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Economie

Crédit à… Mamadou Lamine Diallo, auteur de Le Sénégal, un lion économique : «L’informel peut réduire le niveau d’Apd»

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Crédit à… Mamadou Lamine Diallo, auteur de Le Sénégal, un lion économique : «L’informel peut réduire le niveau d’Apd»

Dans son récent ouvrage portant sur l’économie nationale, Mamadou Lamine Diallo passe au crible les facteurs qui pourraient faire du Sénégal un pays émergent. Une émergence qui ne passera pas forcément par l’administration massive d’Aides publiques au développement (Apd) qui, selon l’auteur, peuvent générer des effets négatifs sur les comportements et la structure de l’économie.

Le Sénégal est un des pays recevant le plus d’aide publique au développement au monde. Est-ce une bonne chose ?

L’Aide publique au développement (Ndlr : Adp) représente environ 15% du Pib et est très importante dans le budget d’investissement. Selon mes estimations, ces Apd participeraient pour 2 points à la croissance du pays. Cependant, l’aide a des effets pervers. Au niveau des choix à opérer pour les investissements, mais aussi au niveau technologique, les dirigeants sont amenés à privilégier les options retenues par les bailleurs de fonds. Si vous avez 10% du financement d’un projet et que l’on vous propose de financer le reste sous conditions d’utiliser telle ou telle technologie, ou même de faire travailler une entreprise ressortissante du pays du donneur, eh bien ! vous l’acceptez.

Un Etat de fait qui n’est pas fait, selon vous, n’est pas pour favoriser l’imagination des gouvernants.

Si on vous dit : «Voilà mes conditions, vous n’avez pas d’autres choix», il est bien évident que vous ne cherchez pas de solutions au problème confronté. Ainsi, même s’il existe des solutions plus adaptées, les dirigeants collent à ce que leurs proposent les bailleurs. Si, en revanche, les institutions chargées de l’aide donnaient une enveloppe budgétaire aux Etats, en les laissant libres de définir eux-mêmes leurs priorités pour les dépenser, avec comme seul contrainte que cela soit bien fait, on ne serait pas dans cette situation. Seulement, actuellement, les élites des Etats africains, et du Sénégal en particulier, se trouvent dans une position attentiste.

Vous avancez, dans votre ouvrage, une théorie selon laquelle au-delà d’un certain niveau de développement, l’aide devient contre-productive. Est-ce le cas au Sénégal ?

Je pense qu’effectivement, l’on doit avoir dépassé ce seuil dans le pays. Au Sénégal, les Apd représentent 15% du Pib, l’aide par tête d’habitant est importante, et pourtant le rythme de la croissance est ce qu’il est. Il paraît insuffisant. Il existe des gisements de croissance énorme dans le secteur non moderne (par opposition à un secteur moderne qui recherche les gains de productivité, ce secteur non moderne correspond plus à ce que l’auteur définit comme une économie rentière. Pour prendre un exemple, tous les métiers de l’informel participent de ce secteur non moderne). Si l’on trouve des formules incitatives pour améliorer ce secteur, on assistera automatiquement à une baisse relative de l’aide par rapport au niveau de croissance.

En ce qui concerne les canaux de distribution de cette aide maintenant, vous faites part de votre scepticisme quant à confier cette tâche aux Ong. Pourquoi une telle méfiance ?

Vous savez, la bonne gouvernance des Ong n’est pas automatique. Ces dernières aussi peuvent être confrontées à des problèmes de gouvernance, d’autant plus que celles-ci ne représentent pas, comme l’Etat, l’intérêt national. Elles n’ont aucun compte à rendre aux populations, seulement à leurs adhérents et bailleurs.

Encore une fois, il faudrait que la coordination de l’aide soit assurée par chaque Etat en fonction de ses priorités.

Alors que l’on parle beaucoup d’exil des cerveaux, vous mettez en avant l’attirance qu’exercent les grandes institutions internationales qui coordonnent les aides ainsi que les grandes Ong sur les élites intellectuelles.

Effectivement, il y a beaucoup de Sénégalais dans les organisations internationales. Ces derniers ont choisi cette voie plutôt que celle de l’administration pour des raisons financières bien sûr, mais aussi parce que dans ces organismes, votre talent y est plus reconnu. Dans ce pays, la reconnaissance sociale est limitée au clientélisme politique. Vous pouvez être un génie de la médecine et opérez à cœur ouvert, vous aurez moins de reconnaissance que le politicien du quartier.

Vous avez écrit que le Sénégal devrait percevoir des aides pour une génération encore. Comment voyez-vous cela ?

Encore une fois, si l’on oriente nos actions vers le secteur non moderne, et que les éléments émergents de la société se constituent en élite et deviennent hégémonique, le Sénégal peut être émergent, d’ici à une génération. Et quand vous êtes émergent, c’est bon, vous devenez membre de l’Ocde et vous n’avez plus besoin d’Apd.

 



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