ziguinchor la Capitale Agricole et Touristique du Sénégal.

Concrètement, cela passe par l'installation physique des directions nationales de l'Horticulture et de la Promotion Touristique dans la région. Ce signal fort créera un écosystème de décision local, réduira la bureaucratie dakaroise et rapprochera l'administration des réalités du terrain — à l'image du récent projet agro-industriel de 10 000 ha avec la coopération italienne.

2. Une Zone Franche Écologique et Solidaire (ZFES)

Le retour des populations déplacées, comme noté à Nyassia, est fragile. Pour le pérenniser, il faut une économie de sédentarisation massive.

• Proposition : Créer un statut fiscal d'exception pour les régions de Ziguinchor, Sédhiou et Kolda.

Toute entreprise qui s'y installe et transforme les produits locaux (noix de cajou, mangues, produits halieutiques) sur place — sans les expédier bruts vers Dakar — bénéficiera d'une exonération fiscale totale pendant 10 ans. L'objectif est de passer d'une logique de "cueillette et transport" vers la capitale, à une logique d'industrialisation au cœur du terroir.

3. Le Service Civique National pour la Reconstruction

La paix se consolide par le brassage. Les cicatrices du conflit et des mines ne doivent pas être l'affaire des seuls Casamançais ou de partenaires étrangers.

• Proposition : Instituer un Service Civique de Reconstruction.

Que des jeunes de Saint-Louis, de Thiès, de Louga ou de Matam viennent passer six mois en Casamance pour participer aux travaux communautaires (reconstruction des cases à Nyassia, réhabilitation de l'éco-musée, reboisement).

C’est ainsi, en mêlant nos sueurs, que nous bâtirons une fraternité indestructible. La paix ne se signe pas seulement sur du papier, elle se construit par le travail commun.

Le « Plan Diomaye » est un pas nécessaire, un pansement sur une plaie ouverte. Mais mon ambition pour le Sénégal, mon ambition pour la Casamance, c'est la guérison complète et la marche vers la puissance.

Que la Casamance ne soit plus regardée comme une région à aider, mais comme le modèle de ce que chaque terroir du Sénégal peut devenir : libre de ses contraintes, maître de ses richesses, et pilier de la stabilité nationale.

C'est cela, la véritable Dédakarisation. C'est cela, un destin sénégalais accompli ».

Auteur: Cheikh CAMARA (Correspondant à Thiès)
Publié le: Dimanche 21 Décembre 2025

Commentaires (8)

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    Verite001 il y a 3 heures
    Belle contribution talla sylla , bien que je ne sois pas avec toi politiquement parlant car pastef Pro sonko , mais la j'avoue que tu as fait une pertinente proposition , la casamance est frontaliere avec 3 pays qui sont la gambie , la guinee Bissau et la guinee Conakry , la casamance developpee economiquement parlant serait une tres grande victoire pour le senegal , il faut deconcentrer Dakar car notre capital etouffe .
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    deug il y a 2 heures
    Thiey Talla marteau ,il fait tout pour exister .Vas voir Mimi Talla a sa place dans la coalition c est un bon profil. Au moins ses critiques sont constructives
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    Panafricain il y a 2 heures
    Sodefitex à tamba ou kedougou
    La sonacos à kaolack ou sedhiou
    Les départements des chemins de fer à thies
    Tout ce qui lié à l élevage à louga ou saint Louis

    La pêche à thies ......
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    deug il y a 2 heures
    Thiey Talla marteau ,il fait tout pour exister .Vas voir Mimi Talla a sa place dans la coalition c est un bon profil. Au moins ses critiques sont constructives
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    Rrr il y a 2 heures
    🤣🤣🤣🤣🤣
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    Lat Codou il y a 2 heures
    Ce texte de Talla Sylla s’inscrit dans une tradition rare du débat public sénégalais : la critique constructive adossée à une vision territoriale claire. Loin de l’opposition stérile ou de la revendication identitaire, il pose une question centrale et souvent évitée : le Sénégal peut-il se développer durablement sans rompre avec l’hypercentralisation dakaroise ?
    La force du propos réside d’abord dans la réhabilitation politique de la Casamance.
    Elle n’est plus présentée comme une périphérie meurtrie à assister, mais comme un levier stratégique de souveraineté nationale. En cela, la « Dédakarisation » n’est ni un slogan ni une revanche contre Dakar ; elle devient un principe d’équité territoriale, presque un impératif républicain.
    Les trois propositions avancées forment un triptyque cohérent :
    Institutionnelle, en affirmant que l’État doit vivre les territoires qu’il gouverne, et non les administrer à distance ;
    Économique, en liant paix durable et création de valeur locale, condition sine qua non du retour des populations déplacées ;
    Civique, en rappelant que la réconciliation ne peut être seulement technique ou financière, mais profondément humaine et nationale.
    Le texte réussit ainsi à dépasser la logique de l’urgence sécuritaire ou humanitaire pour inscrire la Casamance dans une stratégie de puissance territoriale. Il interpelle subtilement le pouvoir exécutif : les 46 % d’exécution du « Plan Diomaye » sont reconnus comme un effort, mais présentés comme insuffisants sans une transformation structurelle de la gouvernance.
    Enfin, ce plaidoyer rappelle une vérité souvent oubliée : la paix ne se décrète pas depuis un bureau ministériel, elle se construit par la responsabilité, la proximité et le partage du destin national. En appelant au brassage des jeunesses et à la coproduction de la reconstruction, le texte replace la fraternité sénégalaise au cœur du projet politique.
    En somme, cette tribune est moins un manifeste régional qu’un projet national. Elle pose une alternative sérieuse : soit la Casamance reste une exception à gérer, soit elle devient la preuve que le Sénégal peut enfin se penser à partir de tous ses territoires.
    C’est dans ce choix que se joue, peut-être, la maturité de l’État sénégalais.
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    Mame Ndieme Ndour il y a 1 heure
    Une contribution très claire et positive pour notre pays, merci bcp Talla Sylla le patriote de première heure ❤️
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    Bala Moussa Boiro il y a 1 heure
    Les idées sont bonnes.

    Je mets un peu de sel dans la soupe.

    Pour que la Casamance ne soit plus une enclave, elle doit devenir un hub de connexion entre la Gambie, la Guinée-Bissau et la Guinée-Conakry en créant un Port Franc Fluvial et Maritime à Ziguinchor spécialisé dans le cabotage. L'objectif est de transformer la région en plateforme de réexportation vers la sous-région (OMVG/CEDEAO), transformant le handicap géographique en avantage géostratégique.

    Pour parachever cette vision, la dédakarisation doit s'appuyer sur une ouverture logistique sous-régionale (port franc), une souveraineté intellectuelle (pôle de recherche environnemental), une valorisation numérique du terroir (label certifié) et une autonomie énergétique verte (biomasse et solaire). Il s'agit de transformer la Casamance en une vitrine technologique et écologique pour l'Afrique de l'Ouest.
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    Amadou il y a 1 heure
    Il urge de prendre en compte cette contribution très pertinente pour relever les défis socioéconomiques de la Casamance. Merci Monsieur le Président Talla Sylla.

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