Les travailleurs de la Société africaine de raffinerie iront en sit-in ce mercredi 11 mars pour se faire entendre. Le regroupement de ces travailleurs du pétrole et du gaz affiliés à la Cnts/Fc de Cheikh Diop se fera à partir de 10 h à la direction de la Sar. La décision a été prise au cours d'une assemblée générale qui a regroupé la majorité des travailleurs. Dirigée par le secrétaire général de la Cnts/Fc, Cheikh Diop, l'assemblée générale a été l'occasion pour ces travailleurs de toucher du doigt la plaie qui gangrène la société depuis 2008. ‘Depuis un mois, la Sar est aux arrêts à cause du brut qui manque cruellement. Le brut nous vient du Nigeria. Un tanker est accosté aux larges de Dakar depuis le 29 janvier, mais nous ne pouvons pas le décharger. La cargaison est bloquée à cause des problèmes financiers entre la Sar et la Senelec. Le pool bancaire demande à la Sar d’épurer la dette due par la Senelec afin qu'il autorise le déchargement’, explique Mamadou Cissokho, délégué du personnel. Alors qu'ils s’attendent à ce que la société d’électricité règle sa dette, voilà que la Senelec réclame les impayés des redevances qui lui sont dues. Ainsi, ‘alors qu'elle nous doit 10 milliards, la Senelec nous réclame 16 milliards’, précise M. Cissokho.
Pour les travailleurs de la raffinerie de Mbao, l'Etat du Sénégal est responsable de tout ce qui leur arrive. ‘Il prend surtout des décisions politiques et non des décisions économiques’, accusent-ils. Et de ce fait, le gros problème de la Sar demeure la Senelec. ‘Il y a aussi qu'on ne connaît pas l'importance d'une société comme Total qui est pourtant actionnaire et qui a fait un chiffre d'affaires de 14 milliards’, ajoute François Diouf.
Plusieurs travailleurs ont réclamé que le système de financement et de recouvrement de la Sar soit revu afin de permettre à la raffinerie de souffler. ‘Le système démarrage des activités, aussitôt suivi d’un arrêt de ces mêmes activités, ne peut plus continuer pour une société de cette trempe, employant 250 personnes’, s’insurge Ismaïla Mané. Mais pour Adama Guèye, si la Sar en est encore à ce stade, c’est parce qu’elle manque cruellement d’une direction qui peut mener à bien l'usine. ‘Samuel Sarr est juge et partie dans cette affaire. Il est le seul maître à bord, il gère la Sar tout comme la Senelec’, révèle M. Guèye qui ne peut ‘pas comprendre qu'un tanker ne puisse pas décharger sa cargaison pour seulement 2 milliards. La Sar est à l'arrêt depuis un mois, et nous allons vers une faillite’, ce qui serait une catastrophe. ‘Nous devons combattre cette politique qui nous asphyxie au détriment d'une autre société. Depuis un mois quatre jours, la Sar est aux arrêts. Le brut qui arrive au port, paie le temps perdu à l'accostage. Plus le temps par le tanker au port est long, plus la société de raffinage paiera cher’.
Le secrétaire général de la Cnts/Fc est dans tous ses états. Pour Cheikh Diop, c'est l'avenir de la Sar qui se joue en ce moment. A l’en croire, il faut tenir un discours syndical à sa direction et à l'Etat. ‘L'arrêt de la Sar va affecter tout le pays. La politique énergétique de l'Etat du Sénégal repose sur la raffinerie de Mbao qui est la seule en son genre dans la sous-région, vu son expérience et sa capacité de production. Il faut assainir la Sar, sa gestion interne, sa situation financière et commerciale. Et ce sont les autorités qui sont interpellées’, martèle le patron de la Cnts/Fc. Selon lui, il faut penser à sécuriser le pays en matière d'énergie et augmenter la capacité de la Sar. ‘Nous ne pouvons plus accepter que les autorités restent muettes devant nos problèmes. Que l'Etat nous édifie sur sa politique énergétique. Qu'il mette sur pied une politique énergétique qui sied’, poursuit Cheikh Diop qui dit ne pas comprendre l'attitude du ministre de l’Energie, Samuel Sarr, qui refuse de rencontrer les syndicats du pétrole et du gaz.
En attendant que la situation se décante, les travailleurs de la Sar ont mis en branle un plan d'action qui démarre par un sit-in ce mercredi 11 mars. Une réunion de la fédération des travailleurs de l'énergie sera organisée et sera sanctionnée par un point de presse pour évaluer et poursuivre le mouvement.
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