L’économie sénégalaise pourrait intégrer le cercle des pays émergents dans les 10 ou 15 ans à venir à condition que le pays poursuive la diversification de son économie tout en attirant davantage d’investissements étrangers, a soutenu l’économiste sénégalais Moubarak Lô.
«Le Sénégal a un grand potentiel mais n’arrive toutefois pas à transformer l’essai», a-t-il déclaré dans un entretien publié sur le site de la chaîne de télévision France 24. Or, selon Moubarack Lô, la stabilité politique du Sénégal, tant vanté sur le plan international, ne suffit plus à booster son économie.
«La stabilité politique ne suffit pas ! La moitié de la population vit toujours en dessous du seuil de pauvreté, le secteur informel emploie toujours une majorité des Sénégalais et le pays attire peu les investisseurs privés», note l’économiste.
Il a cependant relevé avec satisfaction le fait que le pays soit « parvenu à passer d’une économie uniquement basée sur la culture d’arachide», sous le règne notamment du premier président sénégalais Léopold Senghor, à une économie diversifiée, à partir des années 1994.
« Jusqu’en 1993, a-t-il argumenté, le pays a stagné (la croissance économique était comprise entre 2,5 et 3%, au même niveau que la croissance démographique, donc le pays ne s’était pas enrichi)» et ce n’est qu’à partir de 1994 que l’économie nationale a commencé à sortir de la tête hors de l’eau, selon lui.
A partir de cette année-là, la croissance a atteint une moyenne de 5 %, pendant que les finances publiques retrouvaient l’équilibre. Le pays est par conséquent redevenu «le chouchou des partenaires publics au développement», a souligné Moubarack Lô.
«Aujourd’hui, le secteur primaire ne représente plus que 14 % du PIB», a encore soutenu M. Lô, signalant que dans le même temps, l’économie sénégalaise « est tournée vers les services, avec surtout un bond fulgurant des télécoms».
Il n’a pas manqué de relever par ailleurs que la balance extérieure du pays est « restée négative», du fait notamment de l’importance des importations en biens d’équipements et en aliments, dont le riz. S’y ajoute que «le pays connaît un creux, en partie à cause de la crise mondiale.»
Du fait de cette crise en particulier, les aides internationales diminuent, là où les émigrés sénégalais « envoient moins d’argent, alors que la consommation intérieure dépend beaucoup de ces transferts. »
Dans un tel contexte, le Sénégal devrait poursuivre la diversification de son économie à travers des domaines encore non exploités, dont l’horticulture (tomates, mangues, papayes, haricots verts, fleurs, etc.), a-t-il suggéré. A terme, Il s’agit pour le pays «d’exporter des produits transformés, à plus grande valeur ajoutée.»
D’autres secteurs comme le textile, la confection, l’artisanat, la pêche, l’industrie culturelle et les télécommunications peuvent également être mis à contribution dans le cadre de la nécessaire diversification de l’économie sénégalaise, a poursuivi l’économiste.
Un autre défi consiste à attirer « en masse les investisseurs privés», a préconisé M. Lô, citant comme obstacles à cette perspective le « sentiment de corruption, la lenteur et la complexité administrative, ainsi qu’un problème de formation professionnelle.» « Si le Sénégal peut relever ces défis, a-t-il conclu, il figurera sans doute dans les 10 à 15 ans parmi les pays émergents.»
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