Voir ces jeunes risquer leur vie dans cette entreprise funeste devrait avoir un autre effet sur l'imaginaire populaire. Au lieu de parler de suicide, ceci devrait nous faire comprendre combien le jeune sénégalais souffre du desespoir. Si vous y voyez du suicide, moi j'y vois de la détermination, de l'HONNEUR. Loin de moi l'idée de cautionner les voyages clandestins vers l'Europe, mais je les comprends. Dans l'obscurité, l'âme n'est guidée que par la lumière. Peu importe si elle est illusoire. Pendant des années, ces jeunes ont vu leurs proches souffrir de la pauvreté quand, de l'autre côté, les politiques vivaient dans l'opulence. Quand, toujours de l'autre côté, les émigrés construisaient des maisons dans des temps records.
Maintenant, comment faire pour renverser la tendance ? Ces derniers jours, les "porteurs de voix" ont pris la parole. Sportifs, artistes, célébrités... un geste respectable. Mais la solution ne réside pas dans la parole. Les mots n'ont jamais rassasié le pauvre et ne permettront pas aux jeunes de trouver du travail. La solution, pourtant, ne réside pas au fond d'un tiroir. Elle est là, devant vous monsieur le président et devant nous tous. La solution, c'est de trouver du travail décent à ces millions de jeunes sénégalais. Ils souhaitent un emploi qui leur permettra de subvenir aux besoins de leur famille, de construire une maison et vivre convenablement. Pour les retenir au pays, il faut faire de telle sorte qu'ils aient ici ce qu'ils vont chercher ailleurs.
Je connais votre dessein pour le Sénégal et nul doute que vous ferez tout ce qui est en votre capacité pour renverser la donne. Mais pour y arriver, Président, il faut d'abord reconnaître cette vérité pour pouvoir y remédier. Votre prédécesseur ignorait publiquement l'émigration. Vous, vous l'évoquez, mais en ignorant la teneur du message que vos jeunes sujets vous envoient.
L''émigration clandestine n'est pas du suicide M. le Président. C'est le symbole d'une jeunesse déboussolée, désorientée. A vous maintenant d'écrire le reste de l'histoire.
Mouhamed CAMARA
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