L’incidence des transferts d’argent sur le niveau de pauvreté des ménages est bien réelle. C’est une étude de la Direction de la prévision et des études économiques (Dpee), qui vient d’être publiée, qui en apporte la confirmation, et éclaire également sur d’autres aspects.
Le tiers des ménages sénégalais recevant des transferts d’argent de l’étranger «auraient été pauvres s’ils n’en recevaient pas». C’est la conclusion d’une étude menée par la Direction de la prévision et des études économiques (Dpee). Intitulée «Impact des transferts des migrants sur la pauvreté au Sénégal», l’étude qui prend en compte des données de 2007, publiée récemment, estime à 31% le nombre de ménages qui auraient été en dessous de la ligne de pauvreté, s’ils ne recevaient pas d’argent de l’étranger. Ces transferts qui, dans les circuits officiels, ont atteint une masse de 460 milliards de francs Cfa par an, ont des effets tout à fait palpables sur les ménages, car ils sont en majorité destinés à satisfaire des besoins de consommation, d’Education et de Santé. Le document signale que «les fonds reçus de l’extérieur sont à l’origine d’une hausse des dépenses par tête des ménages sénégalais en moyenne de 59,85%, comparativement au cas où ces ménages ne recevaient pas d’argent de l’étranger».
Dans cette moyenne, des disparités subsistent cependant, puisque Dakar présente le plus fort impact avec 95%. Les bienfaits de ces transferts d’argent ne se font pas trop sentir dans les zones rurales, où les dépenses n’enregistrent qu’une hausse de 5,9%. Les raisons de cet écart tiennent, selon les résultats de l’étude, «à la faiblesse relative des transferts en destination de ce milieu». De manière plus détaillée, l’explication se trouve d’abord dans le fait que «Dakar regroupe une part considérable de l’activité économique». En second lieu, la métropole compte plus de migrants que les autres villes. Hors de ces zones, les autres régions du pays présentent des impacts de 63,2% qui s’accompagnent toutefois d’une plus forte baisse de l’incidence de la pauvreté. Elle y est en effet de 60 %.
L’étude conclut en appelant, implicitement, à une prise de décision politique qui résulte des données ainsi communiquées. Car, elle indique que le montant des transferts reçus annuellement représente, aujourd’hui, le triple des Investissements directs étrangers (Ide) dans le monde. Mais leur importance pourrait être plus perceptible encore si les coûts associés aux envois de fonds étaient revus à la baisse. On se rappelle qu’il y a quelques mois, la Banque africaine de développement (Bad) par la voix de son président Donald Kaberuka, appelait les agences de transferts à baisser les frais liés à ces opérations. Aujourd’hui, l’étude de la Dpee recommande certes la baisse des coûts, mais aussi l’implantation d’infrastructures financières plus adaptées, en encourageant la concurrence, la collaboration entre les structures spécialisées dans le transfert et les établissements de crédits et mutuelles. La Dpee estime également que l’utilisation des fonds dans des activités génératrices de revenus profiterait plus aux personnes restées au pays, en évitant «les gaspillages à l’occasion des cérémonies familiales, notamment».
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