Samedi 27 Avril, 2024 á Dakar
Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Chronique

Cpa, c’est pas ça

Single Post
Cpa, c’est pas ça

« L’épreuve pathétique du pouvoir absolu,
c’est la difficulté qu’il éprouve à assurer la transmission »

Edgard FAURE


C’est un peu triste de le dire, mais l’opposition est en train d’ouvrir à Idrissa Seck et à Abdoulaye Wade les portes du second tour de la présidentielle. Sur un mythe qu’elle n’arrive pas à dépasser, la candidature unique. Depuis qu’on vote dans ce pays, il y a plus d’un siècle, il n’y a jamais eu de candidature unique de l’opposition. C’est une idée fausse que la classe politique porte comme une idéologie. Nous avons eu des candidats de coalitions, jamais un candidat unique. Les leaders réunis au sein de la CPA ont fini par en faire une fin, et non un moyen. Il s’agit d’une grossière faute politique, doublée d’une erreur de communication. En la posant au centre de leurs préoccupations, ils en ont fait la principale raison d’être de leur structure. Ce qui est une autre méprise, puisque la CPA est là pour servir de cadre unitaire d’action politique, et non de cadre pour la désignation d’un candidat unique de l’opposition. Ils savaient tous qu’ils allaient cogner leur grosse machine contre le mur. Maintenant, ils envoient un mauvais signal à la population, par leur manque de maturité. Car, s’ils ont mis tant de mois pour s’entendre sur un programme, et tant de mois pour constater leur échec, on peut légitimement se poser des questions sur leur capacité de gouverner ensemble. La plupart des mésaventures que nous avons connues jusqu’ici viennent de la difficulté à s’entendre sur la lecture du programme qu’ils avaient conçu ensemble dans le cadre de la CA 2000, puis du Fal. C’est un thème de campagne porteur pour le pouvoir : « s’ils ne sont pas capables de s’entendre sur un programme et un candidat, comment pourront-ils s’entendre une fois au pouvoir ».
Moustapha Niasse porte une grande responsabilité dans cet échec. Il a sciemment posé la question de la candidature unique en la rendant incontournable, et en disant « ce sera moi ou personne d’autre ». Il est tellement sûr de sa personne, qu’il a pris des mois, pour lâcher quelques bribes de pouvoir que lui, futur président, devrait céder à son Premier ministre, dans un « régime parlementaire ». Quand il a vu que l’opposition avait du mal à adhérer à son idée, il est allé négocier avec Abdoulaye Wade, avec les résultats que l’on connaît. C’était presque du « si vous ne me retenez pas je m’en vais ». Evidemment, Wade ne lui a pas laissé le choix. Il va décapiter son parti, et de nombreux cadres ont déjà fait leurs valises, en attendant le signal. Quand Niasse a posé la question en ces termes, Bathily l’a trouvée indécente, et il a raison. Parce que choix pour choix, on ne voit pas pourquoi le parti socialiste laisserait la main à l’Afp, alors qu’il a eu plus de voix aux dernières élections.
Ce qui sape maintenant les bases de cette structure, ce n’est pas la question de la candidature unique. C’est la question de la confiance entre les leaders, puisqu’il est maintenant évident que pendant que Niasse parlait candidature unique avec la CPA, il parlait gouvernement avec Wade.  S’il s’était entendu avec Wade, c'aurait été « merci, alhamdoulilah, au revoir » à la CPA. Je ne comprends toujours pas comment un homme comme lui s’est fait avoir comme un débutant, en ne sachant pas que Thierno Lô était un appât que Macky Sall lui a tendu. Il a mordu tellement fort qu’il en perd maintenant la voix. Tous les gros coups de ces derniers mois portent l’empreinte du Premier ministre. C’est du Diesel. Il a mis du temps à démarrer, mais la fonction a créé des ambitions. Observez bien comme il se distingue des dernières décisions du président de la République. D’abord, c’est lui qui annonce le remaniement, ce qu’on ne fait jamais à un président de la République, surtout pas à Abdoulaye Wade. Après, quand Wade forme son gouvernement, il monte au créneau pour dire qu’il y a trop de ministres. Macky Sall prend ses indépendances. C’est la grande révélation de cette rentrée. Il s’est dit finalement que si le chemin du président de la République doit s’arrêter le 25 février 2007, le sien doit continuer. Ce n’est plus l’écuyer qui lie son sort à celui de son roi. En d’autres circonstances, pour moins que ça, maître Wade l’aurait remis à sa place. C’est ce qui me fonde à croire que le chef de gang ne tient plus les manettes. Il a décidé de s’abandonner à eux, tant qu’ils lui assurent que la victoire reste possible le 25 février 2007. Le pouvoir est maintenant entre Macky Sall, Ousmane Ngom, Cheikh Tidiane Sy, Pape Samba Mboup et Farba Senghor. Ce sont eux qui vont négocier la reddition des responsables de l’opposition. Leurs manœuvres vont faire beaucoup de mal aux opposants cupides, puisqu’ils ajoutent à l’usage abusif de l’argent, la manipulation et le mensonge. Bientôt, des pans entiers de l’opposition vont rejoindre la mouvance présidentielle. C’est ce processus de déconfiture qui rend Abdoulaye Wade serein. Il croit qu’il va régler le problème de Moustapha Niasse, en débauchant tous les responsables de son parti, et en le discréditant. Dans son entendement, le leader de l’opposition a, comme Djibo Kâ, le mal du pouvoir. Il y est arrivé trop tôt, et il ne peut pas vivre sans. Il a entamé le même processus avec Ousmane Tanor Dieng, et les va-et-vient des sages n’y feront rien. Je vous assure que l’indigence morale de nos opposants est parfois déconcertante. Quand Abdoulaye Bathily a eu ses problèmes avec Wade et a quitté le gouvernement, un grand responsable de son parti s’est approché de Bacar Dia, et a voulu transhumer vers le Pds. Le monsieur, que je vois maintenant héler avec tout le monde, était déterminé. Il demandait en retour une prothèse dentaire fixe ! J’ai trouvé la proposition choquante, et Idrissa Seck n’était pas intéressé, heureusement. Il est clair que Wade n’aura aucun mal avec ces opposants. Ils ont déjà rangé leurs convictions dans les tiroirs, et n’attendent que le « yobbanté » du président.
Depuis une semaine, on voit des fractionnaires partout, et s’ils réussissent leurs manœuvres, ils laisseront l’opposition en lambeaux. Il restera Idrissa Seck. Le président de la République est maintenant résolu à le laisser se présenter à la présidentielle. Les médiateurs l’ont convaincu qu’il vaut mieux le ménager, pour ne pas s’aliéner d’avance son vote, dans le cas d’un second tour. Dans le pire des cas, Wade se dit qu’il aura en face de lui son ancien numéro deux. Il est convaincu que ni Moustapha Niasse, ni Abdoulaye Bathlily, encore moins Landing Savané n’appelleront à voter pour lui. Mais là aussi, il oublie les enseignements de l’histoire. Les électeurs ne seront pas appelés à voter entre plusieurs candidats. Ce sera un référendum pour le président de la République. Quel que soit son adversaire au second tour, les reports de voix n’y changeront rien. Il restera ou il partira.



0 Commentaires

Participer à la Discussion

  • Nous vous prions d'etre courtois.
  • N'envoyez pas de message ayant un ton agressif ou insultant.
  • N'envoyez pas de message inutile.
  • Pas de messages répétitifs, ou de hors sujéts.
  • Attaques personnelles. Vous pouvez critiquer une idée, mais pas d'attaques personnelles SVP. Ceci inclut tout message à contenu diffamatoire, vulgaire, violent, ne respectant pas la vie privée, sexuel ou en violation avec la loi. Ces messages seront supprimés.
  • Pas de publicité. Ce forum n'est pas un espace publicitaire gratuit.
  • Pas de majuscules. Tout message inscrit entièrement en majuscule sera supprimé.
Auteur: Commentaire : Poster mon commentaire

Repondre á un commentaire...

Auteur Commentaire : Poster ma reponse

ON EN PARLE

Banner 01

Seneweb Radio

  • RFM Radio
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • SUD FM
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • Zik-FM
    Ecoutez le meilleur de la radio

Newsletter Subscribe

Get the Latest Posts & Articles in Your Email