Depuis des mois, le président de la République multiplie les nominations à chaque conseil des ministres. L’une des vagues qui a le plus attiré l’attention de l’opinion concerne la domination de certains membres de son parti au poste de président de conseil d’administration. On aura remarqué que certains nouveaux Pca sont à la limite à leur premier poste.
En dehors de la politique pour certains, l’entrepreneuriat pour d’autres, ils n’ont jamais connu le monde de l’entreprise. On assiste donc à la nomination de PCA sans expérience devant diriger des hommes hautement qualifiés et ayant un vécu de 20 à 30 ans. « Il faudra faire en sorte que la nomination des PCA ne soit plus considérée comme une récompense politique mais plus comme un véritable outil de consolidation de la gouvernance stratégique des entreprises », préconise l’économiste Magaye Gaye.
En tout cas, certaines nominations ne sont pas sans rappeler les cas Aliou Sow et Modou Diagne Fada, fraîchement débarqués de l’université et nommés ministres par Abdoulaye Wade. Dans une réflexion Magaye Gaye rappelle qu’en principe le Président du Conseil d'administration n'est pas un salarié, il est payé sur la base de sa participation aux réunions du Conseil d'Administration par des jetons de présence.
Tout le contraire de ce qui se passe au Sénégal. C’est même le président Macky Sall qui a fixé les salaires des PCA dans le décret limitant les salaires des DG des sociétés publiques au lendemain de la seconde alternance politique. Macky Sall voulait mettre fin aux abus inédits de certains Directeurs généraux qui se payaient jusqu’à 16 millions par mois.
Dans ce décret du 16 novembre 2012, les montants vont de 2 000 000 par mois à 1 250 000 F Cfa par mois pour les Pca en fonction de la catégorie (importance) de la société. Seuls les autres membres du CA sont rémunérés par jetons entre 300 000 et 150 000, selon la catégorie. « Un PCA avec un salaire mensuel, un véhicule de fonction, un bureau où il reçoit sa clientèle, c'est devenu une réalité inquiétante au Sénégal à partir des années 2000 », regrette Magaye Gaye.
Il est peut-être temps pour les nouvelles autorités de revoir le poste de PCA dans les entreprises publiques au Sénégal. A quoi bon d’avoir un conseil d’administration ? Pourquoi pas supprimer simplement cette instance. On connaît bien la superpuissance des DG dans les sociétés publiques et parapubliques. Nombreux sont parmi eux qui ne dépendent même pas de leur ministre de tutelle, encore moins d’un PCA. Ce qui s’est passé entre l’ancien DG de l’Onas Cheikh Dieng et le ministre de l’hydraulique Cheikh Tidiane Dièye en est un exemple patent. Et c’était pire du temps de Macky Sall. Si le ministre n’arrive pas à contrôler le DG, que peut faire alors un PCA ?
Dans le privé, notamment les grandes compagnies, ce modèle s’explique. Le Conseil d’administration a un vrai pouvoir parmi lesquels définir les orientations et désigner le DG. Dans le secteur public sénégalais, c’est tout le contraire. Les conseils d’administration, à commencer par leurs présidents, ne sont qu’un wagon que la direction tire à sa guise. Au Sénégal, on a généralement deux cas de figures.
Soit un Pca qui a des relations distantes et froides voire heurtées avec le DG, sans aucun pouvoir sur lui. Il se contente d’empocher son salaire et de regarder les choses se dérouler. Bref, un Pca spectateur. D’ailleurs, ils sont nombreux les DG qui ont royalement ignoré les décisions du conseil d’administration pour agir à leur guise, sans conséquence. Soit un Pca en complicité totale avec le DG. Et généralement, c’est au détriment des deniers publics. Dans ce cas de figure, l’entente permet au Pca d’avoir sa part du butin. Au vue de ces deux cas, il y a lieu de se demander si le Sénégal ne gagnerait pas à supprimer le conseil d’administration pour économiser l’argent public.
A défaut de suppression que le CA soit un creuset de compétences et de réflexion et que le poste de président soit réservé à des gens ayant acquis une expérience avérée et pouvant apporter un plus à l’entreprise. Et non de jeunes politiciens qui n’ont pas encore mis les pieds dans le monde du travail et qui se retrouvent bombardés au sommet de la hiérarchie. Cet état de fait n’est ni du jub, ni du jubal encore moins du jubanti. Vivement donc le jubanti (redressement) au poste de PCA !
Commentaires (0)
Participer à la Discussion