"Les divisions de la classe politique libanaise sur la question syrienne se sont propagées à la population"Mahel Melhem est journaliste indépendant et blogueur à Tripoli. Il était proche de la zone d’affrontements quand il nous a livré son témoignage lundi après-midi. Il a enregistré le son des combats de dimanche. Je n’avais pas vu un tel désordre à Tripoli depuis mai 2008 [des affrontements entre le Hezbollah et des partisans du gouvernement d’alors avaient fait 84 morts, NDLR]. Certains entraient dans les maisons pour s'y cacher, on aurait dit une guérilla urbaine. Pour autant, je ne suis pas surpris par la tournure prise par les événements. La situation à Tripoli s’est détériorée à mesure que le conflit en Syrie se durcissait. C’est d’abord la classe politique libanaise qui a commencé à se diviser entre les défenseurs du régime syrien et ses détracteurs. Puis, ces divisions se sont ensuite propagées dans la population. Et, comme Tripoli est la grande ville libanaise la plus proche de la Syrie, il était logique qu’elle soit la première à être affectée. Ces derniers temps, des manifestations en soutien à la révolution syrienne étaient organisées presque chaque semaine. Et depuis longtemps, nous craignions qu’elles n’accentuent les tensions entre les franges extrémistes des différentes communautés. À chaque fois qu’il y a des tensions politiques au Liban, des violences explosent dans les quartiers communautaires de Tripoli, notamment entre salafistes et alaouites. Le société libanaise fonctionne sur un système confessionnelle et le conflit syrien n’a fait qu’exacerber les différends. Les alaouites sont en colère car ils voient dans les médias que des sunnites de la ville font transiter des armes et des aides humanitaires aux rebelles syriens ou accueillent des réfugiés. Après l’arrestation de Mawlawi, ils étaient furieux, aussi, d’entendre que ce dernier avait voyagé à travers la Syrie pour combattre aux côtés des rebelles.
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