Pape Djibril Fall restera-t-il à l’Assemblée nationale comme député de la 15e législature ? Il n’est pas impossible, même si pour l’instant, rien n’est acquis. Septième sur la liste Sàmm sa Kaddu, ce serait un véritable camouflet s’il ne gardait pas son siège à l’hémicycle. Mais quoi qu’il en soit, l’enfant de Thiadiaye fait partie déjà des grands perdants de ces législatives, pour avoir été dans une coalition incapable de gagner le moindre département, notamment Dakar où elle a toutes ses forces. À l’heure actuelle, PDG semble emprunter une mauvaise direction.
Lancé par l’émission "Jakaarlo" de la TFM, Pape Djibril Fall a été très tôt adulé sur les réseaux sociaux. Beaucoup lui voyaient un avenir politique radieux avec une ascension fulgurante. En fait, ils étaient nombreux à le voir s’approcher de Sonko, à défaut de le rejoindre. Les partisans de Pastef l’auraient sans doute accueilli à bras ouverts, puisqu’après tout, ce sont eux qui l’appréciaient grandement sur la toile.
Mais rapidement, Pape Djibril a fait le choix inverse. Il va s’éloigner de plus en plus du leader du Pastef. Aux Législatives de 2022, il tente sa chance en s’appuyant sur son crédit personnel. Le pari est risqué, mais gagnant, puisqu’il a été élu député.
Mais jusque-là, il s’était gardé de critiquer Sonko. Les choses vont changer rapidement lors des évènements politiques entre 2021 et 2024. Pape Djibril Fall n’épouse pas certaines méthodes et certains discours de Sonko et il le dit. Par exemple, lorsque des manifestations à Ziguinchor en mai 2023 se sont soldées par trois morts, celui que l’on surnomme PDF dénonce l’absence de communiqué des deux camps (majorité et Pastef) et pointe du doigt Ousmane Sonko. « Ce qu’on a vu, ce sont des leaders politiques qui se baladent dans les rues, jubilant comme s’ils étaient fiers de ce qui se passe et voulaient plus de morts ».
Pour l’armée socionumérique de Pastef, c’est un crime de lèse-majesté qui ne passera pas. La contre-offensive est lancée sur les réseaux sociaux, mais aussi sur le terrain. Lors d’une manifestation à la place de la Nation, Pape Djibril Fall sera hué. Interpellé plus tard sur ce fait, il a été sans langue de bois. « Il faut oser le dire, ce qui s’est passé à la manifestation du F24 est l’œuvre des gens de Pastef », répond-il en conférence de presse.
Depuis lors, Pape Djibril semble perdre du terrain. Il subit les moqueries des gens du Pastef particulièrement actifs sur les réseaux sociaux. Il faut dire également que l’homme adopte un autre style qui interroge. Parfois, on dirait qu’il est à l’intersection entre un homme politique et un chef religieux. En fait, il incarne à outrance la religion, le mouridisme en particulier. On dirait parfois un deuxième Idrissa Seck, sauf qu'Idy était connu uniquement par les versets lors des sorties médiatiques.
Pape Djibril, lui, aime se faire photographier, assis, les jambes pliées parfois, le Coran, des "khassidas" ou un chapelet à la main. Il est vrai qu’il n’est pas le seul, puisque Sonko aussi utilise ces ressorts. Cependant, il n’est pas évident que cela lui réussisse, car il récolte plus de moqueries et d’incompréhensions. Le manque de constance d'Idy n’est certainement pas de nature à aider sur ce registre.
Pour quelqu’un qui n’apprécie pas la méthode Sonko, s’allier avec Barthélemy Dias n’est pas non plus la plus parfaite cohérence.
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