L’opération conquête de la ville de Dakar sera certainement baptisée. L’ambition motivera le choix du slogan. La couleur du drapeau est connue. Elle est beige-marron. La capitale avec toute la symbolique qu’elle dégage, est un magot politique que tout parti politique souhaite qu’il tombe dans son escarcelle. Les armes utilisées pour conquérir le poste de maire de la ville ne sont pas toujours conventionnelles. La lettre ouverte de l’édile sortant, Khalifa Ababacar Sall, en est une illustration. Il est sevré de budget pendant tout un semestre. C’est un secret de polichinelle de dire que l’Alliance pour la République (Apr) lorgne le fauteuil du maire de la ville de Dakar. Les résultats sortis des Locales préfigureront le sort de l’élection présidentielle de 2017.  La tâche ne sera pas aisée du fait de l’existence du parti de Macky Sall au Conseil municipal de Dakar de 100 membres majoritairement dominé par le Parti socialiste, l’Alliance des forces de progrès (Afp) et les partis de Gauche ; bref le défunt Bennoo siggil senegaal version élections locales. Le parti de Macky Sall a laissé filer une possibilité de majorité à l’Assemblée nationale au profit de ses alliés. Il est aujourd’hui contraint de composer avec ses partenaires politiques pour gouverner. La ville de Dakar et mairies d’arrondissement sont donc des enjeux électoraux que l’Apr compte disputer âprement à ses alliés socialistes et progressistes sans oublier l’opposition. Un contrôle des communes d’arrondissement ouvre la porte de la ville de Dakar dans la mesure où il faudra être majoritairement re­présen­té au Conseil municipal pour disputer le poste de maire au candidat sortant Khalifa Sall. Si ce dernier veut demeurer premier magistrat de la capitale, avait averti le ministre d’Etat Mbaye Ndiaye, il devrait transhumer vers l’Apr.

Alliance Apr-Afp,…

Le Parti de Macky Sall se donne les moyens de ses ambitions. Ses responsables locaux comme Seydou Guèye (Médina), Abdoulaye Diouf Sarr (Yoff), Mbaye Ndiaye (Parcelles assainies), se positionnent. Restons aux Parcelles assainies où rien n’est inutile pour barrer la route au maire libéral sortant, Moussa Sy, aujourd’hui estampillé «proche de Khalifa Sall». Il avait battu sur le fil le chanteur Demba Dia, nouvelle recrue de l’Apr qui entend décrocher cette collectivité à fort coefficient. Encore que le prédécesseur de Moussa Sy veut prendre sa revanche sur le Pds qui l’avait destitué par un décret de Wade en octobre 2008. Dans la commune voisine, Grand Yoff, Aminata Touré, l’actuel Premier ministre, est doublement concurrente de Khalifa Sall. Chacun y a localisé sa base politique. Il est prêté à la patronne du gouvernement de vouloir diriger la ville de Dakar. Les stratégies d’alliance auront leur place pour battre Khalifa Sall. A coup sûr, l’équipe sortante a un bilan à présenter aux Dakarois le 16 mars prochain. Aussi coalisés qu’ils soient, il sera difficile d’ôter des noms pour faire plus de place à l’Apr sur les listes.

Ps/Afp et le syndrome Bss

Le parti de Macky Sall a tout de même de la marge de manœuvre. Il compte jouer sur les rivalités historiques entre le Ps et l’Afp. Ceci est d’autant plus possible que l’idéal Bennoo siggil senegaal a été enterré au gré des prétentions présidentialistes de Ousmane Tanor Dieng et de Moustapha Niasse. Mieux, l’Apr a déjà cultivé une proximité voire une complicité avec l’Afp aussi bien au Parlement que

dans le gouvernement. Moustapha Niasse peut enrôler ses alliés de ce qui reste du Bennoo siggil senegaal. D’ailleurs, les actes posés ne sont pas anodins. En effet, l’invite relative à la création d’une nouvelle alliance ou cadre stratégique autour de Macky Sall lancée par Moustapha Niasse, Mamadou Ndo­ye ne néglige point une logique d’isoler les Socialistes. En visite à Grand Dakar, le week-end dernier, Ousmane Tanor Dieng a manifestement compris le jeu de ses «frères ennemis» et rejette toute mise en place d’une nouvelle alliance. «Un cadre existe déjà. Il s’appelle Benno bokk yaakaar. Je ne trouve pas pertinent de créer un autre cadre. Le Ps, au vu des difficultés que traverse le pays, avait même proposé que la coalition soit structurée. Mais il faut que les gens se fassent confiance…», dit-il. L’évi­dence est que la  gourmandise socialiste continue de susciter de la misère chez leurs alliés en dirigeant 14 des 19 communes d’arrondissement du département de Dakar à la suite des élections locales de 2009. La répétition de ce scénario n’est pas envisageable.