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Economie

Mamadou Racine Sy, président de l’association pour la promotion du tourisme au Sénégal : « La saisonnalité porte un lourd préjudice au tourisme » (suite et fin)

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Mamadou Racine Sy, président de l’association pour la promotion du tourisme au Sénégal : « La saisonnalité porte un lourd préjudice au tourisme » (suite et fin)

Dans cette dernière partie de l’interview accordée au Soleil, Mamadou Racine Sy évoque les difficultés qui freinent l’essor du secteur et dégage des perspectives.

Nous avons une basse saison plus longue, que faudrait-il faire pour la rentabiliser ?

Le phénomène de la saisonnalité porte un lourd préjudice à l’industrie hôtelière au Sénégal. En Casamance, on travaille 4 mois sur 12. On ouvre au mois de décembre et on ferme au mois d’avril. Ce qui veut dire qu’il faut diviser les quatre mois d’activités par 12 pour avoir le chiffre d’affaires mensuel. ET cela rend difficile de rentabiliser un investissement en Casamance. Nous pouvons remédier à cette saisonnalité de plusieurs manières. D’abord, il faut les moyens d’une promotion efficace. Aujourd’hui les concurrents sénégalais dans ce domaine à savoir le Maroc injecte 20 milliards dans la promotion alors que nous n’avons pas encore atteint un milliard. Même les pays émergents comme le Mali ou d’autres pays mettent plus d’un milliard dans la promotion de leur destination. Notre fonds de promotion est encore tributaire des rentrées exclusivement générées par les taxes de nuitées. Il nous faut maintenant diversifier les sources de financement de la promotion de la destination Sénégal. Le développement du tourisme est un moyen de lutter contre la pauvreté, contre l’exode rurale. Les investissements dans les campagnes sont des facteurs de stabilisation et de sédentarisation des populations. Le trafic aérien coûte trop cher et il est impératif, pour accroître le flux des arrivées, de revoir les prix du transport. Nous souhaitons également que la liaison Cap Skiring -Dakar puisse être desservie toute l’année avec des tarifs préférentiels. Aujourd’hui, le billet Dakar - Cap Skiring aller et retour est de 130.000 Francs CFA. Cela n’est pas normal. Cette ligne n’est desservie que durant la période de décembre à avril.

Quelle appréciation faites-vous du travail de la Sapco ?

La Sapco a d’énormes projets d’aménagement de la Petite Côte. Je pense même au-delà de la Petite Côte, elle a une mission d’aménagement de l’ensemble du Sénégal. Je sais qu’elle était très en avance dans les pourparlers avec les bailleurs de fonds pour la mise en place de quatre nouvelles stations balnéaires au niveau de la Petite Côte. Aujourd’hui, la station de Saly est saturée. Il faudrait que l’on mette en place de nouvelles infrastructures de manière à favoriser les investissements au Sénégal. Nous sommes satisfaits des excellents rapports que nous entretenons avec la Sapco, mais il faut une politique fiscale attractive. Si on ne baisse pas la TVA, si on ne nous accorde pas des tarifs préférentiels sur les coûts des facteurs comme l’électricité, si on instaure un visa obligatoire pour les ressortissants des pays émetteurs, nous ne pouvons pas atteindre nos objectifs de 1.500.000 touristes à l’horizon 2010. Le tourisme a l’ambition de devenir le premier secteur de l’économie nationale et il en a la capacité. C’est un secteur où nous n’avons pas mal d’investisseurs étrangers. Et, depuis l’appel du Chef de l’État, les investisseurs sénégalais sont de plus en plus présents dans des petites et grandes infrastructures au niveau de toutes les régions du Sénégal.

Aujourd’hui on constate pas mal d’agression sur des touristes, notamment sur la Petite Côte, ne faudrait-il pas renforcer la sécurité autour des hôtels ?

L’année dernière la saison touristique s’est arrêtée en fin mars au Cap Skiring à cause des combats à la frontière avec la Guinée-Bissau. En Europe, on ne connaît pas la géographie du Sénégal. Ils pensent que quand il y a un problème, cela concerne toute la Casamance. Cela avait porté un préjudice aux investisseurs de la région de la Casamance.

Nous souhaitons que la police touristique soit opérationnelle le plus rapidement possible. Ce point fait partie des recommandations des assises de 2002.

Comment faire pour développer le tourisme de l’intérieur ?

C’est vrai, il faut développer le tourisme intérieur, mais il faut aussi reconnaître que les Sénégalais sont bourrés de complexes. Il préfère dépenser toute leur économie à l’étranger, alors qu’ils ne connaissent pas ce qu’il y a chez eux. Il y a le tourisme culturel à Saint-Louis. Certains ne connaissent pas la Casamance, alors que cette région possède les plages les plus belles du monde. Il n’y a pas meilleur que d’aller dans les îles du Saloum ou au Cap-Skiring. Il y a un environnement culturel typique, un environnement très beau. Nous avons appliqué des tarifs résidents pour les nationaux. Ils ne paient pas les mêmes tarifs que les autres. Nous sommes même prêts en basse saison à appliquer des tarifs allant jusqu’à 50 % de réduction, mais on ne les voient pas beaucoup. Nous sommes prêts à faire des efforts par rapport à nos tarifs, mais il faut que les gens prennent du plaisir à visiter leur pays.

Est-ce qu’il faut des mesures particulières pour les investisseurs se trouvant en Casamance ?

La Casamance, comme vous le savez, traverse depuis 12 ans une situation particulière due à la crise. Nous pensons qu’il est important que le gouvernement puisse prendre des mesures pour soulager les professionnels installés dans cette partie du pays par un allégement de la pression fiscale. Cet allégement peut se faire de diverses manières. On peut réfléchir à une sorte d’amnistie fiscale, la suspension de certaines taxes pour deux ou trois ans afin de leur permettre d’essouffler et de repartir sur de nouvelles bases. Souffrir d’une situation avec des saisons chaotiques dûes à une mauvaise image de la destination véhiculée par les gens de mauvaise foi. Je veux dire que cela a porté un lourd tribut aux acteurs du tourisme dans cette zone. Ce sont des questions que nous avons abordé avec le ministre des Finances et aussi celui du Tourisme.

Il y a une confusion dans les métiers qui gravitent autour du tourisme, par exemple le métier de guide touriste…

Je crois qu’il faut moraliser le secteur de plusieurs manières. Une formation des guides s’impose. Parce que ce sont eux qui sont en contact avec la clientèle. Il faut aussi améliorer de manière générale la formation au Sénégal. Nous voyons la prolifération de toutes sortes d’écoles. Une formation des formateurs est aussi nécessaire dans ce domaine. Le gouvernement, pour sa part, doit assainir le milieu. Les hôtels qui ne sont pas en règle doivent souffrir de sanctions. Le syndicat ne défend aucun hôtelier qui n’est pas en règle.



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