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Economie

RECAPITALISATION DE LA SAR - L'Etat se décide à raffiner sa part

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RECAPITALISATION DE LA SAR - L'Etat se décide à raffiner sa part

Avec une participation confidentielle de 10% dans le capital de la Société africaine de raffinage(Sar) depuis le 27 anvier 1964, date à laquelle le défunt poète président Senghor inaugurait l'entreprise, l'Etat sénégalais a toujours compris qu'il ne faisait pas le poids face à des majors qui détiennent de fait les clés d'un secteur hautement stratégique. Il aura fallu la "bérézina pétrolière" pour qu'il bande les muscles et envisage de renforcer sa présence dans le capital porter sa participation à 32-33%, tout en s'engageant à relancer les activités de la Sar, à l'issue d'une période transitoire de trois à cinq mois.

Elles comprennent vite les autorités, mais faut leur expliquer très longtemps, ou plutôt, faut qu'elles se cognent la tête pour se réveiller et prendre conscience que l'Etat ne peut pas rester aussi insignifiant qu'il l'est (10% de part (même pas la minorité bloquante)) dans le capital de la Société africaine de raffinage(Sar) et prétendre changer quoi que ce soit dans la donne qui consiste pour les majors à imposer leur diktat sur un secteur aussi stratégique que le pétrole. Le fait marquant dans ce contexte, c'est le quasi-blocage des activités de raffinage au niveau de la raffinerie, les actionnaires essentiellement Total et Shell "n'ayant pas respecté leurs engagements", selon le ministre de l'Energie et des mines, Me Madické Niang, qui s'exprimait ainsi hier mardi à Dakar, lors d'un forum hebdomadaire.

Certes, le gouvernement du Sénégal, après avoir maintes fois annoncé la reprise de la raffinerie, a encore une fois pris l'engagement de relancer les activités de la Sar, à l'issue d'une période transitoire de trois à cinq mois. Mais, ce non-respect des engagements évoqué par le ministre est justement lié à la structuration du capital de la Sar contrôlé majoritairement par Total (54% du capital) et Shell (30%) qui, il faut bien le dire, font ainsi la pluie et le beau temps dans le secteur.

Aussi, voici des années maintenant qu'ils s'assoient sur la nécessité de procéder à une extension des capacités de la raffinerie qui tourne autour de un million de tonnes. Des capacités plutôt saturées surtout que la Sir(Société ivoirienne de raffinage) concurrente en produit 4 millions.

Pour justifier ce "refus" d'investir dans l'outil, la Sar a toujours mis en avant la lourdeur des investissements nécessaires à l'extension et qui seraient de l'ordre de 20 milliards de FCfa. Avec un chiffre d'affaires de quelque 400 milliards de FCfa et des bénéfices de l'ordre d'une centaine de milliards de FCfa, ce ne sont pas 20 malheureux milliards qui feraient défaut à la Sar, même si, il faut bien le reconnaître, ce n'est pas si simple.

En réalité, les actionnaires majoritaires de la Sar ont toujours lorgné vers les perspectives relatives à la structure des prix dont ils pensent que l'évolution dans le cadre de la révision donnerait les moyens à la Sar pour pouvoir investir. Mieux, ils se sont souvent réfugiés derrière l'argument selon lequel la marge positive dégagée par l'activité industrielle est annihilée par les pertes résultant de l'activité commerciale. Pertes qui ont d'ailleurs fait l'objet récemment de monnaie d'échange face au gouvernement sénégalais à qui ils ont réclamé une compensation.

Toujours est-il que de guerre lasse et pour inverser la tendance, le gouvernement daigne se réveiller et procéder à une redistribution des cartes au niveau de la Sar où il compte accroître sa participation dans le capital pour passer des 10% actuellement à 32 voir 33%, ainsi que l'a annoncé le ministre de tutelle. L'idée générale, en guise de perspective, est d'ouvrir le capital de la Sar avec l'arrivée des pays de la sous-région, et de nouveaux actionnaires privés, pour permettre ainsi à la raffinerie de "capter le maximum de revenus et disposer d'argent frais".

Le seul raffinage…?

Autre perspective envisagée, la limitation de la Sar au segment exclusif du raffinage. À priori, l'idée est pertinente notamment en considérant, pour le cas de la Sar, qu'elle importe plus (200 milliards de FCfa) de produit fini qu'elle ne raffine, en réalité. Mais comme nous le disions plus haut, ce n'est pas si simple et il n'est pas sûr qu'en se limitant strictement à l'activité de raffinage, la Sar puisse dégager suffisamment de marges pour rester pérenne. Il se pose ainsi un problème rentabilité.

Il est vrai qu'au plan international, la faiblesse des investissements dans de nouvelles unités de production s'explique en partie par les faibles marges qui ont longtemps résulté de l'activité de raffinage. Aux Etats-Unis, le retour sur investissement pour l'industrie du raffinage a été de 5,5% entre 1993 et 2002, contre 12,7% pour les autres industries. Pour faire face à cette situation, l'industrie du raffinage s'est profondément restructurée : les unités les plus petites et les moins rentables ont été fermées, et on a assisté à une forte concentration des activités de raffinage : aux Etats-Unis, le nombre de raffineries est passé de 325 en 1981 à 148 aujourd'hui, tandis que les parts de marché des 5 plus grandes compagnies de raffinage sont passées d'un tiers à la moitié.
Pour un pays consommateur comme le Sénégal, la question sera sans doute à revoir avec toutes les parties prenantes.

Toujours est-il que de la libéralisation du secteur consacrée depuis avril 1998, contrairement à ce que prétend le ministre de tutelle, il ne s'agit pas de jeter le bébé avec l'eau du bain, mais bien d'assouplir les dispositions relatives à la loi tout en adaptant celle-ci au contexte actuel mais surtout, d'appliquer les mesures de manière impartiale pour permettre à tous les acteurs de jouer leur partition, mais pas à certains d'entre eux de se complaire dans des monopoles de fait.



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