Inauguré en 1962 par Senghor, le Ranch de Dolli préoccupe beaucoup les pasteurs du département de Linguère. Réunis au Centre polyvalent de formation des producteurs de Linguère par l’organisation Innovations-Environnement-Développement (Ied) Afrique, les éleveurs ont plaidé pour que le Ranch de Dolli soit désormais intégré dans le domaine foncier pastoral. Cette proposition vient à la suite de l’attribution par le chef de l’Etat, d’une partie du Ranch de Dolli au khalife des mourides, Serigne Saliou Mbacké. Ce dernier a finalement cédé lorsque les éleveurs ont sollicité qu’il leur soit accordé tout le tapis herbacé et le pâturage du Ranch.
Ce dossier a longtemps été rangé dans les tiroirs. Mais, l’atelier local de plaidoyer sur le pastoralisme qui a débuté le 12 mars dernier, et prend fin aujourd’hui à Linguère, a encore soulevé le cas du Ranch de Dolli, une zone que les participants considèrent comme le cœur du pastoralisme, du fait de ses atouts naturels.
D’ailleurs, le Ranch de Dolli est l’unique zone de refuge des pasteurs du Sénégal assurent les éleveurs. Raison pour laquelle, les pasteurs ont décidé d’influencer les décideurs politiques à prendre en charge leurs préoccupations par des actes concrets.
Ces derniers devraient leur permettre de gérer légalement le Ranch, mais surtout de prendre en compte leurs intérêts car les pasteurs se disent écartés des instances de décision sur le pastoralisme.
Pourtant, selon Abdou Aziz Thioune, expert en communication participative pour le développement, et facilitateur de l’atelier : «Dolli n’a pas de statut ; il a son histoire. Le ranch de Dolli appartient en même temps à la région de Louga et à celle de Kaolack. Il avait deux titres fonciers. Et quand la Seras et la Sodeps l’ont voulu, l’Etat les a responsabilisées. C’est après la disparition de ces grandes sociétés de la zone que l’Etat a repris le Ranch de Dolli.» Thioune conclut : «Il n’y a aucun acte attribuant le ranch aux éleveurs. Seulement vous pouvez inscrire cette revendication dans votre plaidoyer.»
Un message bien compris par les éleveurs qui ont décidé de passer aux actes. En tout cas, une nouvelle vision sur le pastoralisme vient d’être lancée dans le département de Linguère, mais beaucoup de contraintes sont soulevées, parmi lesquelles la modification socio-politique, la dégradation des ressources naturelles, la colonisation agricole de l’espace, les réformes brutales de l’Etat et la transhumance.
Néanmoins, les pasteurs ont reconnu l’effort de l’Etat en matière pastorale, qui se résume par la loi d’orientation agro-pastorale (Loasp), mais ils souhaitent que les décideurs prennent davantage d’actes. Cet atelier de Linguère est à la fois la suite et l’une des fortes recommandations de l’atelier de Mbao sur le plaidoyer, tenu du 8 au 11 août 2006, ainsi que d’une série d’autres formations sur le système pastoral et les enjeux du pastoralisme, engagé depuis 1998 au Sénégal.
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