À Dakar, alors que la privatisation du littoral suscite un débat croissant, certaines plages publiques continuent de fonctionner tant bien que mal. Loin des grands complexes privés, des femmes et des hommes assurent la gestion quotidienne de ces espaces. À la plage BCEAO, située à Yoff, trois voix témoignent de cette réalité : Ali Samb, Daour Diop et Kadia, restauratrice bien connue sous le nom de « Kadia c’est bon ».
Une gestion communautaire
Ali Samb, surnommé Ali BCEAO, travaille sur cette plage depuis l’an 2000. Pour lui, la règle est simple : « Quiconque vient ici doit amener la paix et repartir en laissant la paix. » Soutenu moralement par la mairie de Yoff, il affirme n’avoir aucune redevance à verser, mais regrette le manque de moyens. « On pourrait nous aider en fournissant des parasols, des poubelles, du matériel pour nettoyer. » Les tentes, qu’il propose à la location entre 2 000 et 3 000 FCFA, constituent sa principale source de revenus.
Des défis liés à la sécurité et à l’environnement
Daour Diop, qui a grandi sur la plage et y travaille depuis l’âge de 7 ans, insiste sur les règles établies pour assurer la sécurité des baigneurs : « On indique les zones où la baignade est autorisée. » L’accès à la mer est gratuit, seules les tentes sont payantes. Cependant, à l’approche des vacances, la gestion devient plus complexe. « La plage est très grande, il nous faudrait plus de maîtres-nageurs », explique-t-il. Il alerte également sur un problème majeur : les déchets. « Quand les gens partent, ils laissent tout sur place. On est obligés de creuser des trous pour enfouir les ordures, faute de poubelles. »
Une stabilité saluée par les acteurs locaux
Kadia, restauratrice installée depuis 2001, est fière de son engagement : « BCEAO n’était pas fréquentée avant. C’est nous qui avons donné vie à cet endroit. » Elle souligne le calme et la sécurité qui y règnent, grâce aux rondes régulières de la gendarmerie. Pour elle, la paix est précieuse : « Ce que je demande à l’État, c’est que cette paix continue. C’est à nous d’aider l’État, pas l’inverse. » Elle affirme que les taxes sont payées et salue l’appui de la mairie envers les femmes entrepreneures.
Si la gestion des plages publiques repose encore largement sur l’initiative personnelle et communautaire, les défis demeurent nombreux : manque d’équipements, sécurité, hygiène. Ces témoignages montrent que, malgré l’absence de soutien matériel constant, ces plages restent vivantes, populaires et accueillantes. Reste à savoir si les pouvoirs publics sauront les accompagner pour en faire de véritables espaces publics durables.
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