Décidément, au Sénégal, les années se succèdent et ne diffèrent pas trop. 2013 a été comme les autres, terne, monotone avec les éternelles querelles politiciennes, les défaites sportives itératives et les conflits politico-judiciaires incessant sur fonds de règlements de compte.Malgré une volonté affichée de mettre le Sénégal sur une excellente orbite, Macky Sall tarde à trouver clairement ses marques. La coalition Benno Bokk Yakar est plus que jamais transie. Elle n’a pas une idéologie politique lisible et classifiable. Trotskistes, Marxistes, Communistes, Islamiste encagoulés, Libéraux peu convaincus et autres militants de Pouvoir s’y côtoient dans une totale contradiction. Chacun, dans cette coalition, contrôle chacun et surveille tout le monde. Durant toute l’année 2013, les différends politiciens dus aux enjeux électoraux locaux et l’inexistence d’espaces structurels réguliers de dialogue, d’échanges, de lectures, de prises de décisions et d’évaluations politiques dans le domaine de la gouvernance collective ont fini par paralyser la coalition. Macky Sall, Tanor et Niasse, s’entendent merveilleusement. Mais le PS, l’AFP et l’APR sont en permanentes chamailleries pour des questions électorales ou de positionnement. A cela s’ajoute la coalition pionnière Macky 2012 qui ne se retrouve plus dans la dynamique actuelle. Des velléités de mise en place d’une autre structure de majorité présidentielle est même entrain d’être cogitées.Très tôt, Idrissa Seck du parti REWMI a pris ses marques et ses distances sans aucune forme de procès. En conséquence, Pape Diouf et Omar Sarr le quittent pour s’accrocher au pouvoir apériste. Abdourahmane Diouf, ancien DG de la Sones, prend le sens inverse. Dans le même sillage, REWMI subit une série de défection et non des moindres. La notaire Nafissatou Diop Cissé dont le nom est intimement lié à l’Affaire des Chantiers de Thiès avec le fameux protocole de Rebeuss ainsi que l’ancien Président de l’Assemblée nationale, Youssou Diagne rejoignent Macky Sall. Mais Idrissa Seck reste inflexible, stoïque et aguerri. Ces crises entre l’APR et REWMI ainsi que la transhumance qui la ponctue ne donnent pas pour autant un nouvel élan à Macky Sall.Pour mieux tenir le gouvernail, il dut procéder à un remaniement ministériel. Le Premier Ministre Abdou Mbaye quitte la Primature emportant ses hommes comme Amadou Kane, qui fut Ministre de l’Economie et des Finances. Youssou Ndour s’en va. Mariama Sarr également. Un vaste chamboulement est opéré. Aminata Touré, ancienne Ministre de la Justice dont l’action n’a été déterminante que dans la « traque des biens mal acquis », devient Premier ministre et promet de faire « accélérer la cadence ». Malheureusement, pour accélérer, il faut démarrer et celle qui est appelée « Mimi » ne démarre pas encore. La gouvernance apériste s’accommode plus de méthodes coriaces, faites de crans et d’aplombs, qui alimentent plus d’inquiétude et d’anxiété que de gouvernance tendant à trouver des réponses populaires aux questions impopulaires.Le même chamboulement de l’Exécutif est effectué à l’Assemblée nationale. Moustapha Niasse sauve son poste de Président de l’Institution parlementaire, Abdou Mbow, Moustapha Cissé Lo et Awa Gueye occupent les premières loges de la suppléance du Parlement qui donne une autre image dans sa physionomie et son mode de fonctionnement.C’est en 2013 que pour marquer leur désillusion, les Sénégalais, dans une dynamique presque unitaire, ont commencé à avertir que « le pays est en malaise, le pays ne vas pas, le pays ne marche pas etc.… », ou plus prosaïquement, en Wolof, « Ndeuk bi dafa Macky ». L’expression est caricaturale, satirique et grave. Mais elle n’en demeure pas moins politique et singulièrement défavorable à Macky Sall.Plus grave, le débat politique s’est engourdi, en 2013, dans la bassesse : injures, calomnies, diffamations, diabolisations, diatribes se multiplient et envahissent l’espace politico-médiatique. D’ailleurs, jamais le débat politique sénégalais n’a été d’un si avilissement. Les esprits illuminés et les politicologues éclairés se sont, en 2013, immédiatement en apnée, laissant les insulteurs à gage rivaliser de vilénies.2013 a été aussi une année de nervosité judiciaire. Tahibou Ndiaye, Abdou Aziz Diop, Aida Ndiongue, rejoignent Karim Wade, Thierno Ousmane Sy, entre autres. Les anciens frères libéraux de Macky Sall sont accablés. L’Affaire de la Traque des Biens supposés Mal acquis finit par outrepasser l’esprit public. Les procédures judiciaires tirent en longueur, ne reculant guère mais n’avançant point. Le régime semble être pris par ses propres appâts. Karim Wade, jusque là haï, combattu et diabolisé, gagne petit à petit en popularité. Les libéraux se retrouvent très à l’aise dans la défense de leurs sœurs et frères de parti. En même temps, les Sénégalais découvrent la perfidie des politiciens. Abdou Fall, Me Ousmane Sèye, Thierno Lo, Iba Der Thiam, entre autres, “transhument”, tout en récusant le vocable.Les enjeux locaux y sont pour beaucoup certes. Mais Macky Sall est plus en quête de majorité solide et consolidée. L’APR n’a aucune structure comme tout parti politique. La dynamique de massification entamée en 2013 s’inscrit dans une volonté d’œuvrer à la conservation du pouvoir en 2017 ou 2019, c’est selon. Seulement, l’année 2013 a été, pour Macky Sall, une année de bourde. Lors de la cérémonie de la Couverture Maladie Universelle, il commet l’erreur politique de se mettre dans l’hypothèse d’une perte du pouvoir. Ce fut une balourdise politique.Mais la bourde n’a pas retenu les attentions. Et c’est une bonne échappée pour Macky Sall qui œuvre autant qu’il peut pour entretenir avec la classe maraboutique, les forces syndicales et les mouvements de jeunesse les meilleures relations possibles. La finalité est politique. 2014 est une année électorale.SOURCE : SENEFOCUS.COM