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[ Contribution ] Un autre « Benno » est mieux

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[ Contribution ] Un autre « Benno » est mieux

Au lendemain de la victoire de l’opposition sur le président Abdou Diouf, tout le peuple avait jubilé y compris les vaincus. Pendant quarante années d’affilées, ils n’ont connu qu’un seul régime avec des vicissitudes multiples, il était tant que l’on découvre autre chose. Au regard du départ sage, passif et murement réfléchi du Président Senghor pour un Etat en construction, Abdou Diouf son successeur avait vu juste et compris que le peuple aspirait à un véritable changement. Il a su se comporter de façon à accompagner ce tournant de l’histoire du Sénégal avec une grande dignité.  Son appel téléphonique de reconnaissance de la victoire d’Abdoulaye Wade à la veille même de la publication des résultats, était encore un acte de grandeur et de vitalité institutionnelle que le Sénégal venait de réaliser aux yeux du monde. 

A l’époque, les leaders politiques ont su mettre en place une stratégie d’union dont la formule a été efficace et a permis de profiter du déroulement d’un suffrage démocratique dans la vie des institutions de la république. Si Abdoulaye Wade avait jubilé, les sénégalais étaient aussi contents. Et notre pays marquait encore beaucoup de points pour gagner la confiance des bailleurs et des investisseurs étrangers. Ce changement de régime était agréable à lire, à entendre, à voir et à raconter dans la presse nationale comme celle internationale et dans le débat public tout court. L’opposition politique y était parvenue sur fonds d’entente sur l’essentiel en tirant les leçons d’échec des scrutins précédents. En 2000, la démocratie sénégalaise s’est montrée comme une flamme olympique et dire « je suis sénégalais » te conférait le titre d’un porteur d’espoir et d’un emblème d’une vaillante jeune nation en construction. Ce fut un engouement patriotique et un sursaut national.  

Le principal bénéficiaire, Maitre Abdoulaye Wade est maintenant à deux doigts de la fin de son second mandat. A mis parcours, si on s’aventurait à faire le bilan de son magistère, on réaliserait aisément qu’il a conduit le pays dans un désastre institutionnel et financier. Pas une seule institution n’a fait l’objet d’une modification arbitraire, parfois taillée sur mesure pour créer un forfait qui a couté des milliards au contribuable sénégalais croupis dans un cachot de désespoir. La tour Eiffel de Paris créée en 1889 par Gustave Eiffel à l’occasion de l’exposition universelle de 1889 à Paris mesure 324m et a couté à la France 6,5 millions dont 1,5 million de dons, le statut non prioritaire de Wade a couté au contribuable sénégalais la bagatelle de un milliard. Sous ce rapport et vu la monstruosité de l’échec, une nouvelle alternance s’impose. Mais au regard et à l’examen des personnalités politiques voulant briguer les prochaines investitures, (sans être Diéysite ou salliste) deux par défaut, peuvent faire l’objet d’une attention particulière. Cheikh Bamba Dièye et Macky Sall. J’y reviendrai plus tard. 

Mais je voudrais attirer l’attention sur le fait que le monde actuel est devenu une « société du savoir ». Tous les mécanismes de développement se réalisent aujourd’hui sur la base de nouvelles acquisitions de compétences pointes des sciences et des technologies les plus récentes. Quoique l’économie capitaliste soit la caractéristique essentielle des systèmes économiques actuels, il faut noter que tous les leviers sont calculés sur la base d’objectifs opérationnels. Plus de suppositions, plus de conjectures inutiles, le monde ne fonctionne plus sur des postulats et des démarches hasardeuses. Les programmes de toute nature, les politiques de toute forme, sont exécutés avec l’usage optimal de compétences opérationnelles, des savoirs d’actions, des connaissances situées, des savoir-faire et des faire-agir, fixés et planifiés sur des temps record. Les méthodes de travail ont considérablement changé. Au niveau de tous les segments de la chaine de production, il doit y avoir de l’efficacité et de l’efficience et aucun domaine n’est épargné (secteur primaire, secondaire, tertiaire et services). C’est une cadence mondiale à laquelle sont soumises toutes les nations. La globalisation exige de la performance, des capacités indéniables, de l’habileté, de l’ardeur, de l’endurance et d’opiniâtreté. Il faut savoir annoter, planifier, faire des études de cas, simuler, quantifier, utiliser des grandeurs exponentielles, des logiciels informatiques multiples, savoir réaliser plusieurs tâches dans un temps record etc. etc. Il faut de la force physique, de l’éthique et jouir d’une bonne moralité. Quoi qu’elle exige de l’halène, il n’y a pas d’excuse pour une nation de ne pas suivre. Sinon elle va droit au mur. La nature de ces exigences est à la fois physique et intellectuelle. Mais pour notre jeune Sénégal, il n’y a pas de raison de s’alarmer, les plus fines ressources des savoirs de pointe les plus récents, existent et sont disponibles. C’est indéniable. 

Mais quand je me suis mis à examiner les personnalités de l’échiquier politique actuel,  les prétendants à la haute magistrature du Sénégal, j’ai réalisé comme bon nombre de sénégalais qu’elles sont physiquement disqualifiées et intellectuellement mortifères. Ils trainent tous des pathologies abominables, ils ont construit leur expérience sur la tricherie, la magouille, le népotisme, la démagogie, le pistonnage, la fourberie et ont construit en même temps des réseaux de relations immorales rejetant toute renouvellement de génération. Ils sont laxistes et complexés.  

Pourtant intellectuellement, mêmes mal utilisées, la plupart d’entre eux, frais à leur poste de travail, ont disposé de compétences réelles, mais ils ont fini par devenir des fossoyeurs de la république dans le long couloir de la gestion des affaires de la cité. Leurs connaissances, leurs manières de penser l’Etat, sont maintenant dépassées et réformées. Cette époque n’est plus la leur. Par ordre alphabétique nominal populiste, Barthily, Dansokho, Der,  Idrissa, Madior,  Niass, Tanor et tous les autres dont l’âge est compris entre 50 et 100 ans sont archaïques. Ils sont vieux par nature et dépassés intellectuellement. Ces hommes sont des lithodomes et les temps modernes ne veulent plus de vieux radins à la tête des nations. La sagesse sénégalaise est une réalité, la qualité de ses homme une évidence, il ne reste plus qu’à accéder au développement, mais celui-ci ne peut se construire ni par ces hommes, ni sur des données métaphysiques, mais par la maitrise et l’application rationnelles des lois qui fondent la nation sous la responsabilité d'un homme d'une moralité et d'une probité exemplaires jouissant des connaissances nouvelles. 

Le Benno est né sur les cendres du Front pour l’alternance, mis sur pied le 7 mars 2000 pour soutenir le candidat Wade arrivé en tête, au second tour, après Diouf. Cette coalition était pertinente et opérationnelle à l’époque et au soir du 19 mars, ils ont récolté leur moisson. Cette force est créée sous les auspices de chefs d’opposition précédemment cités et qui se sont ligués pour renverser un régime de 40 ans de règne sans partage. Une fois au pouvoir et après de vilaines péripéties qui ont marquées le règne de Wade qui a suscité tant d’espoir et lâché tant de bonne volontés, voir couler tant de sang et de malédictions, voila encore l’opposition condamnée à se coaliser sous la direction des mêmes chefs caractérisés par une hétérogénéité de vision non innovante. Ces hommes usés sous l’érosion du parti socialiste, se sont fossilisés sous le dictat de Wade et pour autant le Benno est devenu obsolète. C’est une structure complexe de nature et instable en pratique. Les chefs d’opposition qui la composent, même s’ils acceptent l’opinion plurielle, ils sont entre eux des belligérants et gladiateurs, ils ne peuvent s’entendre et ne sont plus aptes à diriger la nation. Ils devraient accepter de tirer leur révérence et laisser la place aux générations nouvelles, mais ils sont accros au pouvoir. 

Pour Macky Sall ce Benno a été monté pour combattre le régime libéral instauré par son parti d’origine. En conséquence, sa philosophie transcende son entendement et il est quasi utopique de s’entendre avec eux, y participer serait un suicide pour lui. Jamais il ne pourra avec ce Benno réussir un projet de société commun et innovant. Pour Bamba Dièye, son jeune âge est pour eux une raison de s’aligner et d’accepter qu’il lui reste encore du temps pour gagner en expérience, si bien que, il ne peux être qu’un mouton de panurge et un « béni-oui-oui ». Pour tous les deux, ils sont disqualifiés à participer à ce géant aux pieds d’argile.

Que faire, alors qu’un seul parti ne peut pas débouter ces malfrats à la tête des institutions ? C’est à cela que je voudrais m’entretenir avec eux.

Ils ne sont pas aussi bons tous les deux, sinon rien ne le justifie, on le sait, mais ils semblent avoir de la dignité, de la vergogne et du charisme. Les actes qu’ils ont posés jusque là sont résolus et pleins de détermination. Cela a fait que, pour nous autres citoyens meurtris, mais n’ayant pas la culture de nommer un candidat indépendant, ils sont les seuls porteurs d’un espoir nouveau et nos cœurs restent partagés entre eux. Il leur suffit juste d’être constant dans cette dignité de fer, d’avoir une volonté de mettre de côté tous leurs intérêts particuliers et de prendre la décision ferme de former un binôme, une « seule entente » sans aucun autre parti pour aller aux élections avec  beaucoup d’audace. Il s’agit de procéder par un examen de conscience et de se rendre compte que le peuple a du mérite et que l’homme politique qui peut le sauver ne doit pas être comme un horizon qui recule toujours chaque fois qu’il nous semble  proche. Aujourd’hui tous les deux semblent incarner cet homme. Alors s’ils décident de concrétiser l’espoir que le peuple porte en eux, à mon sens, ils doivent former une seule unité de combat et cette entité pourrait fonctionner de la manière qui suit. 

Comme les ambitions sont les mêmes et le compagnonnage politique délicat. Leurs états-majors peuvent se retrouver pour établir un pacte dont les termes consistent à former une seule force contre tous les autres, y compris le Benno. Dans ces moments particuliers, si l’intelligence et l’intérêt supérieur de la nation pouvaient être le guide des retrouvailles, les états-majors parviendraient à une candidature unique. Mais comme c’est quasi utopique au regard de la mentalité malsaine qui caractérise les directions de partis, ils peuvent le faire de la manière la plus simple. Comme chacun d’eux a besoin de connaître sa représentativité politique, chacun, des deux, cavalera « tout seul » jusqu’au second tour. Une remarque quand même: « tout seul » n'est pas ici synonyme de singulier, le pacte est déjà scellé, mais ils ont choisi de s’inscrire seulement dans une logique d'autoévaluation. D'ailleurs ce qui est original ici, nouveau et déterminant, c’est qu’ils auront depuis la signature du pacte et pendant les deux campagnes, du premier comme du second tour, un discours commun, une profession de foi commune, un projet de société commun méticuleusement établi. Ils diront au peuple, dès la mise en place de ce pacte et de façon publique, qu’ils forment une seule force  pour gouverner ensemble. Durant toute cette période, chacun véhiculera un discours prenant en compte les aspirations de l’autre. En un mot, ils auront le même slogan, les mêmes posters avec leurs deux effigies, des bulletins de vote approximativement identiques et ils tiendront même des meetings communs surtout à Fatick et à Saint-Louis où l’un comme l’autre demandera à ces militants de voter le candidat de la localité pour montrer qu’ils forment une seule personne. Unitile ici de parler de soutien, ils doivent, tous deux, battre ensemble campagne du début jusqu’à la proclamation finale des résultats définitifs des élections. 

Pourquoi ils doivent fermer la porte et rester en binôme ? Parce qu’à la victoire, le choix des hommes pour former les équipes (gouvernement et postes nominatifs) et prendre au sérieux la destinée du Sénégal, est hypothéquée. Chaque parti se réclamant de droits et in finé les hommes sont malchoisis. Parce qu’aussi les ententes à partis multiples sont fragiles et  intrinsèquement ingérables. Mieux ceux qui sont à la tête des partis aujourd’hui sont usés, sales de mains ; et ils risqueraient de se faire souiller par ces bandits de grand chemin.

Au soir de votre victoire, le vainqueur devient président, le second président de l’assemblée et les premiers actes à poser sont de nature à restaurer l’autorité de l’Etat de droit et le texte fondamental de la constitution, abroger le serment du président et le fonder sur le coran, la bible et la thora et même le zabour s’il s’avère qu’il existe des adeptes de Davide.

 

Alioune Badara Ndior

Doctorant à l’Université de Strasbourg / France



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