En présidant la 3e édition des Universités du Mouvement des entreprises du Sénégal (Meds), le Premier ministre Cheikh Aguibou Soumaré a déclaré qu’à travers la Goana, l’Etat entend apporter une réponse structurelle et relever de manière durable le défi de l’autosuffisance alimentaire. D’ailleurs, il a annoncé qu’une loi sur le régime fiscal et douanier sera bientôt promulguée. C’était en présence des ministres de l’Elevage et de la Culture, et du président du Meds, Mbagnick Diop.
Cette université d’été du Meds dont le thème central est « Crise alimentaire, crise énergétique : quelles solutions pour le Sénégal ? » a permis aux participants de réfléchir sur deux problématiques majeures qui préoccupent toutes les nations. Le Premier ministre, après avoir rappelé le double choc provoqué par la crise mondiale ces derniers mois, a dit que le chef de l’Etat a pris différentes mesures conjoncturelles pour garantir l’approvisionnement des populations en denrées de première nécessité et pour soutenir le pouvoir d’achat des ménages.
« L’enjeu est de transformer les contraintes du moment en un faisceau d’opportunités et d’offrir ainsi des perspectives prometteuses au développement de nos productions locales », a-t-il déclaré à propos de la Grande offensive pour la nourriture et l’abondance (Goana). Il a ajouté que « dans cette perspective, le gouvernement invite l’ensemble des acteurs économiques à soutenir la Goana et à s’impliquer dans sa réalisation ». Aux dirigeants du Meds, Cheikh Aguibou Soumaré a demandé de jouer un rôle efficace dans la recherche des solutions qu’appelle l’urgence du moment. « Je vous exhorte à orienter une partie de votre potentiel d’investissement vers l’agriculture pour faire de notre pays le grenier de notre sous-région », a lancé le Premier ministre.
S’agissant de la crise énergétique, le Premier ministre a indiqué que pour faire face aux contraintes, le gouvernement a entrepris de résorber, depuis 2000, le retard d’investissements. Selon lui, pour le volet électricité, depuis 8 ans, l’Etat a réalisé plus de 350 milliards de F.cfa d’investissement pour, d’une part, renouveler, et, d’autre part, développer le parc de production de la Senelec.
« Les efforts substantiels entrepris devraient nous permettre de résorber le déficit et de fournir une électricité de qualité et au moindre coût pour les ménages et les entreprises. Ce qui devrait garantir à nos entreprises d’être compétitives et de supporter la concurrence extérieure grâce à une meilleure maîtrise de leurs coûts de production. Cela est un enjeu majeur pour le gouvernement dans le cadre de notre stratégie de croissance accélérée », a encore déclaré le Premier ministre. Selon lui, le gouvernement, en application des instructions du président de la République, a réactualisé la politique énergétique qui repose sur un certain nombre d’orientations que sont la diversification énergétique ; le développement des potentialités énergétiques nationales, notamment dans le domaine des biocarburants et des énergies renouvelables ; la sécurisation de l’approvisionnement en hydrocarbures et la restructuration du secteur en vue d’une plus grande efficacité et d’une implication judicieuse du secteur privé. Parmi ces mesures, il a révélé que le gouvernement a décidé d’augmenter sa part dans le capital de la Société africaine de Raffinage (Sar) et de doubler sa production. Par ailleurs, selon Cheikh Aguibou Soumaré, le gouvernement a adopté un ambitieux programme d’économie d’énergie et de développement des énergies naturelles et renouvelables afin de réduire nos importations en hydrocarbures.
Tout en assurant aux dirigeants du Meds que le gouvernement examinera, avec toute l’attention requise, les résultats de ces deux journées, le Premier ministre a fait cette invite : « nous devons ensemble montrer que nous sommes prêts à assumer les changements et à adopter les comportements qui nous permettront de relever les défis que nous posent les crises alimentaire et énergétique ».
Auparavant, recevant le Premier ministre, Mbagnick Diop, président du Meds, a, d’entrée, expliqué qu’en choisissant le thème, son organisation a voulu saisir cette actualité brûlante qui nous concerne tous pour en discuter afin de dégager des pistes de réflexion pour l’action. « Nous voulons, par cette double crise alimentaire et énergétique, construire la position de l’entreprise sénégalaise en vue de propositions et de suggestions qui pourront servir de base de discussions et d’échanges avec tous les partenaires », a souligné Mbagnick Diop. Le président du Meds a rappelé les différentes conférences tenues à travers le monde sur la situation avant de poursuivre qu’il s’agit, à travers ces thèmes, « de faire une analyse des politiques sectorielles passées, d’en déceler les forces, d’en souligner les faiblesses et lacunes ». Il s’agira, enfin, selon M. Diop, « de proposer des modalités qui seront susceptibles d’encourager le secteur privé national à s’investir davantage dans les secteurs agricole et énergétique ».
A signaler que les participants ont eu à discuter des objectifs de la Goana, du rôle et de la place du secteur privé dans le développement agricole, du bilan et des perspectives des énergies nouvelles et renouvelables au Sénégal et, enfin, de la production de biocarburants : atouts et faiblesses.
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