Samedi 27 Avril, 2024 á Dakar
Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Contribution

OPINION - L’AUDIT DU FICHIER ELECTORAL EN QUESTIONS

Single Post
OPINION - L’AUDIT DU FICHIER ELECTORAL EN QUESTIONS

Aujourd’hui que nous sommes à deux mois pratiquement des élections devant se tenir le 25 février 2007, avant le démarrage de l’audit du fichier électoral, prévu pour le 2 janvier 2007, si tout se passe bien, il importe d’expliquer les péripéties par lesquelles nous sommes passés depuis l’acceptation dudit audit par le Chef de l’Etat, lors de la rencontre avec une délégation de la LD/MPT conduite par son secrétaire général, Abdoulaye Bathily, le 10 novembre 2006, au Palais de la République.

Une plénière, regroupant l’ensemble des partis légalement constitués, avait alors été convoquée, le vendredi 17 novembre 2006, par le ministère de l’Intérieur, afin de définir les modalités pratiques de l’audit du fichier électoral. Dans une ambiance assez électrique, est-il utile de préciser. D’emblée, le ministre a voulu décliner les objectifs recherchés à savoir, les personnes décédées (que Dieu les accueille dans son Paradis), les mineurs, les personnes ayant perdu leurs droits civiques et les inscriptions multiples. Ensuite, il a été fait cas des conditions de réalisation, du calendrier et du type de communication sur lequel tous les acteurs devaient trouver un consensus.
Nous lui avons naturellement fait part de notre désaccord profond avec cette démarche puisque, à notre avis, les termes de référence ne pouvaient être débattus qu’en commission technique et que ce serait bien la première fois qu’un organe à auditer donne les termes de référence de son propre audit !

Ainsi fut fait. Lors de la première séance, les représentants de la mouvance présidentielle sont revenus à la charge avec les mêmes objectifs. Si pour les personnes décédées, bien qu’elles ne représentent pas un pourcentage appréciable, cela peut se concevoir, mais en ce qui concerne les mineurs, cela voudrait dire que le cahier de charges, qui stipule que ne peuvent être inscrits dans le fichier que les personnes âgées de dix-huit (18) ans au plus le jour du scrutin, n’aurait pas été respecté et un simple « verrou » sur le champ Date de Naissance aurait suffi à empêcher ce cas.

Pour les personnes ayant perdu leurs droits civiques, cela aussi voudrait dire qu’un travail en amont qui aurait consisté à se procurer le fichier les concernant auprès du ministère de la Justice n’avait pas été envisagé.

Le plus grave concerne le cas des inscriptions multiples, pour la bonne et simple raison que le rempart biométrique utilisé devait interdire ce cas de figure. La direction de l’automatisation des fichiers (DAF) en détient un album. On nous avait d’ailleurs dit, bien avant le démarrage de la procédure d’inscription, que si quelqu’un s’inscrit, par exemple, le matin, à Pikine, et le soir à Rufisque, l’ordinateur ne garderait que la première inscription, ce qui avait mis en confiance les moins avertis d’entre nous. A l’exercice, nous avons la preuve irréfutable que le système ne parvient pas à reconnaître les empreintes digitales.

Au total, en voulant nous imposer leurs propres termes de référence, ils ont administré la preuve que leur système contient de nombreuses failles et que le fichier n’offre aucune garantie de fiabilité. De plus, aucune étude de faisabilité conséquente n’a été menée. C’est plus que manifeste.

Un consensus a finalement été trouvé en intégrant nos termes de référence, beaucoup plus exhaustifs, allant du mode d’inscription jusqu’à la délivrance des cartes et leur distribution, en passant par le mode d’acquisition des empreintes digitales, leur traitement, et ceux de la mouvance présidentielle qu’on aurait pu englober sous le vocable Inscriptions frauduleuses.

Une autre discussion a eu lieu lorsqu’il s’est agi de désigner le staff du comité de pilotage. Le ministère avait proposé de donner la présidence à la CENA. Ce que nous avons récusé parce que n’ayant aucune confiance en cette structure qui s’est contentée jusque là d’accompagner la procédure en faisant ça et là de timides remarques sur les manquements constatés. Notons qu’elle nous a cependant permis de conforter notre thèse sur les détenteurs de cartes multiples différentes en épinglant un certain Abdoulaye Diallo qui se serait inscrit une première fois avec sa carte d’identité et une seconde fois en utilisant un extrait obtenu lors d’une audience foraine (cf. le Quotidien n°1180). Combien sont cependant passés entre les mailles du filet ?

Au finish, nous avons eu quatre séances (23 novembre, 29 novembre, 5 décembre et 14 décembre 2006) qui ont toutes duré entre deux et trois heures de temps sinon plus. Sans un seul verre d’eau ! C’est dire toute la disponibilité du ministère à mener à bien l’audit du fichier électoral.

Il nous apparaît évident, aujourd’hui, que l’on a dépensé une somme astronomique, plus de vingt milliards (!), pour une affaire qui ne marche pas, dans un pays qui ne parvient pas à évacuer ses ordures ménagères, qui se permet des pénuries de toutes sortes et notamment de gaz avec des queues rappelant tristement l’après-guerre. Avec une somme pareille et pour ce qu’on en a fait, j’aurais pu séduire la Reine d’Angleterre !

Le fichier de la controverse.

C’est ainsi que nous pouvons nommer ce fichier que la CENA déclare avoir reçu par courrier, le 29 novembre dernier, sous le n° 1686.MINT/DGE/DOE, du Directeur général des élections (DGE), Cheikh Guèye, au contenu suivant : « Je vous transmets ci-joint le fichier électoral provisoire sous forme de support informatique (clé USB) »…

Cependant, disent les membres de la CENA, « en exploitant ladite clé USB, nous nous sommes rendu compte que la publication concerne 3.375.120 citoyens qui ont effectué le déplacement pour se faire inscrire sur les listes électorales, alors que la dernière publication hebdomadaire du ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales, à la date du 30 novembre 2006, concernait 4.907.088 inscrits, ce qui fait ressortir un déficit de 1.531.968 que l’on pourrait attribuer soit à des omissions, soit à des radiations régulièrement notifiées ou non encore notifiées, soit aux deux à la fois ». .. Clair !

La polémique plus que puérile qui s’en est suivie, sur la compétence de l’informaticien de la CENA ou la puissance des machines n’avait aucunement sa raison d’être. Il aurait été beaucoup plus judicieux de mettre ladite clé sous scellés et de la faire expertiser par un cabinet neutre choisi d’accord parties.

En tout état de cause, ce chiffre (3.375.120) nous paraît beaucoup plus proche de la réalité en ce qu’il explique le pourquoi de la suppression du quart bloquant. Puisque si on admet qu’à chaque élection environ 65 à 70% de l’électorat se déplace, ce qui correspond à, respectivement 2.193.828 et 2.362.584 votants dont les 50% représenteraient moins de 1.250.000, le fameux quart bloquant, au cas où le chiffre de 5.000.000 (?) serait maintenu, alors aucun candidat ne pourrait passer au premier tour.

Lors de notre dernière séance, nous avons d’ailleurs demandé à entrer en possession de ce fichier, pourtant remis solennellement au Président de la République, toujours sous forme de clé USB. Un refus, à la fois poli et suspect, nous avait été servi.
Il est donc heureux que la CENA, dans un sursaut d’orgueil et une tardive prise de responsabilité, ait cru bon d’interpeller le Chef de l’Etat, pour une réunion de tous les acteurs impliqués dans le processus électoral afin de trouver une solution à ce très délicat problème pour lequel on se perd en conjectures à la limite de la déraison.
Mais, celui-ci, sous informé qu’il est et persuadé qu’il détient le meilleur fichier électoral au monde, sera malheureusement difficile à convaincre.
En définitive, nous attendons patiemment l’audit du fichier afin de permettre à notre pays de connaître des élections libres, justes, démocratiques et apaisées avec zéro contestation.
Notre conclusion de notre premier article de juillet 2004 (« Le fichier électoral dans tous ses états », Wal Fadjri, 2 & 4 août 2004, Le Soleil, 6 août 2004, Le Messager, 7 août 2004) est toujours d’actualité en citant le président A. Bathily qui disait que : « la classe politique sénégalaise, pouvoir comme opposition, est une classe politique responsable ».
Mais pour ne rien vous cacher, je ne suis pas très optimiste….

Iba GUEYE
Ingénieur en Informatique
Plénipotentiaire CPA
LD/MPT
E-mail : [email protected]



0 Commentaires

Participer à la Discussion

  • Nous vous prions d'etre courtois.
  • N'envoyez pas de message ayant un ton agressif ou insultant.
  • N'envoyez pas de message inutile.
  • Pas de messages répétitifs, ou de hors sujéts.
  • Attaques personnelles. Vous pouvez critiquer une idée, mais pas d'attaques personnelles SVP. Ceci inclut tout message à contenu diffamatoire, vulgaire, violent, ne respectant pas la vie privée, sexuel ou en violation avec la loi. Ces messages seront supprimés.
  • Pas de publicité. Ce forum n'est pas un espace publicitaire gratuit.
  • Pas de majuscules. Tout message inscrit entièrement en majuscule sera supprimé.
Auteur: Commentaire : Poster mon commentaire

Repondre á un commentaire...

Auteur Commentaire : Poster ma reponse

ON EN PARLE

Banner 01

Seneweb Radio

  • RFM Radio
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • SUD FM
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • Zik-FM
    Ecoutez le meilleur de la radio

Newsletter Subscribe

Get the Latest Posts & Articles in Your Email