EPILOGUE DU CONTENTIEUX AVEC LA RAM AIR SÉNÉGAL INTERNATIONAL DÉPOSE LE BILAN

Adieu Air Sénégal international ! La compagnie aérienne, dans laquelle le Sénégal détenait 49% et le Maroc 51%, a déposé le bilan depuis mardi passé au greffe du Tribunal de Dakar. Mettant, du coup, 500 pères de famille en chômage technique.

Plus de 500 pères de famille viennent de perdre leurs emplois. La compagnie aérienne Air Sénégal international (Asi) n’existe plus. Les Marocains, qui détenaient 51% du capital, ont finalement déposé le bilan depuis mardi dernier. C’est vers 14 heures que le document relatif au dépôt de bilan a été enregistré au niveau du greffe du Tribunal de Dakar. Un acte qui a entraîné l’absence du ministre des Transports aériens et de son homologue marocain lors de l’ouverture de la rencontre de la Commission mixte entre les deux pays. Cette structure est mise sur pied par les deux Etats pour négocier la relance de la compagnie. Une cérémonie qui a été finalement présidée par la commission créée par décret et les administrateurs d’Asi. En revanche la partie marocaine était conduite par Abderrafi Zuitten. Ce qui pose problème dans cette affaire, expliquent des sources proches du personnel d’Asi, c’est l’intérêt de cette rencontre. «Peut-être qu’ils veulent débattre sur les modalités de la transaction», pense le personnel d’Asi. Mais, certains employés se disent surpris de la mesure prise par les Marocains. Du fait qu’elle est intervenue une semaine après le versement de la Rdia à l’Aéroport international Blaise Diagne. En revanche, d’autres soutiennent «avoir flairé le coup depuis longtemps». Surtout que les Marocains avaient décidé de ne plus acheter du kérosène, prétextant un manque d’argent après avoir effectué un acompte sur la Rdia dans les caisses de l’Etat.

Les signes annonciateurs

Pour preuve, au début du mois d’avril, les Marocains avaient déjà retiré trois de leurs avions à Air Sénégal International (Asi). La dernière en date reste le Boeing 737-700, qui a fait le vol Dakar-Abidjan-Cotonou avant d’être détourné pour rejoindre l’aéroport de Casablanca avec, à son bord, un personnel naviguant commercial sénégalais. Laissant en rade, du coup, 77 passagers à l’aéroport de Cotonou ainsi que la dépouille mortelle de Mouhamadou Khaly Tall, de la famille Tall de Louga.

Par crainte des représailles de l’Etat, la Ram a loué deux avions pour transporter les passagers à destination de Dakar. Ils craignaient que leurs avions ne soient réquisitionnés par les autorités sénégalaises. D’autant plus qu’ils (les Marocains) venaient d’être condamnés par la Justice sénégalaise suite à une plainte de l’Etat. Et le juge des référés du Tribunal régional de Dakar avait intimé l’ordre à la Ram de rester dans la gestion d’Asi en attendant qu’elle soit auditée. Une décision à laquelle la Ram avait interjeté appel. Mieux, les Marocains avaient contacté le personnel naviguant technique d’Asi, c’est-à-dire les pilotes, co-pilotes et les commandants de bord. Ces derniers, qui ont été reçus par le directeur général Fouad Boutayeb, avaient même boycotté l’Assemblée générale du personnel. Un personnel auquel les Marocains avaient proposé une planque à Atlas Blues (une filiale de la Ram) établie au Maroc, en cas de dépôt de bilan d’Asi.

Conséquences

Certes le Sénégal va souffrir avec le dépôt de bilan de la compagnie avec des pères de famille qui vont se retrouver dans les rues, mais il y aura également des conséquences du côté Marocain. Qui détenait 51% du capital. Car, l’Etat ne va plus prendre en charge le payement des dettes contractées par Asi. Ce qu’il mettra à l’aise les futurs partenaires du Sénégal pour la recapitalisation d’Asi.