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Monday 01 September, 2025
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La censure 2.0 : le pluralisme sacrifié sur l’autel du tollé (par Adama Ndiaye)

Auteur: Par Adama NDIAYE

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L’annulation par la chaîne sénégalaise 7TV de l’interview de Yuwal Waks, ambassadeur d’Israël au Sénégal, prévue vendredi dernier, illustre un phénomène préoccupant : la soumission des médias à la pression des réseaux sociaux. Annoncée avec tambours et trompettes, cette interview a été déprogrammée face à un tollé numérique, amplifié par une poignée de contestataires menaçant de manifester devant les locaux de la chaîne dirigée par Maïmouna Ndour Faye. Cet épisode révèle une démocratie sénégalaise fragilisée, où le pouvoir semble avoir migré des institutions vers les plateformes en ligne, devenues le véritable cœur battant de l’opinion publique.
Cette affaire est alarmante pour plusieurs raisons. D’abord, elle met en lumière la capacité d’une minorité bruyante à dicter l’agenda médiatique, au mépris du pluralisme et de la liberté d’expression. Quand une chaîne de télévision cède face à une meute virtuelle, renonçant à diffuser une voix officielle sous prétexte de controverse, c’est le principe même du journalisme qui est menacé. Informer, c’est donner la parole à tous, sans distinction, pour permettre au public de se forger une opinion éclairée. 
Rappelons le contexte : une guerre oppose actuellement Israël à l’Iran au Moyen-Orient. Dans de telles circonstances, le rôle des médias est d’éclairer, sans parti pris ni biais idéologique. Cela implique d’offrir une tribune aux représentants des parties belligérantes, non pas pour endosser leur narratif, mais pour garantir l’équilibre et la diversité des points de vue. À Seneweb, par exemple, nous avons diffusé vendredi soir une interview instructive avec l’ambassadeur d’Iran, et nous serions tout aussi disposés à accueillir le représentant israélien. 
Car c’est là l’essence du journalisme : ouvrir ses canaux à toutes les voix, sans se transformer en co-belligérant ni choisir un camp.
Refuser de donner la parole à un ambassadeur, sous prétexte qu’il représente un État impopulaire, c’est ouvrir la voie à une pente glissante.
La capitulation de 7TV face à la pression numérique est un signal d’alarme. Il est temps que les médias reprennent leur place comme piliers de la démocratie, plutôt que de se plier aux caprices d’une foule virtuelle.
Auteur: Par Adama NDIAYE

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