Les hausses répétitives des prix des denrées de première nécessité inquiètent. Malgré les assurances du gouvernement, quant à une maîtrise de la spéculation, le panier de la ménagère ne cesse d’accuser les coûts. Les raisons sont aussi inexpliquées que l’est le silence à la fois des commerçants, notamment grossistes, interrogés, et du ministère de Commerce.
Que cachent les commerçants, particulièrement les grossistes ? Face au tollé et interrogations provoqués par la hausse des prix de la plupart des denrées de première nécessité (sucre, lait, riz, etc.), des marchands interpellés se sont emmurés dans un silence inexplicable. Comme cela est arrivé, hier, au marché Tilène de Dakar, où nous avons fait un tour. Comme s’ils s’étaient passés la consigne, plusieurs vendeurs en gros, ce sont des visages renfrognés qui ont accueilli toutes velléités à en avoir le cœur net sur les prix pratiqués et les raisons de certaines hausses subites.
«Mon frère, laissez-moi travailler, je ne suis pas là pour vous donner des informations sur les prix des marchandises. Vous pouvez aller ailleurs, si vous voulez en savoir plus», nous a sèchement fait comprendre un propriétaire de magasin tout en continuant ses activités. Chez son voisin immédiat, c’est carrément motus et bouche cousue. «Sène», comme l’ont appelé ses employés au moment de la notre visite, n’a même pas daigné nous adresse la parole, malgré toutes les astuces utilisées pour l’intéresser au sujet et le convaincre de piper un seul mot. M. Sène continue tout bonnement de donner des directives à ses agents pour qu’ils rangent les quelques sacs de riz ou cartons d’huile disposés ça et là.
Décidés à en savoir plus sur la flambée des prix de certains produits, nous nous sommes intéressés également aux détaillants. La réticence est également de mise chez ces derniers. Toutefois, l’un d’entre eux, qui n’a pas voulu révéler son identité, confirme qu’il y a pénurie du sucre. Il informe que celui-ci est, aujourd’hui, passé de 650 à 800 FCfa le kilogramme. Pour ce qui est du litre de l’huile, ce jeune détaillant, Mouhamadou Woury Diallo, confie qu’«il n’est plus à 1 000 FCfa, mais plutôt à 1 100 FCfa».
D’après une source du ministère du Commerce, le département est en train de mener des enquêtes pour savoir si ces hausses sont liées à la spéculation ou pas. «En principe, c’est le régime de la liberté des prix qui joue», précise-t-elle, expliquant que s’il y a une inflation sur le marché international, les importateurs ont tendance à la répercuter et donc toute la chaîne suit. C’est le cas, par exemple, du lait qui connait une hausse au niveau mondial. «D’ailleurs, souligne notre interlocuteur, la hausse du prix du lait aurait dû intervenir depuis longtemps, c’est parce que nous avions beaucoup de stocks que cela est intervenu maintenant.» Toutefois, il n’est pas exclu, poursuit notre source, que des commerces spéculent pour plusieurs raisons. «Les services du Commerce sont en train d’enquêter sur le terrain. Et d’ici quelques jours, nous aurons une idée de ce qui se passe et nous prendrons des mesures», indique-t-elle.
En tout cas, le constat est que les Sénégalais achètent leurs produits de consommation courants à des coûts de plus en plus importants. Certes, le président de la République, Abdoulaye Wade, a annoncé la baisse des prix des denrées de première nécessité d’ici à la fin 2010. Ne faudrait-il pas, d’abord, juguler ces hausses que les services nationaux du Commerce ont du mal à contenir ?
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