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[ Contribution ] Wade : Chronique d’un « crédit épuisé »

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[ Contribution ] Wade : Chronique d’un « crédit épuisé »

L’homme, pendant trois décennies, a été le porte étendard du combat démocratique en Afrique de l’Ouest. Il accède à la magistrature suprême le 19 mars 2000 à la faveur d’une transition pacifique et démocratique, portée par un peuple assoiffé de changement. C’est presque naturellement que d’aucuns voient en ce septuagénaire un futur Mandela. En dix ans de règne seulement, l’ex-futur Mandela, hélas, se révèlera plus proche de Bokassa. Les faits sont accablants. Attrait devant les tribunaux, en 1999 pour une dette non acquittée de 100 millions de nos francs (cf. Xibar du 27 octobre 2009), le voilà en 2009 qui dilapide 90 millions, par « erreur »…  Que de déception ! Que de trahison ! La longue marche vers le Sopi est devenue une interminable « marche à reculons » vers les abîmes de la régression démocratique, politique et économique. Une litanie abyssale de faits de violence, d’impunité, de prévarication, de patrimonialisation de l’Etat… qui a fini par porter à son paroxysme l’indignation et la désillusion d’un peuple mortifié. Le dernier scandale, l’Affaire Segura, une tentative avortée de corruption d’un fonctionnaire du FMI, donne le tournis. Oui, « tentative de corruption » n’en déplaise à notre président-sémanticien qui veut tout nous imposer jusqu’au choix des mots, comme en atteste son indigeste propos sur le terme « tagaat yaram » (sport), à l’occasion du triomphe des Lionnes, qu’il veut uniquement traduire par « gymnastique ». Le Sénégal, un des rares pays d’Afrique qui n’a jamais connu de coup d’Etat, une nation où l’intelligence politique collective a su toujours triompher des clivages cultuels, sociaux, ethniques, confrériques… ne mérite pas ça.

Nos traditions vilipendées

Comment comprendre l’exploitation grossière des traditions de ce peuple à des fins de disculpation ? Faut-il le rappeler le pouvoir n’en est pas à sa première flétrissure du genre. Le président Wade lui-même affirmait que dans nos pays, les affronts « se lavent dans le sang ». Face à la perpétuation, à un si haut niveau de responsabilité, de clichés rétrogrades et déshonorants, la rigueur des intellectuels, notamment des historiens qui étaient entrés en vive polémique avec Nicolas Sarkozy est interpellée. De quelles traditions africaines parle Wade ? Sont-elles les mêmes que celles enseignées dans nos manuels d’histoire ? De quelles traditions sénégalaises parle Wade ? Sont-elles les mêmes que pratiquaient les illustres anciens, éponymes de nos édifices, et dont nous sommes si prompts à chanter les louanges ? Il y a forcément une falsification quelque part.

La crédibilité des institutions piétinées

Que l’on m’excuse ce truisme : la gestion du problème, du point de vue de la communication, est un Désastre. Une succession de démentis, de dénis, de justifications et d’explications aussi absurdes que légères de la part d’individus qui occupent parmi les plus hautes fonctions de l’Etat : Président, Premier ministre, Ministre des Affaires étrangères, Ministre de la communication... En ce sens, la prévarication est double et ses conséquences sont redoublées. Elle est de l’ordre du « faire » et du « dire » et la « ridiculisation » a une portée nationale et internationale. « Politique et vérité ne font pas toujours bon ménage » ; certes, les hommes du seigneur de La Palice n’auraient pas mieux dit. Mais, il est aujourd’hui évident, après les évènements de Kédougou où la version initiale fut de déclarer  un jeune homme abattu « piétiné » et l’Affaire Segura, que les caractéristiques premières de la communication gouvernementale du Sénégal, en situation  de crise, résident dans le mensonge et la menace.

La manifestation, une tradition louable

Dans n’importe quelle nation où l’ancrage de l’éthique démocratique est achevé, où les institutions ne sont pas de façade, où l’opinion publique sait que les gouvernants sont élus pour « servir et non se servir », le Chef de l’Etat, après des aveux circonstanciés aurait rendu le tablier. Mais sous un régime foncièrement présidentialiste où députés et sénateurs se confondent en remerciement envers lui parce qu’ils ont le sentiment de devoir leurs mandats à un homme, et non à un peuple, c’est trop demander. Dès lors, aucune initiative n’est insignifiante pour laver l’honneur du Sénégal et des Sénégalais, non pas « dans le sang », mais en sollicitant notre tradition séculaire de la revendication démocratique et pacifique. C’est pourquoi nous saluons le courage et l’engagement de tous nos compatriotes expatriés des U.S.A, et d’ailleurs, qui manifesteront à Washington ce samedi 31octobre. Puisque le destin nous empêche d’être des vôtres, nous vous confions cette pancarte : « Wade!, ex Mandela, futur Bokassa ! ». De grâce, ne la laissez pas tomber…



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