Les enseignants du département d’Oussouye ont observé une grève de 48 heures les lundi 25 et mardi 26 novembre 2024. Cette décision fait suite à la gifle reçue par une de leurs collègues de la part d’une dame, parent d’élèves. « Nous n’accepterons en aucun cas qu’un enseignant soit violenté dans l’exercice de ses fonctions, par qui que ce soit », a déclaré le coordonnateur de l’intersyndical des enseignants du département d’Oussouye, Papis Fall.
Par cet acte, les enseignants ont décidé de résoudre la violence par la violence. En décrétant une grève de 48 heures pour ce motif, les syndicalistes ont décidé à leur tour d’exercer de la violence sur les élèves à qui ils privent des heures de cours. Ils manquent aussi à leurs obligations vis-à-vis de l’Etat.
Malheureusement, les enseignants ne semblent pas s’en rendre compte, tellement c’est devenu habituel voire banal. Ni l’Etat-employeur, ni les enseignants-employés, ni les parents dont les enfants bénéficient du service ne s’émeuvent du fait que pour un oui ou un non, les enseignants peuvent aller en grève et piétiner ainsi les droits des enfants. La grève est banalisée au point qu’elle est très souvent décrétée sans motif valable.
Que les enseignants aillent en grève pour réclamer de meilleures conditions de travail peut bien se comprendre. Mais qu’ils aillent en grève parce qu’une de leurs collèges a été giflée par une parent d’élèves est une aberration. A-t-on une fois vu les commerçants fermer boutique parce que l'un d’eux a été agressé par un client ? Et si les transports en commun décidaient d’arrêter la circulation parce qu’il y a eu altercation entre un passager et un receveur ou apprenti car rapide ?
Ces enseignants seraient les premiers à crier leur indignation s’ils amenaient leur femme ou enfant à l’hôpital et qu’ils apprennent que les médecins du département ont arrêté le travail après un incident entre un personnel soignant et un accompagnant d’un patient.
Il est temps que les enseignants fassent la part des choses. Dans tous les métiers, il y a des risques. Pour autant, les autres corps n’arrêtent pas le travail pour des incidents pareils. Lorsqu’un journaliste, enseignants, médecins… reçoit une gifle de la part d’un tiers (en dehors des forces de l’ordre), il s’agit d’abord d’une affaire entre deux citoyens. La victime dispose d’un recours prévu par la loi. Rien n’empêche à l’enseignante de porter plainte. Ses collègues peuvent ensuite lui apporter leur solidarité sous diverses formes. Même l’élève dont le parent a giflé l’enseignante ne doit pas payer pour l’inconduite de son ascendant, à plus forte raison les autres écoliers.
Tout ceci montre que l’Etat et toute la communauté doivent être plus regardants et plus exigeants envers les enseignants et tous les autres corps, notamment ceux de la fonction publique. Des ponctions sur salaires doivent être rigoureusement instituées pour ceux qui vont facilement en grève, parfois sans raison. Si les commerçants ne font pas pareil, c’est parce qu’ils savent qu’en fermant boutique, ils perdent leur chiffre d’affaires du jour, sans possibilité de remboursement.
Quant aux enseignants, ils se disent que le salaire reste inchangé, même avec une semaine de grève dans le mois. Et c’est cela qu’il faut corriger. Même dans un combat légitime, la loi prévoit le droit de grève certes, mais il l’a accompagné de ponction égale au nombre de jours chômés. L’absence d’application rigoureuse de cette disposition a rendu banale la grève. La conséquence est que non seulement l’Etat perd des ressources précieuses pour un pays pauvre comme le Sénégal, mais les enfants aussi perdent du temps d’apprentissage. Et demain ils seront accusés d’être nuls, comme si ils étaient les seuls responsables de la baisse du niveau.
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