Ce n’est certes pas un débat, mais des prises de positions isolées qui se font jour depuis quelques temps, et qui nous préoccupent profondément, nous de Benno Siggil Sénégaal qui avions pris part aux assises nationales, et qui y croyaient avoir résolument tourné le dos aux calculs à la petite semaine, tant l’immensité des attentes des sénégalais nous faisait du souci.
Nous sommes aujourd’hui dubitatifs par ce qu’on entend à travers les média, de la part de certains membres de cette coalition en qui sénégalais et sénégalaises portent un immense espoir.
C’est comme si les vieux démons de la politique politicienne reprenaient du service. Je n’ose y croire. Les jours à venir permettront de saisir le sens profond des points de vue jusque là énoncés. Oui il y a des zones d’ombres dans les propos tenus ici et là, elles sont révélatrices du fossé qui sépare les uns des autres dans Bennoo.
En tout cas le message du Sénégal des profondeurs lors des consultations citoyennes était sans ambages. Nos compatriotes avaient été clairs sur le besoin d’une EQUIPE conquérante qui rassure, au tour d’un capitaine du navire Sénégal, pour battre le régime d’Abdoulaye Wade aux abois dépensier et arrogant, et remettre le Sénégal sur orbite.
Les sénégalais l’avaient fait savoir avant l’élection présidentielle de 2007 sans être écoutés ni entendus par les leaders politiques, jusqu’ à l’ultime minute devant le domicile de Amath Dansokho.
Ils durent se résoudre à faire un choix certes périlleux, mais ils en avaient pris le risque. Le résultat on le connait, même si on parle de fraude (Dieu sait qu’il y en a eu !).
Aujourd’hui on parle encore de candidature unique sans vraiment y croire, comme un prétexte pour se cacher derrière son petit doigt et tromper les sénégalais, alors que c’est leur vœu le plus ardent. Ils l’ont dit lors des élections locales, même si certains semblent faire le distinguo entre locales et présidentielle pour relativiser cette leçon historique. L’esprit de 1999 -2000, fait d’humilité et d’engagement doit prévaloir au sein de bennoo siggil sénégaal. Ce n’est pas encore le cas et il se fait tard.
Les relations entre membres de Benno Siggil Sénégaal doivent impérativement être des relations d’équivalence pour reprendre une expression mathématique. Autrement dit, elles doivent être réflexives, symétriques et transitives.
A défaut elles se résumeront en de simple relations d’ordres, par nature anti symétriques, induisant de fait un nombrilisme, qui a terme risque de lézarder le bloc qui a conduit aux résultats des locales, soit par pêché d’orgueil de ceux considérés à tort ou à raison comme « petits » partis, soit par une hypertrophie délirante d’un Moi partisan qui ne voit en l’autre qu’une quantité négligeable. Je veux dire simplement que l’ensemble que constitue Bennoo qui a été le socle de la légitimité de tous ceux qui ont été élus par les sénégalais ne peut et doit être le cheval de Troie de personne.
Le sénégalais ont fait confiance à des équipes au sein desquelles, (et ce le moins que l’on puisse dire) les meilleurs n’ont toujours pas été élus, par l’unique volonté de faire des équipes consensuelles, sur la seule base de la solidarité et du respect entre « nawlés ».
Il est dommage d’observer que certains membres du Bennoo commencent déjà, inconsciemment, à proposer des manipulations de la Constitution pour résoudre les contradictions internes de cette coalition.
Il ne fait aucun doute que si l’on préconise un mandat de transition de trois ans pour un président élu sous l’empire de l’actuelle Constitution qui en fixe le terme à 5 Ans, on fait comme Wade qui, en voulant régler des problèmes du PDS, tripatouille la Constitution. Les Sénégalais ne nous le pardonneront pas. C’est quoi 5 Ans face à l’immensité des tâches toutes les unes aussi vitales que les autres. Peut on faire comprendre à un cousin de la banlieue vivant dans les eaux en parfaite cohabitation avec grenouilles, petits poissons et reptiles, qu’il faut attendre qu’on élise un président à qui on va demander de réduire volontairement son mandat, et organiser d’autres élections avant de s’occuper de son quotidien ?
As-t-on oublié que le calendrier républicain obéissait à des séquences et des délais en ce qui concerne l’organisation des élections ? Faut-il alors organiser un référendum pour mettre à plat le dispositif constitutionnel avant d’organiser d’autres élections ? Le Sénégal peut il se payer ce luxe là au moment où le citoyen lambda trinque.
Que l’on ne s’y méprenne, c’est questions sont hautement importantes. Elles ne peuvent être bâclées par des raccourcis.
Ce qu’on a reproché pendant 9 ans à Abdoulaye Wade on ne pourrait le faire après lui sans péril. Il a fait 14 modifications constitutionnelles si mon décompte est bon, soit un ratio 1, 5 réforme par An. Si Benno préconise l’hypothèse d’un référendum constitutionnel, et d’une élection au bout de 3 ans de transition, on retombe sur les mêmes travers que Wade avec un ratio identique.
Qu’on le dise ou non, le discours qu’on entend depuis un moment repose essentiellement sur deux préoccupations qui s’excluent mutuellement. D’abord, comment arriver le plus vite au pouvoir. Ensuite, comment éliminer d’autres candidats gênant de la course avec une Constitution taillée à l’aune de cette volonté.
Disons le tout net, les sénégalais ne sont pas dupes. Ils n’accepteront pas qu’on insulte leur intelligence à travers de telles pratiques.
De même, l’idée tendant à faire élire un Président pour une période de transition de deux ou trois ans sans pouvoirs réels ne mènera qu’à un résultat identique aux pratiques wadiennes.
Les sénégalais sont conscients qu’un seul homme ne pourra régler leurs problèmes, ils ne cherchent pas un magicien, sans quoi ils n’auraient pas cherché pendant 9 ans. Wade a le profil de l’emploi.
Ils ont besoin d’une équipe compétente, composée de patriotes engagés, avec animateur de haut profil crédible tant au plan interne que vis-à-vis des partenaires du Sénégal, ayant une haute connaissance de la gestion d’un Etat moderne, et maitrisant parfaitement les arcanes du processus de négociations internationales. Ce chef d’orchestre aura, entre autre, à mettre en œuvre l’agenda issu des assises nationales, mais il devra aussi peser de son poids pour impulser le redressement du pays laissé dans un piteux état par la gestion hasardeuse du régime de Wade.
Quelle équipe ou quel « capitaine » a la prétention de réaliser tout cela en deux voire trois ans ?
Il faut qu’on arrête dés maintenant les petits calculs qui risquent de plomber l’élan patriotique autour de Benno. Même si la candidature unique ne se réalisait pas au moins qu’on évite ces « combinaziones » qui feront croire (surtout aux partenaires de la société civile) que véritablement on veut chasser Wade pour faire de la « restauration » au sens historique du terme, ou pour se partager des sinécures.
Benno c’est Benn et benn veut dire UN : une équipe, un programme, un candidat.
A défaut il ne faut pas se voiler la face, il ne saurait y avoir de base minimale pour un engagement quel qu’il soit pour le second tour en faveur de qui que ce soit. Les partis ou coalitions de partis qui auront pris part à l’élection présidentielle sur leur propre bannière restent libres de nouer le type d’alliance qui leur convient au second tour si second tour il y a en prenant le risque de créer le syndrome de Libreville.
Cela doit être clair pour tout le monde, le dire à ce moment précis n’est pas à inutile.
Mamadou NDAO
Président de la commission politique de l’ANCP
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