Pain : Une hausse du prix de la baguette est imminente

Les consommateurs peuvent s'attendre dans les prochains jours à une augmentation du prix du pain. La rareté du blé sur le marché mondial en sera la principale cause.

Cela va se compliquer pour les ménages sénégalais. Après le prix du carburant qui a connu récemment une hausse vertigineuse et, dans une certaine mesure, le transport, c'est au tour du pain de monter les enchères. En effet, la baguette de pain pourrait être vendue, dans les jours qui viennent, plus chère que son prix actuel qui est fixé à 150 francs Cfa depuis 2001 pour la région de Dakar. A l'analyse, cette hausse dont nous ignorons le pourcentage pourrait être justifiée par l'envol des prix du blé sur les marchés internationaux. Et compte tenu de la flambée actuelle des prix du blé, la hausse des prix de la farine au Sénégal (principale matière première pour la fabrication du pain) semble inéluctable. D'ailleurs, les boulangers s'attendent à revivre le scénario de 2003. Le prix de la farine avait alors augmenté de plus de 10 % suite à la hausse des prix du blé sur les marchés internationaux. Mais cette fois, la situation s'est compliquée avec les hausses des prix du gasoil, de l'électricité et du transport. Pour certains boulangers, la situation est devenue intenable et ils souhaitent imposer au gouvernement une hausse du prix du pain. Le Sénégal qui ne produit pas de blé mais qui en importe quelque trois cent mille tonnes par an doit donc s'attendre à subir les contrecoups de cette hausse des cours mondiaux.

En France, les meuniers ont déjà répercuté à leurs clients boulangers la hausse du prix du blé. La hausse constatée est d'ores et déjà d'au moins 10 %. On s'attend à ce qu'elle s'amplifie. Et les syndicats de boulangers français envisagent d'augmenter le prix de la baguette de pain de 3 % à 5 % en justifiant cette hausse par l'envolée des prix du blé sur les marchés internationaux. La presse française s'est d'ailleurs fait récemment l'écho de la hausse du prix du pain dans ce pays.

Intervenue depuis le mois de juillet dernier, cette hausse des prix du blé est due notamment aux mauvaises conditions climatiques observées dans les principales régions de production. En raison de la canicule du mois de juillet suivie des pluies du mois d'août, la récolte de blé en France est, cette année, beaucoup plus faible que prévu. On estime désormais que la récolte de blé tendre de 2006 s'établira à 32,5 millions de tonnes, en recul de 12 % par rapport à la récolte de 2005, elle-même inférieure de 10 % par rapport à 2004. Le blé est rare. Il est donc plus cher. En d'autres termes, c'est la rareté de l'offre de blé qui fait exploser les cours.

Mais ce n'est pas seulement la France qui subit de plein fouet ces mauvaises conditions climatiques. Ces aléas climatiques ont frappé également l'ensemble des pays producteurs de blé. On peut ainsi citer les Etats-Unis d'Amérique qui ont subi une forte sécheresse dans les plaines. On estime généralement que la production américaine de blé est en baisse de 8 % par rapport à 2005. Dans les pays d'Europe de l'Est (Russie, Ukraine, Roumanie), le mauvais temps de la fin août a eu des conséquences encore plus dramatiques car les blés ont été attaqués par des insectes, ce qui les rend en grande partie impropres à la consommation humaine.

Parallèlement, la demande mondiale de blé ne se ralentit pas. Les observateurs ont particulièrement noté la reprise des importations de l'Inde qui a récemment acheté 3 millions de tonnes de blé sur les marchés mondiaux. Au cours des deux années précédentes, l'Inde était au contraire en position d'exportatrice de blé.

Avec une offre en baisse et une demande qui ne faiblit pas, les prix ont naturellement flambé. En deux mois, juillet et août 2006, les prix des blés standard ont augmenté de 25 à 30 %. Et ce n'est pas fini. Les professionnels s'attendent à ce que l'envolée des prix se poursuive au moins jusqu'à la fin de l'année.

Le Conseil international des céréales a évalué la production de blé dans le monde à 629 millions de tonnes en 2004/05. Pour 2005/06, cette production est estimée à 605 millions de tonnes. Et les premières prévisions pour 2006/07 ne sont que 596 millions de tonnes.

Parallèlement, la consommation de blé dans le monde est restée relativement stable, passant de 616 millions de t en 2004/05 à 622 millions de t en 2005/06 puis 611 millions de t en 2006/07. On note toutefois que, depuis deux années consécutives, la consommation mondiale de blé est supérieure à la production mondiale. Et, de fait, les stocks mondiaux atteindront cette année un minimum historique à 118 millions de tonnes, soit environ deux mois de consommation.

Ce début de 21e siècle est caractérisé par la hausse des prix des matières premières, notamment le pétrole et le gaz. Les matières premières agricoles et au premier rang de celles-ci, le blé, n'échapperont pas à cette tendance lourde. La flambée actuelle des prix n'est sans doute que le prélude à une hausse continue des prix du blé, au moins à moyen terme.