RÉMUNÉRATION IRRÉGULIÈRE, GESTION NÉBULEUSE DES MARCHES, ETC : La Cour des comptes épingle l'Adepme

La Cour des comptes, dans son rapport public 2006, n'a pas fait dans la demi-mesure. Elle a épinglé l'Agence de Développement et d'Encadrement des Petites et Moyennes Entreprises (Adepme). Cette cour a relevé non seulement des dysfonctionnements dans la gestion des marchés, des finances, mais aussi l'irrégularité dans la rémunération du Directeur général Mme Marie Thérèse Diedhiou. 
 
La Cour des comptes n'y est pas allée du dos de la cuillère dans son rapport public 2006. Ce rapport accable l'Adepme dans plusieurs domaines. Selon cette cour, la rémunération du Directeur général n'est pas conforme à la note du Directeur de cabinet du Président de la République qui en fixe les rubriques. Son salaire mensuel est fixé à un net de 3 000 000 de Fr cfa. Toutefois, l'actuel Directeur général perçoit une somme avoisinant 3 500 000 Fcfa par mois. Elle a, par ailleurs, bénéficié indûment du salaire du mois de mai 2003 alors que sa prise de service n'a été effective que le 04 juin 2003.

C'est pourquoi, la cour recommande au Premier ministre d'inviter Mme Marie Thérèse Diedhiou à rembourser le salaire du mois de mai 2003 indûment perçu. Il a également été constaté le non-respect de la déclaration annuelle des revenus des agents et l'absence de régularisation des impôts pour les prestataires de services. D'après notre source, la situation juridique de cette Agence reste équivoque en raison de la réglementation ambiguë sur les agences. Il manque une réelle synergie entre l'Adepme et les autres structures étatiques d'appui aux Pme comme l'Agence de Promotion des Investissements et des Grands Travaux (Apix), l'Agence Nationale pour l'Emploi des Jeunes (Anej), le Fonds National de Promotion de la Jeunesse et le Fonds de Promotion Économique (Fpe). Depuis 2003, l'Adepme ne dispose pas de manuel de procédures ni de contrôle interne. L’archivage des documents administratifs est défaillant et les données informatiques ne sont pas sécurisées.

Le rapport a révélé entre autres la gestion centralisée de la trésorerie autour du Directeur général et du Responsable administratif et financier, source de plusieurs cumuls de fonctions incompatibles exposant l'Agence à des risques considérables; le défaut de précomptes de la Tva qui a valu à l'Agence un redressement fiscal dépassant 50 millions de Fcfa; des dépassements de prévisions budgétaires sans autorisation préalable du Comité de Direction généralement informé après exécution des dépenses; le non-respect des principes de transparence et d'image fidèle des comptes prescrits par le Syscoa, la double numérotation des pièces et le défaut de renseignement de l'imputation comptable sur lesdites pièces.

Elle a noté aussi le défaut d'inventaire physique des immobilisations depuis la création de l'Agence ainsi que des manquements relevés dans les enregistrements tels que la comptabilisation (toutes taxes comprises) de certaines immobilisations, l'utilisation d'un compte de "238 000 autres immobilisations" qui enregistre toutes les écritures, source d'équivoques et le non-respect des dates d'acquisition pour la dotation aux amortissements. Concernant la gestion des marchés, la Cour a relevé des dysfonctionnements relatifs à l'absence de comités de gestion des marchés et à des travaux négociés en défaveur de l'Agence. Pour le rapport, une des principales défaillances au niveau des procédures d'achat est l'intervention restreinte de deux acteurs tout au long du cycle, à savoir le Directeur général et le Responsable administratif et financier. Il a été constaté l'absence de comités d'attribution, de dépouillement ou de réception des marchés.