Retard sur les salaires des travailleurs des Ics : Les miniers laissent éclater leur colère

Les travailleurs des Industries chimiques du Sénégal (Ics) sont à bout de souffle. A l'origine, les retards sur les salaires du mois de février dernier. Des retards qui ont provoqué hier des manifestations organisées par les travailleurs du département Mine. Cependant, leurs collègues du département Chimie leur ont tourné le dos même s'ils leur ont manifesté leur solidarité.

Les travailleurs des Industries chimiques du Sénégal (Ics), plus précisément ceux du département Mine, ont manifesté, hier, leur colère face aux retards que ne cessent d'accuser leurs salaires depuis quelques temps. Des retards consécutifs aux difficultés financières auxquelles sont confrontées les Ics depuis quinze mois.

Les miniers s'offusquent de ne recevoir leurs salaires qu'entre le 15 et le 20 de chaque mois. Cette situation qu'ils disent tenter de gérer tant bien que mal est, de leur avis, en train de s'accentuer en cette période de Magal et de Gamou par le fait qu'ils sont dans l'impossibilité de récupérer les épargnes qu'ils avaient souscrites en vue de ces manifestions religieuses. Aussi, pour attirer l'attention des autorités de l'entreprise sur de tels faits qui, s'ils perdurent, risquent d'être préjudiciables à tous, ils ont observé, hier, un sit-in devant la direction générale des Industries chimiques du Sénégal. Au terme de ce sit-in, les miniers ont improvisé une marche pour aller à la rencontre de leurs collègues du département Chimie. Là-bas, bien que se disant solidaires du mouvement d'humeur de leurs camarades, les chimistes refuseront de les suivre sur le terrain, arguant du fait qu'un arrêt des installations risque d'engendrer des incidents très graves dans le fonctionnement de l'entreprise. Car, disent-ils, une fois arrêtées, les installations ne pourront redémarrer que dans une quinzaine de jours. Toutefois, dans le cadre de ces revendications qui leur sont communes, ils se sont donné rendez-vous demain afin d'engager des discussions avec la direction.

Cette sortie est la deuxième du genre effectuée par les miniers en moins de deux semaines. En effet, le 27 février dernier, le collectif des délégués des travailleurs de la mine s'était réuni pour décrier l'attitude de la direction de l'entreprise face aux difficultés de fonctionnement relatives aux institutions sociales que sont l'Institut de prévoyance maladie, la Coopérative de consommation, la Caisse de solidarité, la sécurité sociale et l'épargne, entre autres. Ces difficultés, avaient-ils dit, mettent les travailleurs dans une situation inconfortable. Ainsi, ils s'étaient interrogés sur ce qu'est devenue la solidarité en entreprise. Ceci d'autant plus que pendant qu'ils moisissent dans la galère la plus totale, la direction continue à accorder des remboursements de carburant aux cadres de l'entreprise.

Face à toutes ces difficultés, le collège des délégués avait exhorté la direction générale à faire prévaloir l'éthique et l'équité dans la manière de diligenter les problèmes sociaux afin d'éviter les frustrations qui ne seront que de nature à déchirer le tissu social. Le collectif des délégués s'était aussi demandé si les 10 milliards de francs promis par l'Etat pour renflouer les caisses, sont bien arrivés car, souligne-t-il, jusqu'à présent, et même s'ils étaient arrivés, leur effet ne s'est pas encore fait sentir. Sinon, ont-ils dit, rien ne peut expliquer l'arrêt de certaines installations par manque de gasoil.