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Economie

MOUBARACK LO, ÉCONOMISTE : « Si on continue comme ça, le Sénégal ne se développera pas»

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MOUBARACK LO, ÉCONOMISTE : « Si on continue comme ça, le Sénégal ne se développera pas»

Dans son analyse des 50 ans d'indépendance du Sénégal, l'économiste Moubarack Lo est arrivé à la conclusion que «le Sénégal n'a pas réussi à se développer sur ces 50 ans». Ce, malgré les deux grandes étapes et les trois périodes de la vie économique.

«Globalement, le Sénégal n'a pas réussi à se développer sur ces 50 ans. Sur ces 50 ans, on peut dire que le Sénégal a fait des performances moyennes à faibles. Aucun secteur important de l'économie sénégalaise n'est aujour­d'hui maîtrisé par l'entreprenariat national et cela témoigne d'un manque de vision», a dit l'économiste Moubarack Lo, dans son analyse des 50 ans d'activités économiques du Sénégal. M. Lo de préciser : «Mais il faut dire que tous les pays d'Afrique qui ont pris le départ avec le Sénégal n'ont pas fait mieux. Cependant, on peut citer des pays qui avaient le même niveau que le Sénégal en 1960 et qui sont aujourd'hui des pays développés ou émergents. C'est le cas de la Tunisie, du Maroc, de la Corée du Sud, de la Malaisie etc.»

1960-1980 : années de vaches grasses

Pour Moubarack Lo, l'économie sénégalaise est marquée par «deux grandes étapes : Une étape où l'on s'est appauvri qui va de 1960 à 1994 avec un revenu par tête qui ne dépasse pas la croissance démographique. Une seconde étape qui part de 1994 jusqu'à maintenant avec un léger redressement». Et sur ces deux phases cumulées, «la richesse produite n'est pas suffisante pour lutter efficacement contre la pauvreté, car il faut une croissance de 7 à 8% pour le faire. Et si on continue comme ça, le Sénégal ne se développera pas».

A côtés de ces deux étapes, M. Lo note que la vie économique du Sénégal a été traversée par trois périodes. «De 1960 à 1980, nous étions dans les années de vaches grasses, l'ère du tout public, avec une planification, et une priorité accordé au développement du monde rural, de la planification. C'est aussi la période des nationalisations, des politiques volontaristes basées sur le modèle socialiste africain qui a généré des difficultés», explique-t-il.

1980-1993 : années des vaches maigres

La seconde période qui va de «1980 à 1993» est celle «des vaches maigres (où) le président Abdou Diouf a passé les 2/3 de son temps à corriger les équilibres budgétaires et la balance des paiements». «La planification a été reléguée aux calendes grecques pour laisser la place aux programmes d'ajustement. On a assisté à la déstructuration du tissu social avec la fermeture d'entreprises, les pertes massives d'emplois. C'est aussi la période du moins d'Etat, mieux d'État, matérialisée par les privatisations des entreprises nationales», note M. Lo.

1993-2000 : assainissement des finances publiques

La dernière période a commencé en 1994 et se poursuit jusqu'à maintenant, renseigne l'économiste qui indique que c'est l'ère «du réalisme économique et du pragmatisme. L'idéologie n'est plus la base fondamentale du développement». Cette ère est, d'après lui, segmentée en sous-périodes. «De 1993 à 2000, on a vu les équipes en place qui se sont battues pour l'assainissement des finances publiques, la mise en place de programmes sectoriels et la promotion de l'investissement. Mais surtout on a vu le président Diouf déléguer la gestion de la politique économique au ministère des finances». La seconde sous-période qui coïncide avec l'Alternance politique a vu Me Wade rester dans les «mêmes choix de politique économique», mais en utilisant «d'autres approches dans la mise en œuvre». Notamment en matière d'éducation, de santé, de transport.

2000-2010 : beaucoup d'ambition, trop peu de vision

Les années Wade sont aussi marquées, de l'avis de Moubarack Lo, par «là programmation faite par les techniciens qui est devenue une proposition». Le ministère des Finances perdant «le contrôle de la gestion de la politique économique à cause de trop d'implications des politiques. Ce qui a créé des déséquilibres». La stratégie du tout infrastructure, quoique pas mauvaise, a été jugée non cohérente par Moubarack Lo. Parce que non orientée sur la production et seulement concentrée sur Dakar. Analysant la démarché de Wade, l'économiste trouve qu'elle charrie «beaucoup d'ambition, mais pas trop de vision. Il y a beaucoup de contradictions entre sa pensée et ses actes, car il fonctionné à l'improviste».

Bachir Fofana
Source Le Populaire



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