La Société africaine de raffinage (Sar) a reçu une bouffée de... brut. L'Etat a décidé de verser 13 milliards de francs pour éponger ses arriérés de créances représentant les subventions aux produits pétroliers, notamment les butanes. Et la Senelec a payé, elle aussi, 8,6 milliards de francs. Le cumul porte sur un montant de 21 milliards 600 millions de francs qui sera dans les caisses de la Sar aujourd'hui, selon des sources proches des autorités gouvernementales. Ces décisions ont été rapportées au Conseil d'administration qui s'est tenu hier.
L'Etat a demandé à la Société africaine de raffinage de lui produire un rapport de sortie de crise. Le document devra parvenir aux autorités compétentes au plus tard le vendredi 28 juillet prochain. La réponse de l'Etat est attendue le lundi 31 juillet. En attendant, les autorités sont en train de relever les débiteurs de la Sar afin qu'ils honorent leurs engagements. La crise à laquelle la Sar est confrontée depuis plusieurs mois ne sera pas pour autant résolue. Le redémarrage de l'activité industrielle n'est prévu qu'au mois de septembre prochain, au plus tôt. Les difficultés de la Société africaine de raffinage ont provoqué des problèmes d'approvisionnement en fuel du Gti, un producteur indépendant d'électricité (voir par ailleurs).
La mauvaise santé financère a fait que la Sar est dans l'incapacité d'acheter le tanker qui se trouve actuellement aux larges de Dakar. Avec sa cargaison de 6 000 tonnes de produits finis, le navire attend depuis quatre jours d'être déchargé. A l'origine, un problème de lettre de garantie que la Sar ne peut pas avoir. Elle doit plus de 203 milliards de francs Cfa aux banques.
Chaque jour qui passe est une perte pour la raffinerie qui doit payer entre 5 000 et 15 000 francs de surescaries. Selon un des cadres de la Société africaine de raffinage, leur entreprise doit tenir un langage de vérité aux autorités. ‘L'Etat est dans de bonnes dispositions pour le maintien de l'activité de raffinage. Ce sont plutôt les actionnaires qui sont à l'origine de l'inquiétude des travailleurs’, martèle-t-il.
Les difficultés de la Société africaine de raffinage ont été accentuées par le renchérissement du coût des produits pétroliers. Le baril est passé de 25 dollars, en 2002, à 60 dollars (la moyenne) en 2006. Une cargaison qui était achetée à 10 milliards de francs est cédée aujourd'hui à 35 milliards de francs.
La facture pétrolière est devenue très salée pour un pays non producteur. Depuis 2004, on note une évolution des importations des produits pétroliers. En progression continue, elles ont atteint, l'année dernière, 326 milliards contre 278 milliards l'année précédente, selon les chiffres fournis par l'Agence nationale de la statistique et de la démographie. Ces produits sont constitués d'huile brute pour 203 milliards de francs destinée au raffinage et de produits finis incluant le gaz. Les quantités importées de brute de pétrole sont ressorties à 978 000 tonnes contre 1 million 151 mille tonnes dans la même période considérée. Les importations de gasoil sont ressorties à 45 milliards en 2005 contre 30,5 milliards en 2004. En hausse continue, les importations de gaz butane se sont élevées à 26 milliards de francs, 30 milliards et 36 milliards respectivement en 2003, 2004 et 2005.
Ces statistiques montrent encore une fois que ce n'est pas encore le bout du tunnel pour un pays importateur comme le nôtre. Les responsables de la Société africaine de raffinage sont conscients des difficultés de trésorerie aggravées par un marché international au gré des fluctuations.
Pour pallier cela, la Sar pourrait acheter du pétrole de la Guinée Equatoriale. C’est du moins l’une des retombées de la récente visite du président de la République chez Téodoro Obiang Nguéma. Me Abdoulaye Wade avait indiqué que la Guinée-Equatoriale pourra vendre du pétrole à la Société africaine de raffinage, ce qui permettrait de réduire considérablement les coûts.
1 Commentaires
Allons Y Molo
En Octobre, 2010 (18:37 PM)Participer à la Discussion