L’économie sénégalaise dans le rouge ?

ASI24 – (Dakar) L’économie sénégalaise va vivre des bourrasques d’une forte amplitude à moyen, voire long terme si l’Etat ne consent pas aux efforts nécessaires pour la sortir du goulot d’étranglement occasionné par les arriérées de paiement sans précédent aux entreprises, mais aussi les dépassements budgétaires et l’augmentation importante des investissements publics, a constaté ASI24.

La déclaration du directeur de la Prévision et des études économiques (DPEE) Sogui Diarisso, que certaines sources disent sur « siège éjectable », a amené ASI24 à un tel constat lors d’une conférence de présentation des résultats d’une étude sur les arriérées de paiement et leurs conséquences.

Eu égard aux difficultés immédiates et aux projections peu reluisantes, l’économie sénégalaise, qui a lourdement souffert ces trois dernières années, outre des choix internes, de la crise alimentaire mondiale, puis de la crise financière et économique internationale, doit être soutenue par des actions concrètes et durables afin de ne pas sombrer dans les prochaines années.

L’étude de la DPEE présentée mardi à la presse indique qu’une hausse de 10 pour cent ponctuelle des arriérées de paiement induit à terme une baisse de 0,6% du stock de capital, une baisse de 0,3% de la production et une diminution de 1,2% du rendement. A long terme, cette hausse de 10% ponctuelle aura un impact sur les 30 prochaines années avec notamment une baisse de 6% du stock du capital, une baisse de 2% de la production et de la consommation et une baisse d’un pourcent du rendement.

Une situation sombre dont se ressentira à la fiscalité, puisqu’elle enregistrera inévitablement une baisse que les spécialistes estiment aux environs de 30%.

Une appréciation qui n’exclue pas la banqueroute de l’économie sénégalaise.

Cette sombre perspective ne saurait être amortie que dans la mesure où l’Etat veillerait à alimenter le secteur de liquidités. Une alternative qui n’aura pour possibilité que le déplacement du problème, indiquent des analystes à ASI24.

La terrible situation traversée par les entreprises nationales, avec notamment le non paiement dans les temps des arriérées ces trois dernières années, voire le non paiement tout court, a dangereusement fragilisé le secteur privé.

Le secteur des Bâtiments et travaux publics (BTP) en a particulièrement souffert. Plus de 54% des entreprises ont été affectées en 2008 par les arriérées de paiement, indique l’étude.

Pour rappel, ces mêmes BTP ont tiré la croissance du pays ces dix dernières années avec notamment la création d’emplois. « La poule aux œufs d’or a été liquidée », soutenait mardi matin un spécialiste du secteur.

Le directeur de la DPEE soutenait pourtant le même jour, qu’une « simple note écrite » aurait permis aux entreprises nationales de se rabattre sur les banques. Note écrite qui aurait évité non seulement les arriérées de paiement, mais aussi leurs fâcheuses conséquences dans les entreprises. Mais voilà, « on a attendu que l’Etat règle ses problèmes financiers, alors qu’une simple écriture de papier aurait pu permettre aux entreprises de se tourner vers les banques en attendant que les autorités trouvent une solution financière », a-t-il regretté.

Des analystes financiers ont dit à ASI24 que n’eut été la « clairvoyance et la capacité d’anticipation des services du ministère de l’Economie et des finances, la catastrophe aurait été totale ».

Selon ces analystes, l’ingérence du politique dans les affaires de la finance et de l’économie, est grandement responsable de la situation actuelle et des menaces qui pèsent sur l’économie sénégalaise.

Ces dernières années et en particulier depuis 2006, l’investissement public a connu une hausse importante au Sénégal. Plusieurs partenaires de développement et bailleurs de fond ont invité le gouvernement du Sénégal à respecter les équilibres budgétaires et à veiller à ne pas dépasser le seuil de 20% du budget national concernant ce secteur.