La baisse de 37 000 francs enregistrée sur le prix de la tonne de farine ne se répercutera pas sur le prix de la baguette de pain qui ne subira pas de baisse. Le prix de cette dernière reste à 150 francs Cfa. C'est la conclusion à laquelle la réunion du conseil régional de la consommation, qui s'est tenue hier à la gouvernance de Dakar, est parvenue avec les principaux acteurs.
Pourtant, une polémique s'est faite entre les différents protagonistes. En effet, si le ministère du Commerce note, pour s’en féliciter, une baisse de 10 francs, les consommateurs, eux, pensent le contraire. Selon Momar Ndaw de l'Association des consommateurs du Sénégal (Ascosen), ‘il faudrait que le prix soit inférieur à 150 francs pour qu'on puisse parler de baisse de la baguette qui se vendait déjà à ce prix’, fait-il remarquer. Avant de s’étonner du fait qu'au Sénégal le prix reste intact alors que, selon lui, ‘en Côte d'ivoire, la farine est passée d'un prix A à un prix B avec une réduction de 50 %’. Raison pour laquelle, le président de l’Ascosen pense que ‘la baisse de la farine devrait de manière significative se répercuter sur le prix du pain’. De leur côté, les boulangers se désolent de la situation et voient les choses autrement. Secrétaire général de la fédération des boulangers du Sénégal, Alioune Thiam soutient l’idée de hausser le poids de la baguette et de laisser le prix intact. ‘C'est vraiment mieux pour nous d’augmenter le poids pour faire un pain de bonne qualité avec un prix raisonnable’, théorise-t-il.
Finalement, le chef du service régional du commerce, Oumar Ly, va trancher le débat en décidant de faire passer le poids de la baguette de pain de 140 grammes à 210 grammes, soit une hausse de 70g et de maintenir le prix à 150 francs. Justifiant ces mesures, il explique que ‘l'Etat ne part pas des faits mais des dossiers écrits. A notre niveau, le prix était plafonné à 160 francs. Si le pain est vendu à 150 francs, c'est parce que les boulangers, qui se perdaient dans leurs calculs, l'ont ramené à ce stade’, soutient-il.
Néanmoins, il prévient que cette fois l'application du prix sera vérifiée. ‘Son non respect fera l'objet de sanction’, avertit Oumar Ly.
Cependant, note Dame Diouf, adjoint au maire de Dakar, il est nécessaire que les céréales locales soient introduites dans la fabrication du pain pour que les prix deviennent accessibles à tous. Et dans ce cadre, il annonce qu’il est prévu, avec le financement de la Banque mondiale, la formation de 300 boulangers pour la fabrication du pain local avec des kiosques de vente un peu partout pour permettre leur accessibilité.
ALORS QUE SON PRIX A BAISSE EN COTE D’IVOIRE : Pourquoi la farine des Grands moulins de Dakar coûte cher
Les Grands moulins de Dakar (Gmd) ne tiennent aucun compte de la crise qui frappe les populations sénégalaises. Selon Alioune Thiam, secrétaire général de la fédération des boulangers du Sénégal, ce sont les primes de 15 millions par mois que Gmd verse pour fidéliser ses revendeurs qui se répercutent sur le prix de vente de la tonne de farine. ‘Cela se répercute sur le prix et fait que la tonne ne baisse pas comme il fallait s’y attendre’, soutient-il. Dans la même lancée, Adnan, un boulanger, corrobore ses propos. ‘Si les prix ont beaucoup baissé en Cote d'Ivoire, c'est parce que les Grands moulins voulaient couper l'herbe sous les pieds d’une entreprise qui s'était installée pour leur faire la concurrence. Ainsi, le sac de farine de 50 kg est passé de 16 000 francs à 9 000 francs’, informe-t-il.
Momar Ndao, qui assimile la pratique des Gmd à du dumping, explique que ‘si les industriels sont laissés à eux-mêmes, ils sont capables de chasser des concurrents gênants’. Ainsi, il réitère son souhait de voir le prix du pain chuter.‘Les prix de la tonne de farine ont baissé de 50 % hors taxes douanières. Donc, les prix peuvent bien connaître une baisse’, convainc-t-il.
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