Samedi 27 Avril, 2024 á Dakar
Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Economie

ACQUIS, CONTRAINTES ET PERSPECTIVES D’UN SECTEUR - politique énergétique : éclairages en faits et chiffres

Single Post
ACQUIS, CONTRAINTES ET PERSPECTIVES D’UN SECTEUR - politique énergétique : éclairages en faits et chiffres

C’est devenu un passe-temps favori des jeunes et, parfois, des moins jeunes, à l’heure où les ombres enveloppent les demeures désertées par la lumière. La lucidité fond dans le voile crépusculaire pour une colère diffuse. Avec l’énergie du « désespoir », les manifestants se défoulent sur les édifices publics et les biens privés. Un immense exutoire est en train de s’embraser à travers le territoire national. Le fait est devenu habituel à longueur de titres de la presse écrite comme audiovisuelle. Le manque d’électricité doit bien jouer sur les nerfs au point de créer le rituel exorciste des débuts de soirée. La paix sociale est fragile au point qu’une mi-temps ratée d’un match qui se passe à l’autre bout de l’Afrique, et opposant deux ténors européens (l’Allemagne et l’Espagne), jette un vent de folie sur la Petite Côte. La Mondialisation a ses charmes et ses déprimes.

La colère se comprend. Ce n’est pas le cas pour les formes de manifestation. Rester dans le noir, apparemment, crée un survoltage. Il y a comme un mur d’obscurité à surmonter. Un abîme de l’esprit. L’objectif déclaré est d’accéder au champ de lumière que procure le bonheur d’avoir un espace hors délestages. La vaste ombre, le soir, ou la canicule, le jour, sont des facteurs qui installent les populations dans un inconfort psychologique. Certains ne pensent en sortir qu’en expulsant le trop plein d’adrénaline. C’est à partir de cet instant qu’on entre dans le lieu de toutes les démesures. La relation entre la revendication et la casse n’est évidente que lorsque la manifestation de colère est irréfléchie ou quand celle-ci n’est pas drivée par un leader lucide à toute épreuve. La foule, dans la spontanéité, laisse quelquefois couler la colère acide sans avoir la mesure des conséquences. Il ne suffit pas de se réfugier derrière la légitimité d’une revendication pour en justifier les effets illégaux. Il n’existe pas un rapport d’automaticité entre une demande normale et de fâcheux effets. Une exonération de responsabilité n’est pas accordée à un individu ou un groupe, y compris lorsqu’ils sont dans leurs droits. La frontière s’appelle le devoir. Le devoir de préserver les droits des autres, du bien collectif qu’on appelle l’Etat comme des aspirations des paisibles citoyens à conjurer la loi de la peur sur la voie publique.

L’Etat a beaucoup investi dans le secteur de l’énergie. 720 milliards de francs Cfa depuis 2000. Ce n’est pas un fait politique ; c’est un constat objectif. Entre-temps, il y a eu le passage étroit de la crise financière à l’échelle mondiale et ses effets sur la facture énergétique. Le Sénégal a formulé des réponses : recapitalisation et modernisation de l’outil de production de la Senelec, diversification des sources d’énergie, connexion des zones rurales, etc. Comme dans les années 90, il reste, cependant, une grosse équation à régler : le passage d’une logique arithmétique de l’investissement à celle consistant à capitaliser les impacts sociaux positifs.

L’un des gros malentendus entre les usagers de l’électricité enclins à la surtension et les responsables du secteur est à situer à ce niveau. Il existe un pont de confiance à tisser entre ceux qui dépensent l’argent et ceux qui paient pour le service. Comme un refrain, les ménages doutent de la bonne utilisation des ressources générées par les factures comme par les efforts de l’Etat. Chaque contribuable, y compris à l’abus, exerce son droit d’inventaire. L’interpellation met la Senelec dans la posture d’une organisation lapidée par des leaders d’opinion, des plus francs à ceux qui guettent un fonds de commerce politique sous forme d’insurrection. Pire, le refus de payer des factures est, à la fois, une défiance à un symbole du dispositif industriel public et une récusation de l’exemplarité d’un partenaire demandant le paiement d’un service déclaré « non payable » par une des parties contractantes.

Enfin, à chaque fois que tombent les griefs dans tous les sens, cette société est placée en position de constat des dégâts et de justification du déficit. Elle n’a presque jamais le temps de planifier ses sorties, d’expliciter les prévisions et de partager les conséquences, bonnes ou mauvaises de la forte demande. Outre l’activité économique, la croissance démographique est un facteur qui cloue au sol l’aigle de l’électricité. De 4 millions 395.000 habitants en 1970, la population du Sénégal est passée à 7 millions 298.000 en 1990, 10 millions 817.844 en 2005 selon l’Agence nationale de la statistique et de la démographie. Les estimations se chiffrent à 12 millions pour 2010. Dakar, sur 550 kilomètres carrés, soit 0,8% du territoire national, concentre plus de 2 millions 326.929 habitants en 2010, contre 1 million 905.600 en 2002, 940.000 en 1976 et 1 million 492.344 en 1988. En 2005, la Direction de la prévision et de la statistique relevait, dans l’étude sur « L’emploi, le chômage et les conditions d’activité dans l’agglomération de Dakar », que « les motifs de migration les plus fréquemment évoqués sont, dans l’ordre, le besoin de rejoindre la famille, la recherche d’emploi et la poursuite des études ». Un vaste programme.

Les mêmes raisons qui justifient l’amélioration de la mobilité urbaine à travers l’Autoroute à péage président à l’augmentation de la demande en énergie. Les deux sont des accélérateurs de croissance. C’est vrai, les pouvoirs publics sont toujours appelés à calquer leurs efforts sur les indicateurs démographiques. L’énergie, en tant que sève qui irrigue les activités économiques et installe la vie sociale dans le bonheur des besoins primaires satisfaits, devient un enjeu vital, de la même manière qu’elle est, actuellement, une source d’insécurité dans les quartiers. Il est temps de trouver une solution dans la mesure des moyens disponibles comme dans la nécessaire tâche de rétablir la sérénité et la confiance entre le secteur et les usagers. Il faut arrêter le compteur de la démesure comme celui des grandes suspicions pour passer de la facture sociale qui fait grand bruit à la simple prise en compte de la facture énergétique. Sans fracas.



0 Commentaires

Participer à la Discussion

  • Nous vous prions d'etre courtois.
  • N'envoyez pas de message ayant un ton agressif ou insultant.
  • N'envoyez pas de message inutile.
  • Pas de messages répétitifs, ou de hors sujéts.
  • Attaques personnelles. Vous pouvez critiquer une idée, mais pas d'attaques personnelles SVP. Ceci inclut tout message à contenu diffamatoire, vulgaire, violent, ne respectant pas la vie privée, sexuel ou en violation avec la loi. Ces messages seront supprimés.
  • Pas de publicité. Ce forum n'est pas un espace publicitaire gratuit.
  • Pas de majuscules. Tout message inscrit entièrement en majuscule sera supprimé.
Auteur: Commentaire : Poster mon commentaire

Repondre á un commentaire...

Auteur Commentaire : Poster ma reponse

ON EN PARLE

Banner 01

Seneweb Radio

  • RFM Radio
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • SUD FM
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • Zik-FM
    Ecoutez le meilleur de la radio

Newsletter Subscribe

Get the Latest Posts & Articles in Your Email