L’an 2000 restera une année historique, dans la mesure ou les sénégalais ont élu leur président sans verser une seule goutte de sang. S’il est vrai que la configuration de l’échiquier politique sénégalais de l’époque était classique, avec le président Diouf et Me Wade son principal challenge portant sur des élections uniquement présidentielles, l’année 2007 s’annonce cruciale et énigmatique pour plusieurs raisons.
Le président Wade a décidé contre le droit d’organiser des élections couplées (présidentielles et législatives). Cette mesure constitue une dérive de plus, et que lui-même s’était opposé quand il était dans l’opposition. Le Sénégal n’a pas d’expérience dans la gestion et l’organisation d’élections couplées, ce qui alimente des suspicions sur la transparence et le bon déroulement de celles –ci.
En plus, en 2000 l’échiquier politique sénégalais était plus dégagé : le camp présidentiel est marqué par des déchirements internes qui minent le parti vers la victoire en 2007. En plus l’age du président sortant constitue un problème dans le déroulement d’élections démocratiques.
L’opposition est mal structurée, et les observateurs les plus avertis ont du mal à identifier le leader de l’opposition sénégalaise. A l’image de cette opposition, les sénégalais sont nostalgiques, aujourd’hui de l’opposant emblématique que symbolisait Me Wade. Car Me Wade en son temps était loin d’être frileux, il avait surfait sur une stratégie de dénigrement du pouvoir, cumulé d’actes courageux et stratégiques, en témoigne ces déplacements dans le campus de l’UCAD ou ces descentes sur le marché Sandaga. L’opposition actuelle est l’image d’un octogénaire qui a besoin du viagra pour se revigorer. Mieux, Elle est très bien souvent complice des dérives du pouvoir de Me Wade, ce qui fait que le pays est dans l’impasse quant au futur locataire du palais de la république.
Le Sénégal est dans le gouffre, et je me refuse de croire qu’on est atteint le seuil d’irreversibilté. Combien sommes-nous à avoir mal au Sénégal ? Le Sénégal ne cesse de se chercher des occasions d'espérer mais il ne se trouve que des malheurs : le naufrage du Joola, la loi Ezzan, la corruption dans la magistrature, les feuilletons politico judiciaires liés à des enrichissements illicites, l’échec de l’organisation du Baccalauréat 2006 lié à des négociations bâclées avec les enseignants, la faillite du fleuron de l’industrie sénégalaise liée à la corruption au plus haut niveau de l’Etat, les coupures d’électricité intempestives, l’arrogance des autorités étatiques (en la personne du mi-nistre F.Senghor), les tensions inutiles qui existent Dakar et certaines capitales africaines, la situation économique et sociale difficiles des sénégalais, comme en témoigne les détestables odyssées maritimes de jeunes sénégalais pour rejoindre « l’eldorado » au prix, malheureusement, de leur vie. S’il est vrai que Me Wade a fait mieux que son prédécesseur en termes de construction d’infrastructures, l’image démocratique de notre pays s’est plus écornée sous sa présidence. Son comportement sulfureux nourrit les regrets des sénégalais sur son ancien président charismatique, en la personne d’Abdou Diouf. Mais par l’irrésistible attrait et les privilèges qu’il procure, le pouvoir a transformé bien des alternances prometteuses en expériences stériles voire calamiteuses. Nous enrageons de voir notre pays décrié, dénigré et caricaturé à l’étranger.
Le salut ne viendra certainement pas d’Idrissa Seck, ex-fils du Président Wade. Tombé en disgrâce à cause d’une affaire non élucidée à ce jour, Idy rejette l’héritage du régime libéral, qui en réalité le tien. Ce rejet en dit long sur la gestion très opaque et arbitraire des affaires de l’Etat par son ex mentor et de sa bande. Idrissa Seck doit assumer et accepter qu’il est comptable de l’humiliation et des souffrances affligées par ce régime au peuple sénégalais.
La candidature annoncée d’un non professionnel de politique (Ousmane Kâne) issu de la diaspora peut être intéressant dans l’étude d’une alternative crédible pour notre pays. Le fait que M.Kâne soit un non professionnel de politique est plein d’avantage, car le milieu politique, en général, est caractérisait par l’hypocrisie, le mensonge, l’enrichissement illicite, athéisme, l’homosexualité... Mieux, sa candidature peut être originale, car depuis 46 ans les responsables politiques sénégalais ont abîmé la politique, ainsi que la justice, l’État de droit, l’économie, la santé, la liberté, le patriotisme,…
De toute façon, une nouvelle ère s’ouvre en Afrique avec l’avènement à la tête de certains pays de non professionnels de la politique (l’ancienne économiste à la Banque Mondiale : Ellen .J. Sirleaf, l’ancien Président de la Banque Ouest Africaine de Développement (Boad) : Thomas Yayi Boni, ou encore la nomination de l’ancien gouverneur de la BCEAO : Charles Konan Banny). Certes, ces trois personnalités sont loin d’être inconnues, elles ont embrassé une carrière internationale ou interafricaine qui les portées aux responsabilités. Mais leur grand atout reste leur relative virginité politique, seule susceptible de marquer une véritable rupture historique. En plus, face à des systèmes politiques bloqués ou fossilisés, l’émergence de ces gestionnaires souligne une approche innovante malgré des contextes très différents d’un pays à l’autre. Ces nouveaux dirigeants devront insuffler une nouvelle gouvernance fondée sur le respect de la chose publique et afficher l’orthodoxie dont ils ont su faire à la tête des institutions qu’ils ont servies, la pire chose étant ici un renouvellement sans renouveau. J’estime qu’aucun observateur logique ne saurait faire un pronostic sur l’issue des élections de 2007. Ce qui est sur, c’est le peuple sénégalais est un grand peuple, et à mon sens qu’il ne passera pas à coter d’une échéance aussi déterminante que celle de 2007. Il devra réussir 2007 plus que 2000, mais tous ceci sera valable si Me Wade organise des élections démocratiques.
DIAGNE Souleymane Astou
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