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PÊCHE AU SÉNÉGAL : Les professionnels à la recherche de solutions de sortie de crise

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PÊCHE AU SÉNÉGAL : Les professionnels à la recherche de solutions de sortie de crise

Le secteur de la pêche est en proie à une crise profonde qui a emporté plusieurs entreprises et maintenu certaines sociétés à l’agonie. Une situation qui a précité des soutiens de familles dans l’abîme du chômage, entre autres conséquences. Et pour sauver la situation, le ministère de l’Économie maritime et des Transports maritimes internationaux a convié les acteurs du secteur à une journée de réflexion, le vendredi 31 mars 2006. À cette occasion, les participants ont procédé au diagnostic des maux et proposé des remèdes à la situation à laquelle est confronté le secteur.

“ La filière des industries de transformation comprend les établissements à terre, les structures connexes et l’armement de pêche industrielle. En 2005, 57 entreprises en activités ont été recensées. Parmi elles, 11 établissements sont suspendus pour des raisons de non-conformité ou d’arrêt d’activités ”, explique, dans son exposé, le directeur des industries de transformation de la pêche, le Dr Keita.

Au sujet de l’armement, il révèle que le nombre total des navires autorisés à pêcher dans la Zone économique exclusive (Zee) sénégalaise est de 160 en 2005, dont 121 détenus par des nationaux. La moyenne d’âge des navires sénégalais est de 30 ans. Ce qui donne une idée de la vétusté des infrastructures de pêche.

D’après le Dr Keita, c’est grâce à l’industrie de transformation des produits de la pêche, à travers les exportations que le secteur de la pêche occupe le premier poste de pourvoyeur de devises de l’économie nationale. Le volume des exportations a été multiplié par 17 entre 1970 ((5.085 tonnes) et 2002 (87.567 t) avec un maximum de 115.205 tonnes en moyennes entre 1987 et 1999. La valeur commerciale estimée a doublement décuplé entre 1974 (8,8 milliards de francs Cfa) et 2002 (181,5 milliards francs Cfa). Si les entreprises ont pu se maintenir malgré la chute de leur production amorcée à partir de 2000, c’est grâce à la valeur commerciale à l’exportation.

Cette valeur commerciale a été maximale en 2000 avec 186 milliards de francs Cfa avant d’enregistrer une baisse de 2.8 % en 2001 (181,1 milliards). Ce chiffre d’affaires s’est maintenu en 2002 (181,4 milliards francs Cfa), soit une légère progression de 0,2 % par rapport à 2001. Globalement, les niveaux des valeurs commerciales à l’exportation de ces dernières années sont restés relativement élevés car la chute des volumes, estimée à 30 % entre 1999 et 2002, n’a induit qu’une perte de valeur de 2 %.

Parlant de la situation de la crise dans les grandes industries, M. Keita explique qu’il s’agit plutôt de la crise des industries surdimensionnées du secteur de la pêche, créées en période florissante, dans un contexte de disponibilité de la ressource et de concurrence apaisée sur les marchés de consommation. Ainsi, les principales causes identifiées par les partenaires sont de plusieurs ordres aussi bien conjoncturels que structurels. Parmi ces causes, on note la raréfaction de la ressource, liée notamment à la destruction de l’écosystème (techniques de pêche prohibées, changements des températures et paupérisation des eaux en oxygène). Cette raréfaction est aussi due à l’augmentation de l’effort de pêche (augmentation du nombre de navires et conversion de ceux-ci en congélateurs pour une meilleure rentabilité et confinement des flottes dans les eaux sénégalaises, suite aux restrictions instaurées par les pays limitrophes). Autres raisons de la profonde crise que traverse les grandes industries de pêche : le surdimensionnement des unités, la cherté des facteurs et des coûts de production (eau, électricité, carburant, etc.), la vétusté des équipements et des infrastructures, l’absence de compétitivité des produits sénégalais sur certains marchés internationaux, le coût élevé du fret aérien et la suppression de certaines destinations. Il y a également les difficultés de trésorerie liée principalement à la méfiance des banques (le secteur étant considéré à haut risque), la mauvaise gestion interne de certaines unités.

À l’analyse du bulletin des maux dont souffre ce secteur, un constat est fait que l’un des problèmes caractéristiques de la situation des grandes entreprises surdimensionnées demeure la persistance du passif de celles-ci vis-à-vis de l’institution portuaire (dettes contractées au titre des redevances domaniales et des services portuaires), du système bancaire, des fournisseurs (Senelec, Sde, etc.) et de l’État. À titre d’illustration, les entreprises de pêche doivent près de 1,2 milliard de francs Cfa au Port autonome de Dakar, elles doivent 12 milliards de francs Cfa à la Sgbs, dont un déclassement de crédit pour une valeur de 7 milliards de francs Cfa. De même, une unité industrielle doit plus de 8 milliards de francs Cfa à l’État qui est intervenu dans le cadre de sa restructuration, selon le directeur des Industries de transformation de la pêche.

Pour juguler les problèmes qui persistent dans le secteur de la pêche depuis quelques années, le gouvernement du Sénégal a entrepris un vaste chantier de réformes. Selon le directeur des industries de transformation de la pêche, ces réformes sont axées sur le gel des licences de pêche pour les ressources démersales côtières, le gel de la naturalisation des bateaux battant pavillon étranger, l’instauration du repos biologique suivant les résultats de la recherche par le Centre de recherches océanographiques de Dakar-Thiaroye (Crodt). Elles ont également porté sur l’instauration d’un permis de pêche artisanal au terme du recensement et de l’immatriculation des pirogues, l’instauration de l’assurance de la pêche artisanale. À cela s’ajoutent l’audit du pavillon qui est en cours pour préparer l’ajustement des capacités, la reconstitution des récifs artificiels, la préparation de la mise aux normes des quais de pêche pilotes, la réflexion sur la mise en place d’un fonds de calamité, la promotion de l’aquaculture et de la pêche continentale, la rationalisation des structures de conservation et de commercialisation des produits de pêche artisanale dans le cadre du Programme d’appui à la pêche artisanale (Papa Sud).

Parmi les chantiers de l’État pour sortir ce secteur de l’ornière, figurent la mobilisation de moyens substantiels pour la protection et la surveillance de la Zee avec l’achat d’un aéronef et de six vedettes, la renégociation des critères d’accès au financement de la Caisse nationale de crédit agricole du Sénégal (Cncas), la réalisation de la première phase du programme froid financé à hauteur de 5 milliards de francs Cfa pour la couverture de la façade maritime et dont la deuxième phase concernera 13 communes de l’intérieur du pays, la détaxation du carburant pour la pêche artisanale qui occasionne un manque à gagner de 8 milliards de francs Cfa au trésor public, la mise en place de la Cellule de redéploiement industrielle (Cri) et l’intervention auprès des autorités portuaires pour renégocier les moratoires.

En outre, l’État s’est impliqué à plus d’un titre dans l’amélioration de l’environnement des affaires au bénéfice du secteur privé en général et à celui de la pêche en particulier, selon M. Keita. Il en est de même pour la prise en charge des questions liées au financement à court et moyen termes des industries de transformation. À cet effet, il a relevé un certain nombre de points relatifs à la mise en place par l’État d’un dispositif d’appui au secteur privé articulé autour du Bureau de mise à niveau (Bmn) de l’Agence de développement et d’encadrement des petites moyennes entreprises (Adepme), du Fonds à frais partagés du Projet de promotion des investissements privés (Ppip), du fonds d’intervention du Fonds de développement de l’enseignement technique et de la formation professionnelle (Fondef, du Fonds pour la promotion des exportations de l’Agence sénégalaise de la promotion des exportations (Asepex), de la ligne de crédit revolving du Fonds de promotion économique (Fpe). Selon lui, la majeure partie des structures de transformation bénéficie du régime fiscal lié au statut d’Entreprise franche d’exportation ou de Point franc.

Pour éviter la faillite dans une conserverie, l’État a participé au capital à hauteur de 51 % et a créé, en décembre 2000, une société d’exploitation où l’État détient 54 % des parts. Cet important appui financier de l’ordre de 2,3 milliards de francs Cfa a permis à l’entreprise de redémarrer ses activités, après un arrêt total de plus d’un an. L’État a ensuite mis en place, en 2004, une ligne de crédit de 2 milliards de FCfa, destinée au financement du cycle d’exploitation de la filière thonière. Ce financement relais vise à faciliter l’achat de matières premières destinées à la fabrication de conserves ou de poches de thon. Aujourd’hui, l’État cherche à unifier la plate-forme thonière.

Le projet consiste à regrouper les deux conserveries de thon. Un partenaire stratégique libyen va, selon lui, entrer dans le capital de l’entité qui naîtra de cette fusion. “ La mise aux normes effectuées entre 1990 et 1999 a coûté 14,7 milliards de francs Cfa à la filière. La subvention à hauteur de 30 % du montant des investissements a coûté 3 milliards de francs Cfa à nos partenaires au développement ”, a confié le directeur des industries de transformation de la pêche. À l’en croire, le programme d’ajustement des capacités de pêche industrielle est financé par la Bad, à hauteur de 32 milliards de francs Cfa. Et récemment, en janvier 2006, l’administration portuaire a décidé de suspendre l’application de l’arrondi à la tonne supérieure pour la facturation des produits de la pêche, afin de participer à l’effort global de redressement du secteur.



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