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Economie

LOUIS LAMOTTE, CONSEILLER DE LA COMPAGNIE SUCRIÈRE SÉNÉGALAISE : « Il y a une forte fuite du sucre sénégalais vers les pays limitrophes »

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LOUIS LAMOTTE, CONSEILLER DE LA COMPAGNIE SUCRIÈRE SÉNÉGALAISE : « Il y a une forte fuite du sucre sénégalais vers les pays limitrophes »
Il n’y a pas de pénurie et il n’y en aura pas de pénurie de sucre. La compagnie sucrière sénégalaise (Css) rassure : quelle que soit la situation au niveau mondial, le produit sera toujours disponible. Dans l’entretien qu’il nous a accordé, le conseiller de la Css, Louis Lamotte, apporte la lumière sur cette présumée rareté du sucre et les mesures envisagées pour assurer au Sénégal la disponibilité du produit à tout moment.

Aujourd’hui, le sucre suscite beaucoup de débats, on parle surtout de la rareté du produit, qu’en est -il exactement ?

Il y a que certains parlent de rareté du produit parce qu’ils le trouvent moins facilement qu’avant. Je dois vous dire qu’il y a environ 6 à 7 mois, les coûts ont été multipliés par deux en moins d’un an, au niveau du marché mondial. Ceci à créé une situation de pénurie chez nos voisins qui ont rappliqués sur la production du Sénégal pour satisfaire leurs propres besoins. Ainsi la Css s’était retrouvée confrontée à une demande extrêmement forte, plus forte que les besoins normaux du Sénégal.Naguère, les records de vente mensuelle tournaient autour de 10 000 tonnes et aujourd’hui on va jusqu’à 16 000 tonnes. Malgré cela, certains points ne sont pas suffisamment bien ravitaillés ce qui amène certains à parler de pénurie. Si la pénurie veut dire insuffisance de l’offre par rapport à la demande, la Css est en train de multiplier son offre. Aujourd’hui elle vend plus qu’elle n’a jamais vendu, par conséquent, à notre niveau, il n’y a pas de pénurie d’autant plus que l’offre est ce que nous avons connu jusqu’ici.

Maintenant, il y a plusieurs phénomènes, dès qu’un produit est frappé par des convulsions au niveau des prix, il y a plusieurs attitudes que peuvent prendre les agents économiques. Et on est en droit de penser effectivement qu’il y a une forte fuite du sucre sénégalais vers les pays limitrophes qui n’ont plus accès au marché mondial tellement les coûts sont élevés à ce niveau.

Quels sont les moyens pour limiter pour ne pas dire fermer ces circuits parallèles qui désavantagent le marché national ?

Vous savez, les pouvoirs publics sont mobilisés parce que nous avons alerté très tôt tout le monde dans la perspective d’un déficit peut-être qui pourrait s’annoncer dès le mois de juillet. Mais il y a un phénomène qui est là, tant que les prix pratiqués par le Sénégal seront plus intéressants et plus compétitifs que ceux pratiqués par le marché mondial, les pays non producteurs de sucre qui nous entourent auront tout à fait la tendance à venir au Sénégal. Les frontières étant ce qu’elles sont, et avec la complicité de certains commerçants, faire du trafic sur le sucre sera plus facile. Toutefois, l’Etat s’est engagé, notamment le ministère du commerce, la douane, la gendarmerie pour faire de telle sorte que les flux sortants soient limités au strict minimum. Ce qui est important, ce sont les mesures qui tendent à assurer au Sénégal la disponibilité du produit à tout moment. Et c’est aujourd’hui notre préoccupation à la Css.

Quelles sont ces mesures spécifiques prises par la Css pour continuer à satisfaire la demande et contenir les prix ?

Pour le moment, nous produisons et nous satisfaisons la demande mensuelle, c’est clair même si comme je l’ai dit tantôt, des attitudes spéculatives peuvent amener l’absence provisoire du produit à certains endroits. Chaque fois que cela nous est annoncé, nous avons vite réagi pour injecter le produit dans ces zones ou dans ces régions. Ensuite, nous avons anticipé pour calculer à ce rythme quel serait le gap pour couvrir les nouveaux besoins du Sénégal et, aujourd’hui, nous avons engagé les discussions avec les pouvoirs publics pour voir les meilleurs moyens de combler ce manque. Tout en évitant de répercuter la totalité de la différence de prix sur les consommateurs sénégalais. On a souvent entendu des commerçants et certaines personnes, y compris des consommateurs, s’attaquer à la Css en parlant d’un monopole qui n’existe pas. Certains ont toujours soutenu que si on leur avait permis, ils pouvaient importer du sucre qui reviendrait moins cher. Je crois que ces déclarations sont aujourd’hui totalement fausses parce que rattrapées par la réalité. Il est plus sûr d’être souverain en toute chose. Surtout quand il s’agitde ce que l’on consomme. La Css également dans son rôle citoyen est en train de tout faire pour que le ravitaillement du marché soit ce qu’il a toujours été depuis plus de 35 ans. On n’a jamais noté de pénurie persistante, mais surtout on évite que les prix du marché mondial ne soient appliqués. Cela aurait induit des augmentations fortes du prix du sucre.

On a annoncé d’autres concurrents, un nouvel investisseur sur le sucre, cela ne suscite pas un peu de jalousie ?

Nous avions fini d’en parler. Si l’investisseur vient pour investir, planter de la canne et produire du sucre, par conséquent créer des emplois et de la plus-value pour le Sénégal, la Css est d’abord sénégalaise. Par conséquent, tout ce qui peut apporter un plus au Sénégal, elle y souscrit à 100%. Et M. Mimran disait que si l’investisseur venait à ses côtés, il lui ferait vraiment le plaisir de partager avec lui la somme d’expérience qu’il a acquit sur le terrain. Tout cela au bénéfice du Sénégal.

Quelles sont aujourd’hui les perspectives de la Css notamment pour conforter ce besoin de satisfaction de la demande nationale en sucre ?

Au regard de la forte demande et des importantes ventes au niveau des régions frontalières, cela veut dire que le produit est très sollicité. Nous avons estimé qu’il y aurait un gap de 60 000 tonnes qu’il fallait aller chercher dans le marché et aux prix du marché. Nous avions alors anticipé en proposant à l’Etat de se partager le fardeau. En un moment, l’Etat a pensé devoir donner aux commerçants la possibilité d’importer ce gap, mais apparemment, ces derniers ne sont pas en mesure de le faire. La Css est vigilante et nous sommes en train de prendre nos dispositions et de faire des anticipations pour, en tout cas, assurer l’importation de ces 60 000 tonnes si cela s’est avéré et si effectivement il n’y a personnes pour le faire. A?la Css, nous préférons servir les les Sénégalais avant d’aller servir les autres.

Quelles sont les prévisions de production dans le long terme ?

C’est clair aujourd’hui, notre anticipation il y a trois ans, nous faisait penser qu’il est possible d’amener à 150 000 tonnes la production pour couvrir les besoins du Sénégal. Ces anticipations ne se sont pas avérées fausses. Nous avons entrepris un programme d’investissement qui est exécuté depuis trois ans maintenant et qui, dans deux ans, nous permettra d’augmenter la production actuelle de 110 000 voire 115 000 tonnes à 150 000 tonnes. Ce sera encore le meilleur moyen de consolider notre indépendance sur ce produit stratégique qui est appelé à vivre des convulsions et à être de plus en plus cher.

Parallèlement au sucre, la Css avait annoncé d’autres projets comme la production de biocarburant et d’éthanol, où est-ce que vous en êtes ?

Oui nous l’avions annoncé il y a trois ou quatre ans, l’investissement a été réalisé, l’usine a été montée et inaugurée par le Chef de l’Etat. Il y a eu en fin de programme, une difficulté technique relevée au niveau de notre partenaire qui est la SAR (Ndlr. Société africaine de raffinage) pour procéder au mélange qui aurait permis d’avoir de l’essence mélangé à l’éthanol.

On a dû reconvertir le projet rapidement pour faire de l’alcool. Et aujourd’hui, la Css produit en moyenne 8 millions de litres d’alcool en tout genre, pour la parfumerie, l’alimentaire, le médical, et le Sénégal peut se targuer d’être autosuffisant sur ce produit là. Mais je crois que Mimran s’était engagé à le faire exclusivement pour le Sénégal et si ce dernier n’est pas outillé pour l’acheter on reconvertit le programme en alcool et pour servir les besoins nationaux et exporter.

Aujourd’hui, nous sommes en train d’exporter vers le Burkina et la Côte d’Ivoire en attendant que les conditions soient réunies pour revenir sur l’éthanol sachant que c’est le même procédé de fabrication



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