Chomage et pauvreté au Sénégal : attention aux chiffres

Une enquête réalisée en 2002 par la DPS sur le marché du travail dans l'agglomération dakaroise avait révélé que 51.1 % de la population âgée de dix ans et plus sont insérés dans le marché du travail, et le taux de chômage estimé alors à 11,7%. Or, il apparaît que le problème n'est pas tant le chômage que le sous-emploi.

La collecte et l'analyse des données démographiques et socio-économiques dans le cadre de l'Esam-2 avaient permis de mesurer l'incidence de la pauvreté en 2001/02 à 48.5 %, et sa répartition régionale (la pauvreté est spécifiquement élevée en milieu rural et moins prononcée à Dakar et dans la région de Louga, par exemple). Le seuil de pauvreté étant fondé sur une consommation minimum de 2 400 kilo-calories par jour, un panier de consommation des 26 biens les plus consommés par les ménages a été élaboré et un seuil monétaire de pauvreté a été fixé. Aussi, la Direction de la prévision et de la statistique(DPS) du ministère de l'Économie et des Finances avait-elle estimé que la croissance économique entre 2001 et 2003 aurait permis de ramener en 2003 l'incidence de la pauvreté à 47.5 %. De même, en 2002, la DPS a réalisé une enquête sur le marché du travail dans l'agglomération dakaroise, et l'étude révèle que 51.1 % de l a population âgée de dix ans et plus sont insérés dans le marché du travail (62.1 % pour les hommes et 41.1 % pour les femmes). Aussi, le chômage, au sens strict du terme, serait-il estimé à 11.7 % de la population économiquement active (9.9 % chez les hommes et 14.1 % chez les femmes).

Or, il apparaît que le problème n'est pas tant le chômage que le sous-emploi et si l'on ajoute aux chômeurs les travailleurs dakarois qui travaillent moins longtemps que la durée officielle du travail et ceux dont le salaire horaire est inférieur au salaire minimum, le taux de sous-emploi approcherait les 72.5 % de la population économiquement active à Dakar, comme on peut le noter dans le rapport 2004-2005 de l'Ocde sur les "perspectives économiques du Sénégal".

Le même rapport de souligner que pour les actifs occupés, le revenu moyen mensuel est de 58 200 francs CFA, soit environ 110 dollars, mais ce montant varie sensiblement selon le secteur. Parmi ces actifs, 7.5 % travaillent dans le secteur public/parapublic, où les postes sont plus stables (l'ancienneté moyenne étant de plus de 14 ans) et mieux payés (149 700 francs CFA mensuels [283 dollars] dans l'administration et 134 700 francs CFA [254 dollars] dans les entreprises publiques). Quant à la proportion d'actifs occupés travaillant dans les entreprises privées formelles, elle serait de 16.1 %, avec une ancienneté moyenne (8.6 ans) et un salaire mensuel (113 100 francs CFA [214 dollars]) inférieurs à ceux du secteur étatique.

Le secteur informel regroupe 76.4 % des actifs occupés qui ne gagnent que 39 000 francs CFA (74 dollars) mensuels, c'est-à-dire moins que le salaire minimum. Le rapport de rappeler que les travailleurs du secteur informel travaillent plus longtemps (47 heures hebdomadaires) que leurs compatriotes des autres secteurs et ne disposent d'aucuns avantages sociaux.