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Tuesday 02 September, 2025
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Country Annual Meeting : Le Sénégal face aux défis de l’exploitation des données sanitaires

Auteur: Yandé Diop

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Face à l’urgence persistante de la mortalité maternelle et infantile, le Sénégal se mobilise pour exploiter pleinement le potentiel des données sanitaires. C’est dans ce contexte que s’inscrit la participation du pays à la Country Annual Meeting (CAM), une réunion stratégique qui rassemble, depuis 2017, plus de 30 pays et des centaines d’experts en santé publique, aussi bien gouvernementaux qu’universitaires.En effet, avec 153 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes, le Sénégal reste loin de l’objectif des 70 décès fixé par les Objectifs de développement durable (ODD) à l’horizon 2030. Derrière cette moyenne nationale, de profondes inégalités territoriales et sociales subsistent, notamment parmi les adolescentes et jeunes femmes particulièrement vulnérables face aux complications obstétricales.« Il ne suffit plus de constater, il faut agir avec précision, là où les femmes et les enfants sont réellement en danger », alerte Cheikh Mbacké Faye, expert sénégalais du réseau Countdown to 2030. À l’en croire, « traditionnellement centrée sur les grandes enquêtes (EDS, MICS), l’analyse sanitaire évolue : les données de routine, issues du système DHIS2, deviennent aujourd’hui essentielles pour produire des diagnostics en temps réel. En raison de la suspension récente de certains financements américains (USAID), ces données sont désormais le principal levier pour suivre les indicateurs vitaux ».L’enjeu, dit (il, est d’identifier rapidement les zones à risque, détecter les anomalies (données aberrantes, manquantes ou incohérentes), et produire des estimations fiables à l’échelle des districts et régions.Au Sénégal, l’analyse des données révèle des lacunes alarmantes dans la prise en charge des urgences obstétricales. « Beaucoup de postes de santé en milieu rural ne disposent ni de matériel adapté ni de personnel qualifié pour gérer les complications graves »se désole-t-il. « Les premières minutes sont souvent décisives. Si la femme n’est pas prise en charge immédiatement, le risque de décès augmente fortement. Il est urgent de renforcer les capacités locales et de désengorger les hôpitaux par une prise en charge efficace à la base », affirme Cheikh Mbacké Faye. Qui insiste sur la nécessité d’un réalignement stratégique : « investir en priorité dans les infrastructures de proximité, le personnel médical, mais aussi dans le transport médicalisé et les systèmes de référence efficaces. »L’État sénégalais dépend encore largement des bailleurs Un autre problème structurel demeure le financement externe de la santé. L’État sénégalais dépend encore largement des bailleurs, une situation qui fragilise la réactivité en cas de crise. Si nous voulons réellement parler de souveraineté sanitaire, il faut que l’État prenne en charge une part significative du financement. Les urgences de santé ne peuvent dépendre d’accords extérieurs aléatoires. »Pour être efficaces, les données doivent être analysées par des acteurs qui maîtrisent le contexte local. Le CAM mise donc sur la formation intensive des experts nationaux, en collaboration avec des structures comme l’Institut de santé publique (ISP) ou l’ISEP. L’objectif est de donner aux institutions locales les outils nécessaires pour mener elles-mêmes les analyses stratégiques.
Auteur: Yandé Diop

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