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CONTRIBUTION: Le rappel de l’Ambassadeur du Sénégal au Caire ou comment les intérêts de partis boutent la compétence.

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CONTRIBUTION: Le rappel de l’Ambassadeur du Sénégal au Caire ou comment les intérêts de partis boutent la compétence.

Résidant au Canada et en mission au Caire depuis le 1er février pour deux mois, j’ai été amené à entrer en contact avec certains membres de la communauté sénégalaise notamment des étudiants et des membres du corps diplomatique parmi lesquels Son Excellence l’Ambassadeur M. Babacar Samb, ancien Chef du Département d’Arabe de l’Université de Dakar. En rencontrant les étudiants, je voulais donc approcher la communauté sénégalaise mais surtout m’enquérir, moi le francisant, de la situation des arabisants du Caire. Je voulais en savoir plus sur ces étudiants qui, parfois même après avoir terminé des études d’économie, d’informatique, de journalisme, etc., sont perçus, une fois rentrés au pays, comme des sermonneurs, bons pour la mosquée ou les émissions religieuses des radios et télévisions, et qui peinent à trouver un boulot dans un pays ou l’on a décrété, depuis le temps colonial, que le français est roi.
Au fil des conversations que nous tenions, les étudiants et moi, et desquels j’appris une foule de choses sur leur vie au Caire, le nom de l’Ambassadeur revenait souvent. Les étudiants disaient tellement de bien de cet homme - qui selon eux a réalisé en six mois ce que ses devanciers n’ont pu faire - que j’ai décidé d’aller à sa rencontre. Que ne fait-il pas plaisir de rencontrer en effet un Sénégalais adepte du travail, qui joint l’acte à la parole et constitue un modèle pour la communauté qu’il est censé servir.
Ma rencontre avec l’Ambassadeur eut lieu le mercredi 21 février 2007 par le biais du Conseiller culturel Mohamed Diaw qu’on venait de me présenter à mon arrivée à l’Ambassade (sise au 46, rue Abdel Moneim Riyad) et qui m’a affablement accueilli dans son bureau avant de me décrocher une audience avec Son Excellence. On m’expliqua d’abord que l’Ambassadeur était quelque peu pris mais qu’il était disposé à me recevoir. J’attendis donc quelques minutes puis l’Ambassadeur me reçut et me mit à l’aise. M. Samb m’expliqua qu’il était entrain de finir la rédaction d’un droit réponse adressé à un quotidien cairote, Al Akhbar, qui avait écrit un « torchon » sur le Sénégal. En sus des éloges des étudiants, je venais de découvrir moi-même, de visu, que cet homme était un patriote, quelqu’un de très engagé pour son pays.
Apres lui avoir expliqué les raisons de ma venue au Caire, je lui disais tout le plaisir que j’avais de rencontrer une personnalité citée en modèle par les étudiants. Durant notre conversation, l’Ambassadeur me parla de ses réalisations et de ses projets futurs, entres autres, octroi de bourses, décrochage de filières techniques (ce qui bien difficile à obtenir au Caire), insertion au pays par la création d’un centre de « recyclage » des arabisants, etc. Arguant du fait qu’il a été lui-même étudiant arabisant puis professeur d’Université, il est bien en phase avec les problèmes que rencontrent les étudiants, et par voie de conséquence, bien placé pour trouver les solutions idoines. Au delà des actes qu’il pose, M. Samb est très à l’écoute des étudiants qu’il reçoit, m’a-t-il dit, tous les vendredis. Ce qui est du reste confirmé par les étudiants eux-mêmes. Par les conseils qu’il prodigue, l’Ambassadeur est très apprécié des étudiants qui trouvent enfin un lui un « grand frère », quelqu’un qui non seulement est un bâtisseur mais leur tient aussi, chose importante, un langage de vérité. Bien qu’étant à leur chevet, il n’hésite pas à en effet à les reprendre si leur conduite, en quelque domaine que ce soit, n’était pas appropriée et bien réfléchie.
Après plus d’une heure d’horloge de palabres, je quittais enfin son bureau non sans lui avoir signifié mon intention d’envoyer un écrit à la presse sénégalaise pour témoigner du Sénégalais modèle qu’il était, et pour parler également de la situation des étudiants sénégalais du Caire.
C’est en travaillant sur l’article en question que j’ai appris, à ma grande surprise, par voie de presse (Wal Fadjri du18 mars 2007), le rappel de M. Samb de ses fonctions. A en croire la presse, l’Ambassadeur serait victime d’une « purge qui va rompre les dernières amarres qui liaient encore Aj/Pads et son allié libéral, le Pds ». Un décret serait même entrain d’être écrit à cet effet.
Si cette information s’avérait vraie, elle serait non seulement inacceptable, mais bien triste pour tous les férus de travail. Elle montrerait surtout qu’on a sacrifié un modèle, une compétence réelle sur l’autel de la politique politicienne. Elle illustrerait le fait que les intérêts de parti seraient, hélas, bien au dessus de la quête de la compétence dans notre cher Sénégal. La logique cruelle et tranchée de Georges Bush l’aurait emportée dans notre façon de faire de la politique: « Ou vous êtes avec nous, ou vous êtes avec nos ennemis ». M. Samb aurait eu le malheur de faire parti de « l’Axe du Mal », celui qui n’a pas soutenu le camp présidentiel et qui, pire, a osé se présenter aux élections contre lui.  
J’ai encore été bien triste, moi qui de façon générale abhorre au plus profond de mon être la politique politicienne, en apprenant que des étudiants du PDS établis ici au Caire ne seraient pas partant pour signer une pétition demandant le maintien de l’Ambassadeur. Sachant que M. Samb était membre du parti AJ/PADS, ce qui est d’ailleurs son droit le plus absolu et n’empêche qu’il puisse servir adéquatement le pays, ces étudiants militant du PDS le verrait bien s’en aller et qu’à la place on envoie un membre du parti au pouvoir. Quelle logique cynique et irréfléchie ! En voila bien des manières pour des étudiants qui jouent le jeu parfois sale des politiques de notre pays ! Pris dans l’engrenage des intérêts de partis, ce groupuscule voue aux gémonies les conditions d’études en « vomissant » la compétence, en rejetant les actes plus que louables posés par l’Ambassadeur à l’endroit de tous les étudiants, et qu’il s’apprêtait à consolider.
Etant moi-même dans l’incapacité avérée de maintenir l’Ambassadeur à son poste si son départ venait à être confirmé, j’ai décidé de prendre ma plume et espère que le Président de la République entendra ma voix. Lui qui, dans ses discours en appelle souvent à la compétence, la considère comme primordiale au point d’aller quérir des Sénégalais brillants à l’extérieur du Sénégal ; qu’il maintienne, si la compétence n’est pas un vain mot pour lui, à son poste cet homme qui, dans l’exercice de ses fonctions a su neutralisé ses intérêts de parti - ce qui n’est pas le cas de tout le monde, disons-le - pour servir, avec toute la rigueur qui sied, l’intérêt général des Sénégalais d’Egypte. Il en va de la compétence dans notre pays.




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