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Economie

Production d’oignon à Potou : En quête de l’autosuffisance

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Production d’oignon à Potou : En quête de l’autosuffisance

 

Potou village côtier grand centre maraîcher dans la région de Louga est en passe de devenir capital de l’oignon avec une production record qui mène les producteurs à pousser l’optimisme au-delà de l’autosuffisance à un approvisionnement de la sous-région. Cependant beaucoup d’écueils restent encore à franchir

Le marché de Potou est en pleine effervescence pour cause de » louma » (marché hebdomadaire). L’omniprésence de l’oignon est frappante, et près de la mosquée dressée au centre de l’espace marchand, se trouve le hangar dévolu exclusivement à son pesage et où l’on rencontre la plupartdes acteurs de la filière-oignon de Léona. En plus des transactions, ils viennent aux nouvelles concernant les tendances du marché.

Le propriétaire du hangar El Hadj Diop 55 hivernages révolus note que depuis l’âge de la raison, il ne pratique que la culture de l’oignon et que les cultivateurs d’oignons ont cette année toutes les raisons de dire merci à l’Etat pour la restriction de l’importation de ce produit pendant quatre mois à cause d’un pronostic de récolte supérieure aux 70 000 tonnes annoncées. « Les efforts consentis par les acteurs de la filière, tant au niveau de la qualité que de la quantité tendent vers l’autosuffisance et nous avons les moyens d’assurer l’approvisionnement du marché local et certains pays voisins pendant huit mois. Déjà Potou dessert les marchés de Diaobé, de la Gambie et de la Mauritanie.

Pour M. Makhaly Diop, cheville ouvrière du mouvement associatif dans la zone de Potou, la filière de l’oignon est un milieu complexe. « Si l’association (ANDHS) qui compte près de 10.000 membres encadre les acteurs dans le cadre de leurs intérêts, il n’en demeure pas moins que l’initiative de l’Agence de Régulation des Marchés est louable. Cependant nous pouvons assurer l’approvisionnement du marché sénégalais chaque année, jusqu’au 31 juillet. Qui plus est, nous sommes persuadés que la production d’oignons de Potou dépassera les 70.000 tonnes annoncées par certaines sources. « Moi, je maintiens ici que nous pouvons produire des oignons jusqu’au 30 novembre. » a-t-il ajouté avant

En abordant les contraintes liées à l’exploitation de l’oignon dans la zone de Potou, El Hadj Moussa Sow a indiqué que la seule richesse des exploitants est la terre. « Ici, le problème des intrants se pose avec acuité notamment de semences, des engrais, de l’irrigation. Nous avons aussi de réels problèmes d’estimation des récoltes. Si ces contraintes sont levées, nous pourrons produire autant d’oignons que dans la vallée du Fleuve Sénégal, ce qui sera un plus car les produits du cru seraient alors disponibles sur le marché pendant plus longtemps encore. »

Pour Alassane Bâ 98 % environ de la population de la communauté rurale de Léona vit des activités liées à l’oignon à différents niveaux : de l’ouvrage agricole, du transport, de la vente, de l’intermédiation. « Personnellement, je me suis lancé dans la vente de l’oignon local au Mali » a ajouté notre interlocuteur.

Lui emboîtant le pas, Amadou Ka a souligné que le pot de semences de 500 grammes coûte 21.000 francs, le sac d’engrais 12.000 francs alors que le litre se vend à 6000 francs ; le tout corsé par une pénurie persistante de ciment pour la consolidation des puits. « À l’arrivée, nous vendons l’oignon à un prix peu incitatif au kilogramme (environ le tiers de celui de l’importé). D’autres charges viennent grever les coûts avec le sac d’emballage, le fil de fer, le transport et les frais de manutention » a ajouté M. Ka.

Le vice-président du conseil rural et responsable au niveau de l’ANDHS Serigne Abdou Boye a souligné que la variété d’oignon cultivée dans la zone en période de dormance permet d’être présent sur le marché assez longtemps. « Ainsi l’Oriont F1 est à maturité alors que le Rouge d’Amposta (Sonsa) ne sera récolté que dans quatre mois ; ce qui assure une permanence de la denrée pendant huit mois. C’est la raison pour laquelle a t-il ajouté nous demandons une rallonge de quatre mois sur la restriction sur les importations d’oignons. Nous voulons que les autorités prennent la pleine mesure de nos capacités à approvisionner le marché intérieur en légumes de qualité. Aussi il faut remarquer que c’est au moment où les prix deviennent attractifs que nous sommes bousculés par l’oignon d’importation » a noté M. Boye qui s’est interrogé sur les raisons qui font que l’oignon importé coûte entre 400 et 500 francs alors que celui du cru ne dépasse jamais la barre des 225 francs.« Une fois que nos produits atteignent ce seuil, les commerçants crient au scandale cependant que l’importé atteint parfois des pics de 700 francs sur le marché et là, personne ne trouve rien à redire » a indiqué M. Boye qui a persisté et signé en soulignant avec force et conviction que les cultivateurs répartis entre Yodi, Gandiol, Mbao Léona … peuvent assurer la consommation locale pendant 8 mois.

La ronde des travailleurs saisonniers ou « sourghas »

Ils sont des centaines de jeunes gens à venir louer leurs services aux cultivateurs d’oignons dans la zone de Potou. Leur travail consiste à arroser les planches d’oignons dans la terre tapissée de sable fin. Ils viennent de plusieurs régions du Sénégal et des pays voisins :Gambie, Burkina Aso, Mali, Guinée, Guinée-Bissau …Très tôt levés, leur journée commence à 5 heures et dure jusqu’à 15 heures. Ces jeunes qui vivent à la force de leurs poignets sont tout le contraire de ceux qui partent à l’aventure et semblent poursuivre un but : celui d’amasser le maximum d’argent et retourner dans leurs contrées d’origine avec un pactole assez consistant qui leur assure un bon démarrage dans la vie active. Ils sont dans la force de l’âge et ne rechignent pas à l’ouvrage en systèmes d’arrosage face à la pauvreté de la zone. La seule alternative pour eux reste l’arrosage traditionnel au forceps. Le système de rémunération est le partage des gains du champ avec le propriétaire et à …part égale. Ce qui peut représenter des sommes pouvant atteindre 250 à 350 000 francs par campagne.

Mamadi Kamara est un solide gaillard originaire de la république de Guinée. Il est plutôt avare en paroles. Il a fallu les encouragements de ses tuteurs pour qu’il consente enfin à parler. « Je suis venu à Potou en novembre 2006, accompagné de trois autres compatriotes qui avaient décidé de tenter l’aventure avec moi. J’arrivais de la Gambie où j’avais posé mon balluchon dans l’espoir de trouver du boulot. Mais cela n’avait pas marché et je ne vivais que d’expédients. C’est alors que j’ai entendu parler de Potou et des possibilités qu’offrait cette localité. Et je suis venu. J’ai aussitôt trouvé un tuteur à Sagne- Bâtiment . Les trois se sont lancé dans la tomate et le dernier dans l’oignon. C’est ce dernier qui a tiré le gros lot, en amassant 180.000 francs dans les oignons. Les autres se sont retrouvés avec130 000francs. Je signale que ces sommes sont exemptes de toutes dépenses » a indiqué Mamadi Kamara, âgé d’une vingtaine d’années qui a en outre fait noter qu’il compte encore rester à Potou afin d’épargner le maximum d’argent avant de retourner en Guinée.

Abdoulah Kouta est lui aussi originaire de Guinée. A-gé de 22 ans il vit à Potou depuis 2005 « C’est dans la pêche que j’ai commencé à Foundiougne. Mais, le secteur était peu rentable à mon goût. C’est ainsi que je me suis reconverti dans l’ouvrage agricole qui est loin d’être une sinécure, car nous sommes sur pied dès 4 heures du matin et direction les champs. Le travail, je dois l’avouer est pénible et souvent nous avons des problèmes d’alimentation. Mais je trouve la consolation dans la possibilité d’envoyer de l’argent à ma famille par les circuits de transfert d’argent. Malgré tout, je compte retourner au pays pour me préparer afin de revenir m’installer ici » Tous les deux ont tenu à préciser qu’ils n’ont pas connu de problème d’intégration, quoique ne parlant pas un seul mot de wolof. Pour le moment, personne à Potou ne peut se hasarder à donner le nombre de « sourghas « (Travailleurs saisonniers). Seulement El Hadji Mamadou Bâ président du conseil rural a noté qu’un projet intervenant dans la zone va procéder au recensement des ouvriers agricoles étrangers.

Le maraîchage, alternative à l’émigration

Avec la restriction sur les importations d’oignons, c’est l’effervescence dans la communauté rurale de Léona (35 km de Louga) ou ouvriers agricoles, saisonniers, propriétaires, intermédiaires et services d’encadrement sont à pied d’œuvre pour préparer le démarrage de la campagne. En attendant, ce sont des camions qui par dizaines quittent le marché du village en direction des autres régions du Sénégal et des pays voisins, en ce mardi jour de marché hebdomadaire. À Potou, les producteurs d’oignons s’estiment à même de pouvoir approvisionner correctement le marché sénégalais pendant 8 mois sur douze.

La route menant à Potou se singularise par une succession de crêtes, de virages et de ralentisseurs de vitesse très élevés. Le paysage lui est uniformément dégarni, à l’exception des épineux que courent les troupeaux d’animaux en divagation. Des carrés dans les différents tons du vert révèlent la présence de nombreux champs bien portants dans ce paysage ouvert aux vents tant marins que continentaux, soufflant de la mer et du désert. L’accès au marché est un casse-tête à cause des véhicules à traction animale et des camions en chargement qui bouchent le passage. Partout, ce sont des piles de sacs d’oignons qui distillent une odeur envoûtante et entêtante et des pourparlers à n’en plus finir entre producteurs et intermédiaires.

À côté de la dominance des oignons, d’autres légumes résistent fort bien et sont présents en quantité sur le marché, tels que les tomates-cérises, le gombo, le piment, des carottes, du poireau … L’ail et la pomme de terre ont par contre déserté les étals.

Pour le président de la communauté rurale et président de l’Association Nationale des Horticulteurs

du Sénégal (ANDHS) El Hadji Mamadou Bâ, dit Diamyodi Bâ que nous avons rencontré, la zone de Potou est très favorable au maraîchage à cause de ses disponibilités en eau et en terres. » Ici nous sommes traditionnellement de grands cultivateurs. Personnellement j’ai une exploitation de 2 ha d’oignons irrigués au goutte-à-goutte. Nous attendons une récolte de 80 tonnes sur cette superficie. Je pense que cette année–ci nous allons atteindre une production record avec l’appui du projet les Villages du Millénaire qui mit près de 2000 pots de semences de la variété Oriont. Il faut noter que la grande majorité des 31 000 habitants de la communauté rurale vivent du maraîchage. Nous savons par expérience que la production locale dépassera de loin les 40.000 tonnes. « a-t-il ajouté, avant de faire noter que la campagne de Poursuivant, le président de la communauté rurale de Léona a indiqué que la zone peut offrir des emplois aux 102 jeunes du terroir qui ont été refoulés d’Espagne. « L’exemple des jeunes venant de la Guinée, de la Guinée Bissau de la Gambie du Mali et quelques mauritaniens employés comme ouvriers agricoles doit inspirer nos jeunes compatriotes qui vont à l’aventure, dans des conditions souvent inhumaines.

Le président de l’ANDHS indique que son organisation compte 7000 membres rien que dans la zone. Parmi Les contraintes majeures rencontrées par les cultivateurs de Léona, l’enclavement causé par l’absence de pistes de production occupe une grande place selon El Hadj Mamadou Bâ, le président du conseil rural. Tout comme l’arrosage. Seulement, il a fait noter que l’organe délibérant mettra en œuvre un champ communautaire de 5 ha au bénéfice de 20 jeunes du terroir.

L’ANCAR face à l’absence de statistiques

Malgré la vitalité du secteur, la non tenue de statistiques fiables pose des problèmes sérieux à la filière de l’oignon.

Pour Mme Fatoumata Dia Sy, la directrice régionale de l’Agence Nationale du Conseil Agricole et Rural (Ancar) de Louga, le problème qui se pose c’est la non-maîtrise des statistiques sur la production d’oignons dans la zone. Cet état de fait conduit la filière dans une sorte de pilotage à vue, alors qu’elle se trouve en plein essor. Selon elle, trois contraintes principales se posent en garrot à la bonne marche de l’activité. La principale reste la commercialisation. « C’est ainsi que nous avons pris en charge cette problématique récurrente à travers un atelier tenu en 2006 et qui avait pour objectif de trouver des réponses à cette demande. « Ainsi, une association regroupant celles de producteurs a vu le jour pour renforcer la qualité des produits, dans la perspective de l’exportation. Dans le plan d’action adopté, il est retenu des activités de démonstration et des projets tests d’irrigation au goutte-à-goutte, car le budget de la culture par le biais des ouvriers agricoles grève celui des producteurs d’oignons a fait noter Mme SY. « C’est l’autosatisfaction en oignon que visent les producteurs, mais cette étape ne sera atteinte que s’ils maîtrisent les statistiques et le processus moderne de production » a-t-elle signalé.

La mutuelle d’épargne et de crédit : L’accent sur le financement de la micro irrigation

Depuis 1999 que la mutuelle d’épargne et de crédit de la Zone de Potou a été promue par l’ONG AQUADEV, quelque chose a changé dans le domaine de l’agriculture qui représente 80 % des activités économiques menées dans la zone, particulièrement l’horticulture. Les tâches dévolues à la structure sont de mettre de l’argent à la disposition des acteurs puis recouvrer les dettes et récupérer l’épargne des producteurs.

Pour M Amath Bèye, le gérant de la MECZOP, les crédits octroyés sont de différents ordres. »Ils concernent les financements de l’achat des intrants, des produits phytosanitaires, de matériels et de la campagne de commercialisation des produits. « Parmi les différentes composantes, la production prend la plus grande partie du financement. « Ainsi, depuis l’an dernier nous avons décidé de mettre l’accent sur le financement de la micro irrigation en facilitant aux producteurs l’acquisition de kits d’irrigation de 1500m2, de superficie d’un coût de 1.500.000 francs. L’ensemble est composé d’un puits, d’un moteur, de la tuyauterie, des intrants et du carburant. Pour l’exercice 2006, le MECZOP a placé 5 kits pour la phase- test et pour 2007, ce sont 10 unités de micro -irrigation. Ce crédit est échelonné sur trois ans. Pour ce qui est du financement sur les intrants, il est recouvré au bout de 7 mois » a indiqué M. Bèye.

Il a souligné que pour les trois dernières années, la MECZOP a injecté une centaine de millions de francs par campagne. » En ce qui concerne l’épargne, les producteurs ont mis de côté des centaines de millions de francs et déposent également des épargnes bloquées. De toutes les manières, nous poursuivons la sensibilisation et l’organisation. » a-t-il ajoute

L’équation de l’emballage : Une centrale d’achat comme solution

Malgré la vitalité du secteur, la non tenue de statistiques fiables pose des problèmes sérieux à la filière de l’oignon.

Pour Mme Fatoumata Dia Sy, la directrice régionale de l’Agence Nationale du Conseil Agricole et Rural (Ancar) de Louga, le problème qui se pose c’est la non-maîtrise des statistiques sur la production d’oignons dans la zone. Cet état de fait conduit la filière dans une sorte de pilotage à vue, alors qu’elle se trouve en plein essor. Selon elle, trois contraintes principales se posent en garrot à la bonne marche de l’activité. La principale reste la commercialisation. « C’est ainsi que nous avons pris en charge cette problématique récurrente à travers un atelier tenu en 2006 et qui avait pour objectif de trouver des réponses à cette demande. « Ainsi, une association regroupant celles de producteurs a vu le jour pour renforcer la qualité des produits, dans la perspective de l’exportation. Dans le plan d’action adopté, il est retenu des activités de démonstration et des projets tests d’irrigation au goutte-à-goutte, car le budget de la culture par le biais des ouvriers agricoles grève celui des producteurs d’oignons a fait noter Mme SY.

« C’est l’autosatisfaction en oignon que visent les producteurs, mais cette étape ne sera atteinte que s’ils maîtrisent les statistiques et le processus moderne de production » a-t-elle signalé.

UN REPORTAGE DE Saliou Fatma LO (TEXTES) & E.H. MEISSA NIANG (PHOTOS)

 



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